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OCHA : reprise de l'aide humanitaire dans les camps de déplacés en Ituri

OCHA : reprise de l'aide humanitaire dans les camps de déplacés en Ituri

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Le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU en République démocratique du Congo a annoncé la reprise de ses activités en Ituri, suspendue à la suite de l'attaque meurtrière perpétrée par des miliciens contre des Casques Bleus. Il prévient cependant que la situation reste tendue dans la région et que le risque qu'une aide vitale apportée à plus de 88 000 personnes déplacées soit interrompue à nouveau est bien réel.

« Plus de 88.000 personnes déplacées récemment reçoivent maintenant une aide en Ituri après la reprise cette semaine des activités humanitaires dans les camps de déplacés », annonce un communiqué du Bureau des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU publié aujourd'hui à New York.

« Cependant la situation reste tendue et le personnel humanitaire n'exclut pas une nouvelle interruption de ses activités », prévient OCHA.

« Lundi dernier, les travailleurs humanitaires s'étaient rendu de nouveau à Gina (carte des villages de la RDC), au nord de la ville de Bunia, en Ituri, pour évaluer la situation des personnes cherchant un abri et planifier leur retour dans la région », explique le communiqué, qui ajoute que « le week-end dernier, l'aide humanitaire avait pu reprendre dans les camps de la région de Tché, au nord de Bunia, après une amélioration de la sécurité sur la route ».

« Le taux de mortalité dans les camps est de nouveau redescendu », a pu confirmer Modibo Traore, le chef du Bureau d'OCHA à Bunia. « Cependant, la situation reste très tendue dans la région et le risque qu'une aide vitale soit interrompue une fois de plus est réel », a-t-il prévenu.

Le nombre de personnes déplacées a augmenté récemment, passant de 70 000 personnes à 88 000 personnes au cours des deux dernières semaines, et plus particulièrement dans la région de Gina où le nombre de personnes cherchant un abri a littéralement doublé au cours des 10 derniers jours, précise la Coordination humanitaire de l'ONU.

« Il y a probablement d'autres personnes qui restent cachées dans les forêts », a rappelé Modibo Traore. « Nous recevons des informations faisant état de personnes qui sont malades ou blessées mais qui ont trop peur de venir se faire soigner. Et les humanitaires ne peuvent aider que ceux qui peuvent atteindre les zones sûres ».

OCHA prévoit au cours des deux prochains jours une mission à Tché et Kakwa pour évaluer la situation humanitaire et tenter de négocier un accès continu aux personnes récemment déplacées.

Depuis le 12 décembre dernier, lorsque les combats ont éclaté entre deux groupes de milices dans le territoire de Djugu, plus de 88 000 personnes ont dû fuir leurs habitations.

Pour des raisons sécuritaires et suite à l'attaque meurtrière perpétrée par des miliciens contre des militaires de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) au cours d'une mission, les Humanitaires avaient du suspendre, le 7 mars dernier, leur aide à plus de 40.000 personnes dans la zone de Tché et de Kakwa.

A Gina, il avait été décidé le 28 février dernier la suspension de l'aide à plus de 14 000 personnes après que des éléments armés avaient menacé des agents humanitaires au cours d'une opération de distribution de vivres (voir le « flash hebdo humanitaire » daté du 7 mars 2005 sur le site de la MONUC).

Le Secrétaire général de l'ONU et la MONUC avaient condamné le 25 février dernier l'embuscade qui avait causé la mort de neuf casques bleus en mission pour désarmer les milices qui terrorisent les populations de l'Ituri (voir notre dépêche du 25 février 2005).

La Coordination humanitaire de l'ONU avait annoncé le 11 février dernier l'arrivée de secours d'urgence dans la zone de Tché pour venir en aide à quelque 10 000 personnes qui cherchaient à fuir après l'attaque menée par une milice Lendu, qui avait fait plus de 50 morts parmi la population civile de l'ethnie Hema (voir notre dépêche du 11 février 2005).

L'attaque de Tché ne constituait que l'une des nombreuses crises qui s'étaient développées en Ituri depuis le début de l'année provoquant toujours plus de nouveaux déplacements de population.

Les affrontements entre ethnies Lendu et Hema ont fait plus de 50 000 morts dans le district de l'Ituri depuis 1999.