La Bosnie-Herzégovine se dote d'un tribunal pour juger les crimes de guerre
Le Président du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ( TPIY ) a salué aujourd'hui à Sarajevo la création de la Chambre pour les crimes de guerre du Tribunal d'Etat de Bosnie-Herzégovine, « comme un progrès fondamental pour le développement de l'Etat de droit » dans le pays.
Cette juridiction nationale, ouverte grâce au soutien de la communauté internationale et de l'insistance du Conseil de sécurité, permettra de montrer que « justice est rendue », ainsi que de « promouvoir la réconciliation entre les communautés de Bosnie-Herzégovine et de permettre aux familles des victimes de la guerre de faire leur deuil », a précisé Theodor Meron.
Ce dernier a précisé que les jugements dans les procès relatifs à des crimes de guerre avaient toujours une résonance plus grande lorsqu'ils étaient menés à proximité des lieux où ils avaient été commis.
Le Président du TPIY a souligné par ailleurs que la nouvelle chambre pourrait profiter du « corps impressionnant de jurisprudence fourni par le Tribunal international », et qu'entre ce dernier et les affaires en cours dans l'ex-Yougoslavie, il était impératif de s'assurer qu'aucun des principaux auteurs de crime de guerre ne profitait des failles pour bénéficier de l'impunité.
« Laissez-moi réitérer clairement et fermement que le TPIY ne fermera pas avant que [l'ex-leader serbe] Radovan Karadzic, [l'ex-chef de l'armée bosniaque serbe] Ratko Mladic et [l'ex-dirigeant croate] Ante Gotovina ne soient jugés », a-t-il affirmé.
Pour sa part, le Procureur du TPIY a rappelé que des milliers d'auteurs de crimes de guerre devaient encore être traduits en justice et que le TPIY n'avait pas été conçu pour les juger tous.
Il a aussi prévenu les juges du Tribunal d'Etat de Bosnie-Herzégovine qu'ils devraient travailler dans un environnement où le public n'était intéressé que par les auteurs de crimes ou par ceux suspectés de l'être, et par la « vérité » politique et non juridique.
« Je suis bien plus préoccupé par les victimes de ces crimes de guerre et par leurs familles », a-t-il souligné, engageant les juges à donner la priorité, dans le processus judiciaire, aux victimes.