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Iran : les femmes confrontées à la violence psychologique, sexuelle et physique

Iran : les femmes confrontées à la violence psychologique, sexuelle et physique

Difficultés pour obtenir le divorce, obstacles dans l'accès à la justice, arrestations arbitraires, tortures, mauvais traitements, les femmes en Iran sont confrontées, selon la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes, à la violence psychologique, sexuelle et physique à la fois au sein de la famille et au sein de la communauté.

Après effectué une visite en Iran du 29 janvier au 6 février 2005, la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes, Yakin Ertürk, a indiqué, dans une déclaration rendue publique le 8 février dernier, que les femmes étaient confrontées, au sein de la famille, à la violence psychologique, sexuelle et physique et que les lois existantes ne suffisaient pas à assurer la protection nécessaire aux victimes de la violence domestique.

« Des procédures judiciaires longues et coûteuses ainsi que la crainte de la stigmatisation dissuadent souvent les femmes de faire valoir leurs droits. Les difficultés à obtenir le divorce et la garde des enfants s'ajoutent aux épreuves que doivent surmonter les femmes », a expliqué Yakin Ertürk.

« Ces situations ont de graves conséquences sur la santé physique et mentale des femmes. Certaines ont trouvé dans le suicide la seule issue, dans certains cas, elles ont tué leur mari ou d'autres membres de la famille qui leur infligeaient des violences », a-t-elle ajouté.

Selon la Rapporteure spéciale, les femmes sont également confrontées à la violence au sein de la communauté.

« Des informations font état d'un trafic de femmes iraniennes et en particulier de fillettes vers les pays du Golfe », a indiqué Yakin Ertürk qui espère que la loi contre le trafic des êtres humains permettra de protéger effectivement les droits de la victime.

La Rapporteure a également attiré l'attention sur le fait que les victimes de viol se heurtent à de nombreux obstacles en matière d'accès à la justice. « En raison des règles existantes, si le viol ne peut pas être prouvé, une femme peut être punie pour relations illégitimes. En outre, une femme qui tue son violeur en état de légitime défense peut être condamnée à mort », a expliqué Yakin Ertürk.

En ce qui concerne la violence perpétrée ou tolérée par l'État, la Rapporteuse spéciale se dit gravement préoccupée par les arrestations arbitraires, la torture et les mauvais traitements, ainsi que par la détention prolongée en isolement qui sont utilisés en violation des dispositions de la Constitution iranienne et du droit international.

« Des personnes auraient également été détenues au secret durant la phase d'enquête, sans avoir accès à un conseil juridique, et ce, y compris durant les interrogatoires et au moment de faire des aveux », a-t-elle indiqué.

Yakin Ertürk se dit en outre troublée par la pratique largement répandue des arrestations motivées par l'opinion politique ou le délit moral. « Cette pratique frappe notamment des femmes défenseurs des droits de l'homme et serait le fait de forces et organes quasi-officiels opérant en parallèle aux institutions officielles ».