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Divergences parmi les Etats membres sur les recommandations du rapport du Groupe de haut niveau

Divergences parmi les Etats membres sur les recommandations du rapport du Groupe de haut niveau

L'Assemblée générale en session
Les consultations en cours sur le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau montrent qu'il existe de nombreuses divergences au sein des Etats Membres sur les recommandations pour mieux répondre aux nouvelles menaces. La réforme du Conseil de sécurité, l'usage de la force, le terrorisme, la « responsabilité de protéger » et la question du développement sont au cœur des débats.

A l'issue de réunions officieuses entamées le 27 janvier dernier à l'Assemblée générale et consacrées à l'échange de vues sur le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, intitulé « Un monde plus sûr », Jean Ping, Président de l'Assemblée générale, a fait observer que si plusieurs intervenants avaient trouvé pertinentes les conclusions du rapport en faveur de la sécurité collective, d'autres avaient souligné que certaines recommandations auraient mérité une analyse plus approfondie.

Ainsi, plusieurs orateurs ont déploré que le rapport, bien que reconnaissant la place centrale du développement dans la sécurité collective, n'ait pas examiné plus amplement cette question et qu'il tende à ne la présenter que sous un angle sécuritaire jugé trop étroit.

Par ailleurs, certaines délégations ont souligné que l'idée de prendre en compte les catastrophes naturelles comme l'une des menaces majeures avait été émise, indique Jean Ping dans son compte-rendu.

Plusieurs délégations ont rappelé que « le multilatéralisme » constituait le principal enjeu du processus de réformes.

Quant au concept de « responsabilité de protéger », il a également suscité beaucoup de commentaires. Pour les uns, il constitue une norme émergente du droit international. D'autres, en revanche, mettent en garde contre les risques que ce concept pourrait faire peser sur les principes de souveraineté, d'intégrité territoriale, et de non ingérence contenus dans la Charte.

Selon un grand nombre d'intervenants, la question du terrorisme doit être traitée de façon globale, notamment sous un angle culturel, indique le Président de l'Assemblée générale.

Tout en reconnaissant la menace que les armes de destruction massive posent à la paix et à la sécurité internationales, plusieurs délégations ont déploré que le rapport ait plus mis l'accent sur la prolifération au détriment du désarmement.

La question de l'usage de la force demeure également controversée, selon Jean Ping.

La recommandation sur la création d'une Commission de consolidation de la paix a été d'une manière générale bien accueillie. Cependant, la proposition de l'établir comme un organe du Conseil de sécurité a suscité des divergences.

La recommandation visant l'universalisation de la Commission des droits de l'homme a été accueillie avec une certaine réserve. Plusieurs délégations ne craignent notamment qu'elle ne fasse double emploi avec la troisième Commission de l'Assemblée générale.

A propos de la réforme des institutions des Nations Unies, un grand nombre d'intervenants ont souligné que la réforme du Conseil de sécurité constituait l'une des questions les plus importantes sur lesquelles les Etats Membres auront à se prononcer. Mais si un consensus semble se dégager sur la nécessité de réformer le Conseil afin qu'il devienne plus représentatif, plus efficace et plus transparent, les vues exprimées sur les deux modèles A et B, proposés par le rapport, traduisent les divergences d'approche persistantes sur cette question.

Plusieurs intervenants ont aussi rappelé que la réforme du Conseil de sécurité ne devrait pas uniquement porter sur la question de l'élargissement, mais aussi sur celle, toute aussi importante, de l'amélioration de ses méthodes de travail et mécanismes de décision.

Certains Etats Membres se sont déclarés préoccupés de ce que l'accent mis sur le Conseil de sécurité n'altère davantage encore le rôle et l'autorité de l'Assemblée générale en tant que principal organe de délibération de l'ONU.

Plusieurs délégations ont par ailleurs déploré que le rapport n'ait pas proposé de recommandations spécifiques visant la réforme de l'Assemblée, ni celle du Conseil économique et social. (ECOSOC).

Enfin, plusieurs intervenants ont affirmé que les consultations ne devaient pas être limitées aux seules recommandations contenues dans le rapport du Groupe de personnalités mais qu'elles constituaient avec le rapport du Projet du Millénaire l'une des contributions au processus préparatoire du Sommet sur la mise en œuvres des objectifs du Millénaire en septembre prochain à New York.

S'inspirant de ces deux rapports et prenant en compte les suggestions des Etats Membres au cours de leurs consultations, le Secrétaire général élaborera son propre rapport qu'il rendra public au mois de mars.