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Un système d'alerte mondial pour toutes les catastrophes naturelles, suggère Kofi Annan

Un système d'alerte mondial pour toutes les catastrophes naturelles, suggère Kofi Annan

Kofi Annan
Kofi Annan, qui a proposé aujourd'hui à la Conférence de Maurice un « système d'alerte mondial pour toutes les catastrophes naturelles », a annoncé la présentation le 17 janvier du rapport du « Projet pour le Millénaire », document clé pour le Sommet de septembre 2005 sur la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.

La tragédie du 26 décembre a montré, une fois de plus, « la nécessité d'établir un système d'alerte et de prévention », « un système d'alerte mondial qui couvrirait non seulement les tsunamis mais aussi tous les autres phénomènes dangereux, telles que les ondes de tempêtes et les cyclones », a déclaré le Secrétaire général dans une allocution prononcée lors de la Conférence internationale sur les petits Etats insulaires en développement qui se tient en ce moment à l'île Maurice.

« Aucune partie du monde ne doit être ignorée. Nous devons penser globalement et envisager des mesures à la hauteur des risques », a-t-il insisté ajoutant que « nous devrions aussi nous tenir prêts à prendre des mesures décisives face au changement climatique ».

« Il n'est plus très difficile d'imaginer ce que pourraient être les effets de l'élévation du niveau de la mer qui, selon les plus grands scientifiques, accompagnera le réchauffement de la planète », a fait remarquer Kofi Annan, à un mois de l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, qui impose à 38 pays industriels de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, responsables en partie du changement climatique.

Le Secrétaire général a rappelé qu'il avait visité « certains des endroits les plus durement touchés » par le tsunami, qu'il avait rencontré « des familles déplacées », écouté « des histoires d'une tristesse inimaginable » et vu « du personnel humanitaire travailler jour et nuit pour apporter de l'aide ».

« Nous, êtres humains, restons encore très humbles face au pouvoir de la nature qui peut modifier, en un instant, nos vies », a-t-il déclaré ajoutant que sa visite dans la région lui avait aussi montré « un élément que la nature ne pouvait pas éteindre : la volonté humaine, et dans ce cas la détermination à reconstruire et, plus stimulant encore, à associer ses efforts pour ce faire ».

« Les événements des 18 derniers jours ont aussi montré de manière poignante les défis que les petits Etats insulaires en développement doivent affronter », a déclaré le Secrétaire général.

« S'élevant à peine au dessus du niveau de la mer, loin des marchés mondiaux, beaucoup de petits Etats insulaires vivent en marge de la communauté mondiale. La survie de certains états est carrément compromise », a prévenu le Secrétaire général rappelant que « la mise en œuvre de ce qui avait été convenu et promis à la Barbade avait été au mieux décevante ».

Un programme de soutien aux petites îles en développement avait été adopté en 1994 aux îles de la Barbade. La Conférence internationale sur les petits Etats insulaires de Maurice, à laquelle participent 110 pays, doit se conclure vendredi par l'adoption d'un nouveau texte pour le développement des petites îles.

Ce « groupe varié » doit affronter « les mêmes menaces », non seulement les catastrophes naturelles, les conséquences du changement climatique mais aussi l'isolement des marchés de la mondialisation, les coûts élevés de l'énergie et des transports, plus récemment encore, la propagation du VIH/sida et la menace du terrorisme.

L'interconnexion des Etats, des menaces, du développement et de la sécurité est l'un des message clés du « Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau », rendu public en novembre dernier, a poursuivi Kofi Annan soulignant que le Groupe avait produit « une vision nouvelle et intelligente de la sécurité collective » qui mettait l'accent sur la prévention.

Le rapport montre « les défis du développement tels que la lutte contre l'extrême pauvreté, le changement climatique et la propagation des maladies infectieuses comme le sida et le paludisme sont indispensables à notre sécurité collective », souligne « les conséquences désastreuses du terrorisme, des conflits et du crime organisé sur le développement » et donne « une série de recommandations pour réaliser des réformes significatives de notre système multilatéral y compris celui des Nations Unies », a-t-il rappelé Kofi Annan.

« Le fardeau repose maintenant sur les Etats Membres », a prévenu le Secrétaire général.

Kofi Annan a par ailleurs annoncé la présentation lundi prochain à New York d'un autre grand rapport, le rapport du « Projet pour le Millénaire », qui sera la base du Sommet du mois de septembre 2005 sur la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire. « Ce rapport explique « comment nous pouvons atteindre les Objectifs du Millénaire d'ici à 2015 », souligne « l'importance d'un investissement à l'échelle mondiale » et appelle « à une série d'actions au niveau international et au niveau national sur l'aide publique, la suppression de la dette, le commerce, la science et la technologie ».

Le Secrétaire général a par ailleurs rappelé qu'il allait s'inspirer de ces deux rapports clefs pour élaborer son propre rapport sur la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire qui sera rendu public en mars et qui, espère-t-il, aidera à prendre des décisions en septembre prochain.

« Riches et pauvres, faibles et forts, citoyens des grandes puissances ou de minuscules atolls, nous sommes tous reliés par des fils qui tissent une toile d'opportunités à saisir et de dangers à combattre », a-t-il conclu.