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Abus sexuels et casques bleus : l'ONU annonce de nouvelles mesures

Abus sexuels et casques bleus : l'ONU annonce de nouvelles mesures

Face aux allégations d'exploitation et d'abus sexuels en République démocratique du Congo (RDC) exposés dans un récent rapport du Bureau des services de contrôle interne, deux hauts responsables de l'ONU ont exprimé aujourd'hui leur « colère et indignation » et rendu compte des mesures prises pour traiter le problème, annonçant notamment l'envoi d'une équipe pour mener une enquête plus approfondie.

Qualifiant d'« inexcusables et d'horribles » les actes présumés d'exploitation et d'abus sexuels auxquels se seraient livrés des membres civils et militaires de la MONUC, William Swing, Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), accompagné de Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, ont fait part aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, au Siège de l'ONU, à New York, des nouvelles initiatives prises par l'ONU pour lutter contre ce problème.

Aux côtés de l'équipe du Bureau des services de contrôle interne, qui continue d'enquêter sur les allégations et qui vient de publier un nouveau rapport, une équipe d'enquête spéciale, composée de hauts fonctionnaires de l'ONU, a été dépêchée sur place pour une période de deux mois, a indiqué William Swing.

Le Chef de la MONUC a aussi exprimé son intention d'examiner avec soin les recommandations du Conseiller spécial du Secrétaire général sur la question et également Représentant de la Jordanie auprès des Nations Unies, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, qui est revenu du terrain « assez pessimiste ».

Après avoir exprimé sa colère et le sentiment que certains éléments de l'ONU avaient trahi la confiance des Congolais et écorné l'image de l'Organisation, Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a estimé que la priorité était de s'assurer que les pays contributeurs de troupes prennent les mesures qui s'imposent pour faire suite aux enquêtes.

A cet égard, il a rejeté toute approche consistant à jeter l'opprobre sur les pays contributeurs. « Le problème n'est pas le pays mais bien la discipline inculquée aux unités par leur commandant », a souligné Jean-Marie Guéhenno prônant la coopération pour mettre en place un système transparent qui garantisse la tenue de procès dans les pays contributeurs de troupes.

Pour ce faire, a-t-il précisé, un travail doit être fait au niveau des juridictions militaires, mais aussi plus en amont, et comme l'a proposé William Lacy Swing, au niveau des mémorandums d'accord et des relations entre l'ONU et les pays contributeurs de troupes pendant la phase précédant le déploiement. Il s'agira aussi de clarifier, sur le terrain, les relations entre la composante police civile et la composante militaire d'une mission, a-t-il précisé.

Le Secrétaire général adjoint a reconnu par ailleurs que les règles en vigueur au sein des Nations Unies n'étaient pas adaptées à un contexte de grande misère où les faveurs sexuelles accordées à un « personnel nanti » peuvent constituer le seul moyen de subsistance. Jean-Marie Guéhenno a exprimé l'intention de saisir le Comité spécial des opérations de maintien de la paix qui doit se réunir à partir du 31 janvier prochain.

En attendant, le Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo a annoncé la décision de créer au sein de la MONUC une unité de huit personnes chargée de surveiller l'application du Code de conduite du personnel de l'ONU, à l'instar des structures existantes au Burundi, en Côte d'Ivoire et en Haïti.

imageRetransmission de la conférence de presse [62mins]