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Assemblée générale : un bilan de la 59ème session en prélude à la réforme attendue

Assemblée générale : un bilan de la 59ème session en prélude à la réforme attendue

L'Assemblée générale
Étape charnière avant le Sommet de 2005 qui marquera en septembre prochain le 60e anniversaire de l'ONU ainsi que l'examen quinquennal de la Déclaration du Millénaire, un bilan des travaux de la 59ème session de l'Assemblée générale met en lumière la place consacrée à la « nécessaire réforme de l'Organisation » ainsi qu'à la mise en œuvre des objectifs de développement, dont la lenteur des progrès a été unanimement déplorée.

« L'ovation inédite faite au Secrétaire général des Nations Unies le 8 décembre dernier, lors de la présentation aux délégations du rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, témoigne des espoirs que fonde la communauté internationale dans un 'nouveau souffle' qui l'aiderait à se débarrasser collectivement des fléaux du VIH/sida, des génocides et du terrorisme », indique un communiqué de presse rendu public jeudi 30 décembre 2004, qui présente une synthèse des travaux de la 59e Session.

Alertant sur l'état de droit en « péril aux quatre coins du monde », à l'inauguration du débat général, le 21 septembre 2004, Kofi Annan avait souligné le 8 décembre dernier que l'ONU « doit évoluer – peut-être même de façon radicale - si elle veut répondre aux difficultés à venir », estimant que « si nous n'agissons pas résolument et collectivement, les menaces décrites dans le rapport pourraient avoir raison de nous ».

En prélude à la réflexion et aux échanges qui présideront à la phase de préparation du Sommet de 2005 à New York, c'est sur ces questions notamment que s'est penché le débat général de la 59ème session, « au cours duquel se sont exprimés 190 pays, dont 81 l'étaient au niveau de chef d'État et de gouvernement, souligne la synthèse du département des Communiqués de presse de l'ONU, qui assure le compte-rendu des séances de l'Assemblée générale réunie en session plénière mais aussi de ses six commissions spécialisées.

Dans le domaine des catastrophes naturelles, qui a pris une urgence particulièrement évidente avec le tsunami qui a ravagé le 26 décembre l'Asie du Sud, faisant littéralement disparaître une partie de l'archipel des Maldives et modifiant le paysage côtier de Sumatra, même si ce phénomène d'origine sismique n'est pas influencé par les modifications climatiques d'origine humaine, l'Assemblée générale s'est penchée sur les deux rendez-vous internationaux du mois de janvier 2005.

D'une part, l'Assemblée générale a réclamé « la représentation et la participation des États Membres […] au niveau le plus élevé possible » à la prochaine Conférence internationale sur les petits Etats insulaires de Maurice qui se tiendra du 10 au 14 janvier 2005.

D'autre part, elle a demandé à la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles qui aura lieu à Kobe (Japon), du 18 au 22 janvier, d'achever l'examen de la Stratégie de Yokohama et de son plan d'action afin de mettre à jour le cadre directif sur la prévention des catastrophes pour le XXIème siècle.

« Profondément préoccupée par l'ampleur et le nombre des catastrophes naturelles, aux conséquences de plus en plus graves à tous les niveaux, l'Assemblée générale a souligné que la coopération et la coordination sont indispensables pour établir effectivement des systèmes d'alerte rapide », rappelle le communiqué.

Kofi Annan a annoncé le 2 janvier 2005 qu'il participerait à la Conférence de Maurice, après avoir lancé son Appel humanitaire pour les victimes du tsunami, à Jakarta, en Indonésie, le 6 janvier prochain.

Dans le domaine social, la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, s'est heurtée notamment à la question de savoir comment « trouver une solution à la question de la dette et réformer l'architecture financière internationale ».

« Les conditionnalités et exigences que l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), placée sous la tutelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), posent aux pays pauvres endettés, ont été largement jugés « contraires aux engagements pris par l'ensemble des États Membres en vue de faciliter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)' », rapporte le communiqué.

Surtout, il est apparu « qu'au rythme actuel de mise en œuvre des programmes, le nombre de pauvres ne sera pas réduit de moitié avant 2147 », ce qui est loin de l'objectif fixé pour 2015.

« Intervenant le 9 novembre devant la Deuxième Commission, le Conseiller spécial du Secrétaire général sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, Jeffrey Sachs, a indiqué qu'il présenterait au Secrétaire général un rapport sur cette importante question, en janvier 2005 », indique le communiqué.

Quant au volet de la sécurité mondiale, les travaux de la Première Commission, chargée des questions de désarmement, ont fait ressortir des « dissensions accrues face aux menaces de prolifération ».

Ainsi, une résolution sur « l'accélération de la mise en œuvre des engagements en matière de désarmement nucléaire » a été adoptée par une majorité de trois-quart, en dépit de l'opposition notamment de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis et d'Israël qui ont regretté que le texte ne mentionne pas les progrès accomplis en matière de désarmement nucléaire.

De même, 43 pays ont voté contre une résolution sur le désarmement nucléaire, qui réclame en particulier « la levée immédiate de l'état d'alerte de leurs armes nucléaires, la réduction progressive de la menace nucléaire et l'adoption de mesures efficaces de désarmement ». Ce texte invite aussi les Etats qui disposent d'armes nucléaires à ouvrir immédiatement, à la Conférence du désarmement, des négociations sur un traité multilatéral interdisant la production de matières fissiles.

En outre, la lutte contre le terrorisme, chantier de la Sixième Commission chargée des questions juridiques, a connu des progrès grâce à « l'avancement des travaux concernant deux projets de convention relatifs au terrorisme ». A cet égard, le rapport sur les menaces, les défis et le changement avait été notamment été salué pour être parvenu à mettre au point une définition largement acceptable de la notion de terrorisme.

L'Assemblée générale estime en cette matière jouer un rôle de catalyseur, « dans la mesure où cette lutte ne peut être efficace que si elle est universelle ».

« Il n'est pas nécessaire de restreindre la liberté pour augmenter la sécurité », a rappelé en écho, à cette question, la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, qui s'est aussi penchée sur la recherche d'un équilibre entre « stratégie de sécurité dans le cadre de la lutte antiterroriste et protection des droits humains ».

« Au contraire, a-t-elle insisté, les restrictions à la liberté et à l'état de droit menacent la sécurité elle-même en aggravant les tensions, les frustrations et les inégalités et en nourrissant les conflits ».

Elle a par ailleurs « rappelé aux gouvernements leurs obligations au regard de l'imprescriptibilité, en tous lieux et en toutes circonstances, de la pratique de la torture et autres traitements inhumains, des principes d'une bonne administration de la justice, de la démocratie et de la primauté du droit ».

Elle a aussi « alerté aux risques inhérents à l'apparition de nouvelles formes de discrimination raciale et de xénophobie, visant, au-delà des cibles traditionnelles, les immigrés, les réfugiés et les non nationaux » ainsi que sur la montée des tensions ethniques et religieuses, en particulier de l'islamophobie et de l'antisémitisme.

Enfin, trouvant une issue de compromis à une question qui avait bloqué ses travaux l'an passé, l'Assemblée générale, sur recommandation de la Sixième Commission, a décidé de constituer un groupe de travail chargé de mettre au point le texte d'une Déclaration des Nations Unies sur le clonage, qui se réunira en février 2005, ceci afin d'éviter une division et donc un vote sur les projets de résolution présentés en vue de préparer un projet de convention internationale sur le clonage.

« Elle a invité solennellement les États Membres à interdire toute tentative de créer la vie humaine par clonage et à adopter ou appliquer une législation nationale à cet effet », indique le communiqué.