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Dépasser le maintien de la paix au Soudan, propose Jan Pronk

Dépasser le maintien de la paix au Soudan, propose Jan Pronk

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Optimiste quant à l'issue des négociations de paix Nord/Sud à Nairobi, qui doivent aboutir à un accord global pour le Soudan, le Représentant spécial a aujourd'hui exposé les plans d'une mission complète de l'ONU dans le pays, éclairant par ailleurs le regain des tensions après la signature des accords du 19 novembre 2004.

« Vous êtes peut-être sceptiques » a-t-il affirmé, « mais [les parties aux négociations de Nairobi] vont y arriver » et c'est pourquoi nous allons préparer le déploiement de notre mission complète, dans tout le pays, après que le Conseil de sécurité aura donné mandat, a déclaré aujourd'hui le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Jan Pronk, lors d'une conférence qui s'est tenue au Siège de l'ONU à New York

Jan Pronk a réitéré sa condamnation du meurtre de deux travailleurs humanitaire hier au Darfour, indiquant que les auteurs pourraient appartenir à l'Armée de libération du Soudan (SLA), et qu'en toute hypothèse, même s'il ne s'agissait pas d'un crime prémédité, les chefs des groupes rebelles devaient savoir qu'ils seraient tenus pour responsables de ces actes (voir notre dépêche du 13 décembre 2004).

Selon le Représentant spécial, la dernière résolution du Conseil de sécurité de Nairobi sur les accords Nord/Sud a été interprétée par les rebelles et le Gouvernement comme étant en retrait par rapport aux positions antérieures, ce qui les a poussé à renforcer leurs positions.

Quant à l'ALS, estimant qu'elle « n'obtenait pas de répondant politique », elle a décidé littéralement « de combattre pour parvenir à la table des négociations », ce qui a conduit aux interventions à Tawila (voir notre dépêche du 26 novembre 2004) notamment et aux représailles du Gouvernement et pour « protéger la population » autour d'El Fasher.

Ces derniers ont finalement été convaincus, notamment grâce à l'Union africaine, de participer aux négociations de la semaine dernière « d'Abuja III ». Il existe donc « certains progrès » dans les discussions politiques (voir notre dépêche du 9 décembre 2004 et du 6 décembre 2004).

En toute hypothèse, a estimé Jan Pronk, il n'y aura pas d'accord au Darfour sans un accord entre le Nord et le Sud, qui se poursuivent à Nairobi au plus haut niveau (voir notre dépêche du 8 décembre 2004).

« Les chances sont positives », a-t-il indiqué, précisant que la discussion achoppait sur les modalités de financement de l'armée et sa taille.

Pour l'instant, a-t-il précisé, il est important de laisser les parties négocier seules afin qu'elle puissent aller au bout des promesses faites lors de la séance exceptionnelle du Conseil de sécurité à Nairobi (voir notre dépêche du 19 novembre 2004).

Interrogé sur le lien entre les négociations Nord/Sud au Soudan et la situation au Darfour, Jan Pronk a indiqué qu'il fallait des négociations politiques entre des mouvements rebelles qui n'ont que peu d'expérience en matière de négociation, qui sont jeunes et qui ne sont que peu représentatifs.

« Je ne doute pas de la volonté politique du Vice-Président du Soudan », a-t-il affirmé, mais il faut aussi la capacité, notamment de pouvoir « vendre » un accord à la base que l'on représente.

A cet égard, Jan Pronk a indiqué que « les puissances devraient jouer de leur pouvoir », ou plutôt faire un « usage constructif de leur pouvoir ». Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, « qui ont tous le même intérêt à la paix », devraient peser de leur poids, ne serait-ce que pour que les négociateurs puissent, en réponse à leur « base », invoquer les pressions d'un front unifié.

« On peut faire tant de choses, diplomatiquement et politiquement, sans recourir au dernier ressort que sont les sanctions » a par ailleurs précisé le Représentant spécial, ajoutant : « le recours à la force relève de la défense contre une attaque extérieure, elle devrait être réservée au territoire national ».

Répondant à une journaliste qui lui demandait quel était le scénario après la signature d'un accord global de paix, Jan Pronk a indiqué qu'une cérémonie de signature devrait avoir lieu en Afrique, à Nairobi, en présence de chefs d'Etat.

Le Conseil de sécurité devrait alors, aussi rapidement que possible, donner mandat, vers la troisième semaine de janvier, à une mission complète de l'ONU, qui devrait être pleinement déployée en six mois, dans différentes régions du Sud-Soudan.

Selon Jan Pronk, cette force devrait compter entre 9 000 et 10 000 troupes, déployées sur le terrain pendant six ans, jusqu'au référendum et après pour suivre sa mise en oeuvre.

« Ils partiront alors, mais l'ONU restera », a précisé le Représentant spécial, car le plan ne vise pas seulement une mission d'appui à la paix mais une mission globale s'étendant aussi au développement, afin de répondre aux causes profondes du conflit, qui n'ont jamais été traitées.

image * Retransmission de la conférence de presse de Jan Pronk [1 h 03 mins]