L'actualité mondiale Un regard humain

R.D. du Congo : pas encore de preuves concrètes de la présence militaire rwandaise

R.D. du Congo : pas encore de preuves concrètes de la présence militaire rwandaise

media:entermedia_image:e92e0e66-ac17-4fae-b821-c472a78119a8
Au lendemain d'une déclaration du Conseil de sécurité qui enjoint le Rwanda à retirer ses troupes de la R.D. du Congo, la MONUC indique qu'elle n'a toujours pas de preuves concrètes de la présence rwandaise en RDC mais qu'elle dispose de faisceaux d'indices nombreux et convergents, faisant état d'« une présence militaire armée, organisée, mais non connue ».

« La MONUC a procédé à de nombreuses patrouilles en hélicoptère et à pied dans plus d'une centaine de villages pour vérifier les rumeurs, les informations et divers témoignages sur la présence des troupes rwandaises en RDC », a précisé le Colonel Patrick Colas des Francs, chef d'Etat-major Plan de la MONUC, au cours du point de presse hebdomadaire de la Mission à Kinshasa.

Précisant que les faisceaux d'indices d'une présence militaire se concentraient dans le triangle Goma, Walikale et le sud du Lac Edouard (carte), il a expliqué que « ces indices étaient notamment des restes de bivouacs encore frais indiquant la présence de plusieurs centaines de soldats armés, ainsi que des villages brûlés », précise la MONUC qui ajoute que « nombre de faits rapportés se sont révélés erronés ».

« C'est le cas de la localité de Mutombo où l'on avait signalé des combats, mais où une mission de la MONUC a constaté que les populations civiles vivaient paisiblement. La MONUC poursuit ses patrouilles pour aller vérifier les faits qui lui sont rapportés », a ajouté le colonel des Francs.

Interrogé aujourd'hui au Siège de l'ONU sur le fait de savoir pourquoi il était si difficile d'établir avec certitude si l'armée rwandaise se trouvait ou non sur le territoire de la RDC - ce qu'elle a nié dans une lettre adressée au Conseil de sécurité -, Fred Eckhard, porte-parole du Secrétaire général, a rappelé que le territoire surveillé par la MONUC dans cette région était plus grand que tout le Rwanda et couvert de forêts.

Hier, le Conseil de sécurité avait exigé du Gouvernement rwandais qu'il retire sans délai toutes ses troupes de la République démocratique du Congo.

La déclaration lue par le Président du Conseil de sécurité estimait par ailleurs que la présence des ex-FAR et Interahamwés dans l'est de la RDC était inacceptable et appelait à leur démobilisation (voir notre dépêche du 7 décembre 2004).

« C'est dans ce contexte que la MONUC a salué la tenue d'une réunion du Conseil supérieur de défense de la RDC, qui a donné un avis favorable pour le déploiement des troupes des Forces armées de la RDC à l'est du pays » a déclaré lors d'un point avec la presse Patricia Tomé, directrice du service d'information de la MONUC.

Elle a précisé que le Conseil supérieur de la défense s'était également prononcé « en faveur de l'accentuation des opérations de neutralisation des Interahamwe, des ex-Far et de tout autre groupe armé étranger présent sur le sol congolais » et émis un avis favorable à l'accélération de la démobilisation et de l'intégration des groupes armés au sein des FARDC, ainsi qu'à la régularisation des grades des officiers ».

« La MONUC prend note des engagements pris par le Conseil supérieur de la Défense'', a déclaré Mme Tomé ».

Evoquant pour sa part, la situation en Ituri, le Porte-parole de la MONUC, Mamadou Bah, a rapporté que le processus de désarmement et réinsertion communautaire (DRC), se poursuivait, avec, à la date du 7 décembre, un total de 880 ex-combattants qui ont adhéré au processus, et quelque 4332 armes et munitions collectées.

« M. Bah a également rappelé que la MONUC avait lancé, le 5 décembre 2004, une opération contre le camp de Ndrele, dans le Nord-est de l'Ituri, suite à de très graves allégations relatives à des exactions perpétrées par les miliciens des Forces Armées du Peuple Congolais (FAPC) contre des civils dont des enfants, à des meurtres d'enfants soldats voulant quitter leur groupe armé et à la présomption de présence d'ossements humains dans ce camp.

Deux tombes suspectes ont été découvertes dans le camp, et 10 zones susceptibles de contenir des corps ont été balisées (voir notre dépêche du 6 décembre 2004).

La MONUC prend note de l'avis favorable émis hier par le Conseil supérieur de défense pour "l'accélération de la démobilisation et de l'intégration des groupes armés de l'Ituri au sein des FARDC, ainsi qu'à la régularisation des grades des officiers", a ajouté le porte-parole.

« Une décision rapide sur l'avenir de ces chefs de milices de l'Ituri au sein de la future armée nationale unifiée permettra en effet de clarifier la situation de ces leaders de groupes armés de l'Ituri et leur ôtera surtout toute excuse ou tout prétexte pour retarder ou saboter le processus de réintégration », indique le communiqué de la MONUC.