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Soudan : une pression renforcée nécessaire face à la détérioration de la situation

Soudan : une pression renforcée nécessaire face à la détérioration de la situation

Kieran Prendergast au Conseil de sécurité
Le responsable des affaires politiques à l'ONU a appelé le Conseil de sécurité à envoyer un message fort pour faire pression tant sur le Gouvernement du Soudan que sur les mouvements rebelles afin qu'ils respectent leurs engagement, suite à la dégradation de la situation au mois de novembre.

« Le mois de novembre a été marqué par la violence et une détérioration notable de la situation sur le terrain », avec notamment une réduction de l'accès aux personnes qui est tombé de 90 à 80%, a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Kieran Prendergast lors d'une séance du Conseil de sécurité réuni sur la question du Soudan.

« La signature des Accord d'Abuja, le 9 novembre dernier (voir notre dépêche du 10 novembre 2004), a été suivie d'une détérioration dont le principal responsable est l'Armée de libération du Soudan (ALS) », malgré ses dénégations, a déclaré Kieran Prendergast, qui ajoute que les représailles du Gouvernement soudanais, qui fait usage de son aviation, constituent aussi des violations des accords de paix.

En dépit des confirmations de l'Union africaine (UA), le Gouvernement soudanais a demandé une enquête sur ce point, a précisé le Secrétaire général adjoint, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan.

Par ailleurs, lors d'une mission d'observation de l'UA à Adwah, près de Nyala au Sud Darfour (carte), un observateur de l'UA a été blessé, ce qui a conduit son équipe à se retirer après avoir constaté une centaine de morts sur place.

« Le Président de la Commission de l'UA, Alpha Konaré, a fermement condamné l'incident, soulignant que les tirs ne faisaient pas que mettre en danger les membres de la Mission africaine au Soudan, mais qu'ils auraient aussi pour effet d'accroître la réticence des fournisseurs de troupes à envoyer des contingents au Soudan ».

Le Nord Darfour connaît aussi une recrudescence des attaques et des pillages par des bandits et de nouveaux mouvements rebelles, notamment le « Mouvement national pour la réforme et le développement » (MNRD), ce qui conduit à la création de nombreux « points chauds » au Darfour, a déclaré Kieran Prendergast.

Ces derniers, ainsi que les milices, « constituent à présent un facteur de déstabilisation, qui soulève un dilemme pour les mécanismes existants destiné à gérer les violations du cessez-le-feu. Ils ne sont parties à aucun des processus de négociation politique et ne sont signataires d'aucun accord de cessez-le-feu », a-t-il précisé.

« La communauté internationale doit faire parvenir un message sans équivoque à toutes les parties soudanaises pour souligner que la violence et les actions militaires hostiles, en particulier après la signature des Protocoles d'Abuja, ne constituent pas moyen acceptable d'obtenir des résultats politiques » a déclaré le Secrétaire général adjoint, qui a appelé à exercer une pression égale sur toutes les parties.

Quant à la mise en oeuvre de ces accords et de la résolution 1556 adoptée à sa suite par le Conseil de sécurité, Kieran Prendergast a regretté que le Gouvernement soudanais n'ait fait aucun progrès pour désarmer les Janjaouites.

« La Commission sur le cessez-le-feu de l'UA a confirmé qu'elle n'avait pas été invitée à constater de quelconque activité de désarmement », a indiqué le Secrétaire général adjoint, qui précise que le Gouvernement, n'a traduit en justice aucun responsable des crimes commis et que des informations non confirmées faisaient état de la fourniture d'armes par Khartoum.

L'Union africaine a demandé aux parties de leur fournir un calendrier pour le désarmement et une indication de l'emplacement de leurs troupes d'ici à quelques semaines, faute de quoi elle référerait la situation au Conseil de paix et de sécurité de l'UA ainsi qu'au Conseil de sécurité de l'ONU, a informé le Secrétaire général adjoint, qui a salué « l'approche robuste » adoptée.

Il a aussi salué le travail accompli par l'UA alors qu'elle ne dispose que de 800 soldats sur le terrain et de 100 observateurs militaires au Darfour. « Mais ils feraient sans doute bien plus si l'on augmentait ses capacités », a-t-il souligné.

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que la signature d'un accord de paix global aurait des conséquences de grande envergure pour le Soudan, bien que selon le Secrétaire général, « certains éléments pourraient encore avoir un intérêt à saper les chances d'y parvenir » (sur les préparatifs en vue de la signature, voir notre dépêche du 6 décembre 2004).

Le prochain rapport du Secrétaire général devrait contenir des recommandations concernant la taille, la structure et le mandat de la Mission complète qui doit remplacer la mission avancée actuellement en place au Soudan.

Interrogé aujourd'hui à l'ONU sur la situation au Soudan, le Secrétaire général, Kofi Annan, a indiqué que son Représentant spécial, Jan Pronk, ferait un exposé la semaine prochaine devant le Conseil de sécurité.

L'ONU « fait tout ce qu'elle peut pour protéger les personnes déplacées et agit avec l'Union africaine pour faire parvenir les troupes et les observateurs aussi rapidement que possible, et pour intensifier nos efforts d'assistance dans le domaine humanitaire ».

imageRetransmission de la séance du Conseil de sécurité [16 mins]