L'actualité mondiale Un regard humain

La MONUC extrêmement préoccupée par le regain de tension avec le Rwanda

La MONUC extrêmement préoccupée par le regain de tension avec le Rwanda

media:entermedia_image:05cec992-0d10-4646-ad27-7e3263e188cb
Alors que le Rwanda a prévenu de la possibilité d'une intervention militaire en République démocratique du Congo (RDC) pour lutter contre les milices ex-FAR/interahamwe hutu, la Mission de l'ONU en RDC se déclare extrêmement préoccupée par ce regain de tension alors que se multiplient les initiatives diplomatiques et les déclarations favorables à la coopération régionale, et rappelle le mandat de protection des civils que lui a conféré le Conseil de sécurité.

La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC) se déclare « extrêmement préoccupée par le regain de tension à la suite de l'intention exprimée par le Rwanda d'intervenir militairement en RDC afin de régler la question de la présence des ex-FAR/Interahamwe » [les milices hutu hostiles au Gouvernement rwandais actuel], indique un communiqué publié aujourd'hui (voir sur l'annonce du Rwanda notre dépêche du 24 novembre 2004).

« La MONUC s'étonne de cette annonce au moment où des développements sont favorables à un rapatriement accéléré des groupes armés étrangers encore présents sur le sol congolais ».

Parmi ces évolutions favorables, la Mission cite notamment les « engagements pris en août dernier lors de l'accord tripartite conclu entre le Rwanda, l'Ouganda et la RDC, sous l'égide des Etats-Unis, visant à respecter la souveraineté des Etats signataires et à mettre un terme au problème posé par la présence des ex-FAR/Interahamwe », ainsi que « la finalisation en cours du Mécanisme Conjoint de Vérification dont les termes de référence ont été signés le 22 septembre 2004 à New York par la RDC et le Rwanda et du déploiement imminent des équipes sur le terrain à Goma/Gisenyi et à Bukavu/Cyangugu ».

Elle cite également le « lancement fin octobre de l'opération conjointe FARDC-MONUC à Walungu visant à renforcer la campagne de sensibilisation pour un retour des rebelles rwandais présents sur place » dans le cadre d'un plan gouvernemental en deux phases: rapatriement volontaire puis rapatriement forcé par les FARDC ainsi que le « renforcement en cours des effectifs militaires de la MONUC dans les Kivus où seront déployés la plupart des 5.900 troupes supplémentaires ».

Récemment encore, la Déclaration de Dar-es-Salaam du 20 novembre 2004 engageait ses signataires à oeuvrer pour la stabilisation et la pacification de la région des Grands Lacs, souligne le communiqué.

« La MONUC rappelle que toute menace ou décision allant contre ces engagements pris ou visant à anéantir les efforts en cours est inacceptable et injustifiable aux yeux de la communauté internationale, d'autant qu'elle aurait des conséquences graves pour le processus de transition en cours en RDC comme pour la stabilité dans la région des Grands Lacs ».

La Mission rappelle, dans son communiqué, qu'elle a pour tâche d'accompagner et de soutenir le processus de transition en RDC et que, comme stipulé dans la résolution 1565 « le Conseil de Sécurité autorise la MONUC à utiliser tous les moyens nécessaires, dans la limite de ses capacités et dans les zones de déploiement de ses unités, pour s'acquitter de son mandat, dont la protection des civils sous la menace imminente de violences physiques ».

S'exprimant hier devant le Conseil de sécurité où il rendait compte des travaux de la récente mission du Conseil en Afrique centrale, l'Ambassadeur de la France, Jean-Marc de la Sablière, avait mis en garde contre le risque que constituent « l'instabilité, particulièrement sensible dans l'Est de la République Démocratique du Congo » et le problème posé par la présence, sur le territoire congolais, des rebelles rwandais ex-Far et Interahamwes.

Le chef de la mission du Conseil de sécurité a estimé que c'était « en premier lieu, un problème pour les Congolais eux-mêmes car les populations en souffrent et la possibilité d'organiser des élections dans le Kivu dépend du règlement de ce problème. C'est devenu également un problème pour le Burundi car le FNL trouve un soutien au Congo de la part des Ex-Far et Interahamwes ».

Enfin, a-t-il ajouté, « cela est bien sûr toujours un problème pour le Rwanda. Nous l'avons reconnu, même si le Conseil n'a pas la même appréciation que les autorités rwandaises sur l'ampleur de cette menace. » (voir notre depêche du 30 novembre 2004).