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RDC : des troubles dans l'Ituri, alerte la Coordination humanitaire de l'ONU

RDC : des troubles dans l'Ituri, alerte la Coordination humanitaire de l'ONU

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Alors qu'en République démocratique du Congo (RDC), les provinces orientales des Kivus sont sous la menace d'une attaque rwandaise, les groupes armés redeviennent agressifs dans l'Ituri voisine, prévient la Coordination humanitaire de l'ONU qui attribue les effets de cette instabilité aux particularités du plan de désarmement-réintégration et fait valoir que l'action humanitaire ne devrait intervenir qu'au stade de la réinsertion.

L'Ituri connaît en effet depuis plusieurs semaines une recrudescence inquiétante et constante de l'activisme de différents groupes armés, informe dans un communiqué publié hier par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA selon son acronyme anglais), qui prévient que les exactions dont sont victimes les organisations humanitaires dans cette province du Nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC) pourraient à terme fortement perturber les opérations d'assistance.

« L'axe Nord de Bunia a été hautement déconseillé aux acteurs humanitaires en raison de l'insécurité. Deux ONG internationales ont d'ores et déjà suspendu leurs activités après avoir été violemment prises à partie par des miliciens sur les routes au sud et au nord de Bunia, le chef-lieu du district » (carte), indique OCHA.

La Coordination humanitaire de l'ONU énumère les « tracasseries imposées par des hommes en armes » : confiscation temporaire de véhicules, accès soudainement interdit à des personnes vulnérables, pillage de l'aide humanitaire.

De tels incidents, souligne-t-elle, « ont directement affecté le bon déroulement de leur programme. » Elle précise que « des missions d'évaluation et d'assistance ont dû être annulées » et que des « exactions de plus en plus nombreuses sont commises à l'encontre des ONG locales et de leur personnel. »

« Si les actes de banditisme concernent indifféremment les populations civiles, les commerçants et les ONG internationales ou locales, d'autres faits répréhensibles visent spécifiquement la MONUC (la Mission d'Observation de l'ONU en RDC), son personnel local ou les travailleurs humanitaires locaux impliqués dans la mise en oeuvre du plan de Désarmement et de Réinsertion Communautaire (DRC) », ajoute OCHA.

Il faut chercher, selon elle, la raison de ces troubles dans les modalités du programme de Désarmement et Réinsertion Communautaire (DRC) qui n'offre pas de possibilité de réinsertion dans l'armée réunifiée. Cela « s'explique par le fait que ces groupes armés n'avaient pas participé aux accords de Sun City qui ont eu lieu en décembre 2002 », indique-t-elle.

L'instabilité du climat actuel en Ituri en serait le résultat. « Seuls 651 miliciens ont donc choisi jusqu'à présent de se soumettre à ce DRC dont l'objectif est de désarmer 9.000 combattants. Certains autres préfèrent attendre le décret présidentiel autorisant l'intégration dans l'armée de cinq officiers et de 50 hommes issus des milices. D'autres encore, n'y trouvant pas leur compte, manifestent leur désapprobation par les armes », poursuit OCHA.

« Ces dissensions autour du DRC entretiennent par ailleurs un climat de terreur », poursuit-elle. « Les échanges de tirs deviennent courants entre les miliciens et la MONUC. Des soldats désireux de désarmer se font tuer ou molester lorsqu'ils tentent de rejoindre les sites de transit. »

La Coordination humanitaire, qui note que le personnel humanitaire local dans les lieux de rassemblement du DRC « est lui aussi accusé de traîtrise et menacé », en vient à poser la question de « la participation d'une organisation humanitaire à un projet impliquant des hommes armés et conduit à des fins politiques. »

« Une intervention humanitaire ne devrait ainsi s'opérer dans un plan de DDR [Désarmement, démobilisation, réintégration] ou de DRC qu'à la phase de réinsertion, de manière à respecter le champ de compétence dessiné par les textes internationaux de base », affirme-t-elle.