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Contrôler la frontière entre RDC et Rwanda : cette semaine, insiste la mission du Conseil

Contrôler la frontière entre RDC et Rwanda : cette semaine, insiste la mission du Conseil

L'Ambassadeur Jean-Marc de La Sablière
Pour le chef de la mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale, la République démocratique du Congo (RDC) doit accentuer ses efforts pour que les élections de juin se tiennent à la date prévue car il s'agira d'une étape dotant le pays d'un Etat capable de contrôler ses propres ressources. Indiquant que du point de vue du Conseil, le désarmement et le rapatriement des groupes armés étrangers devaient entrer dans une phase plus active, il a déclaré que le Conseil avait également appelé à la mise en place du Mécanisme conjoint de vérification de la frontière orientale dès cette semaine.

« Cette visite du Conseil de sécurité à Kinshasa a été très fructueuse », a déclaré en préambule le chef de la mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale, l'ambassadeur de la France, Jean-Marc de La Sablière, lors d'une conférence de presse qui avait lieu hier à Kinshasa (carte).

Rappelant que la mission avait rencontré le même jour le Président Kabila et les quatre Vice-présidents de la RDC, le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat, Jean-Marc de La Sablière a déclaré que « le premier message que le Conseil de sécurité souhaitait faire passer au Conseil de sécurité » était un message « de solidarité au peuple congolais et de soutien au processus de transition. »

Le second point sur laquelle l'ambassadeur est à plusieurs reprises revenu au cours de cette rencontre est « l'importance du respect de la date des élections », indiquant que la mission avait mis l'accent « tout au long de cette journée » sur cette question.

« La République démocratique du Congo entre à présent dans une nouvelle phase », a-t-il déclaré, et « cette nouvelle phase [...] conduit aux élections. » Or, a ajouté l'ambassadeur, pour tenir les élections en juin comme prévu, et il faut les tenir en juin, il est nécessaire d'accélérer les travaux dans chacun des domaines clé de la transition : constitution des forces armées et de police intégrées, adoption de la Constitution, de la loi électorale et autres lois essentielles, recensement des électeurs. »

Il a également souligné l'importance accordée par le Conseil de sécurité à « la normalisation des relations et de la restauration de la confiance mutuelle avec les pays voisins, à la frontière orientale. »

« Nous appelons instamment le gouvernement de la République démocratique du Congo et le gouvernement du Rwanda à [...] lancer le démarrage effectif [du Mécanisme de vérification conjoint] dès cette semaine », a déclaré l'ambassadeur.

« Il faut donc accélérer ces travaux et c'est le message que nous avons fait passer. Il faut également, bien sûr, assurer les conditions de la stabilité du pays au-delà des élections. Troisièmement, la communauté internationale doit rester impliquée, et pour cela, il faut que le processus soit crédible. Voilà pour la transition ».

En réponse à une question d'un membre de la presse, l'ambassadeur La Sablière a assuré qu'il y aurait un soutien de la communauté internationale aux élections, précisant que « l'Union Européenne, par exemple, avait déjà indiqué un engagement très important » et que la MONUC [Mission des Nations Unies au Congo] allait également apporter son aide.

« Bien sûr qu'il y aura des problèmes logistiques. La République démocratique du Congo est un grand pays [...] « Nous l'avons survolé, en venant de l'est du Congo, a poursuivi l'ambassadeur. « Nous pouvons mesurer comme vous, non seulement la beauté, mais combien ce pays est grand. Il y aura donc des problèmes logistiques. »

Il a toutefois souligné que la mission avait rencontré des interlocuteurs « déterminés », que la même détermination se retrouvait du côté de la communauté internationale, que la MONUC avait été renforcée et qu'un effort sera bientôt fait pour que, sur le plan de la logistique, les élections puissent se passer dans de bonnes conditions.

« Mais vous avez raison, il y a des problèmes logistiques mais il faut faire preuve de détermination. On les réglera », a-t-il déclaré.

En préambule, l'ambassadeur avait indiqué que le Conseil réitérait son soutien à la MONUC, sa confiance à l'ambassadeur Swing, le Représentant Spécial du Secrétaire général et souligné l'effort « exceptionnel » fait par les Nations Unies.

« Il est important que les Congolais sachent que le Conseil de sécurité consacre avec beaucoup d'intérêt, avec beaucoup de détermination, du temps et de l'énergie à travailler sur le dossier de la République démocratique du Congo. Il le fait et il est heureux de le faire, parce que, comme je l'ai dit, il souhaite aider le peuple congolais » a-t-il déclaré ajoutant qu'il « n'y avait pas d'autre mission dans le monde, plus importante, en nombre, que la MONUC. »

En fait, a-t-il ajouté, c'est « le plus gros investissement du Conseil de sécurité dans le domaine du maintien de la paix. »

A une question posée sur le désarmement des groupes armés étrangers, ex-Far et Interahamwe, l'ambassadeur de La Sablière a admis qu'il s'agissait d'un problème « et que ce problème devait être reconnu » et qu'en fait il l'était mais qu'il appartenait « aux forces intégrées congolaises de mener à bien cette action », avec le soutien de la MONUC et que c'étaient aux autorités rwandaises « de gérer la question du rapatriement de ceux qui vont rendre les armes. »

« Laissons faire l'action qui va être engagée et nous apprécierons la situation ensuite », a-t-il ajouté.

Auparavant, le chef de la mission du Conseil de sécurité avait attiré l'attention sur le fait que « les 6.000 hommes supplémentaires [de la MONUC] qui vont être déployés iront en priorité au renforcement du Kivu » et qu'il semblait à la mission que « le désarmement et le rapatriement des groupes armés étrangers, en particulier des Interahamwe, devait entrer dans une phase plus active. »

A propos du pillage des ressources, l'ambassadeur a déclaré qu'il s'agissait d'une question qui préoccupait beaucoup le Conseil de sécurité car elle pouvait « être à l'origine de certains des problèmes qu'a connu la République démocratique du Congo et que « dans tous les cas, elle avait favorisé les conflits. »

« Je peux vous dire que chaque fois que le Conseil de sécurité rencontre les dirigeants de la région, il évoque le problème et ceci a été le cas au cours de notre visite », a-t-il ajouté. Toutefois, a fait valoir, l'ambassadeur, « au-delà des questions immédiates, il faut se projeter dans l'avenir. La vision que nous avons c'est qu'il est essentiel que la République démocratique du Congo, qui est un grand pays, se dote d'un véritable Etat. [...] Il faut qu'il dispose également d'un Etat qui puisse contrôler ses ressources naturelles pour qu'elles soient exploitées au bénéfice du peuple ».

A propos de la lutte contre l'impunité dans la région, il a indiqué « à quel point [le Conseil était ] engagé dans la lutte contre l'impunité », précisant que le jour même, au cours de « la discussion que nous avons eue avec le chef de l'Etat, un membre de notre délégation (l'ambassadeur d'Allemagne), a interrogé les autorités congolaises sur les actions qui étaient engagées concernant la Cour pénale internationale. »

« De très nombreux membres au sein du Conseil soutiennent les actions qui sont menées à la Cour pénale internationale », a-t-il ajouté.

La mission du Conseil de sécurité est arrivée aujourd'hui à Bujumbura, la capitale du Burundi, après avoir fait étape à Bukavu où elle a rencontré des dirigeants politiques et militaires ainsi que des représentants de la Mission de l'ONU, a indiqué aujourd'hui le porte-parole de l'ONU, Fred Eckhard.

En mai et juin dernier, des commandants de l'armée nationale étaient entré en dissidence et avaient réussi à s'emparer de Bukavu, entraînant des troubles qui s'étaient propagés dans le pays, submergeant même, pendant quelques jours, la capitale Kinshasa (voir notre dépêche du 2 juin.)