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Vague d'enquêtes sur les allégations d'exploitation sexuelle au sein de la MONUC

Vague d'enquêtes sur les allégations d'exploitation sexuelle au sein de la MONUC

Jane Holl Lute
Les allégations d'exploitation sexuelle mettant en cause le personnel civil et militaire de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC), la plus importante des opérations de l'ONU en cours, ont déclenché une série d'enquêtes et la remise en question des procédures en place visant à éviter que de tels dérapages ne se produisent, a indiqué aujourd'hui la Sous-secrétaire aux opérations de maintien de la paix.

« Les opérations de maintien de la paix interviennent dans des circonstances de vulnérabilité des populations qui exigent que l'intégrité et les normes que l'on attend de Casques bleues soient maintenues », a déclaré aujourd'hui la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Jane Holl Lute.

Dans une déclaration rendue publique la semaine, le Secrétaire général regrettait « d'avoir à constater qu'il y avait des preuves évidentes d'inconduite » au sein de la MONUC et s'indignait d'une situation qu'il qualifiait de « honteuse ».

« De nombreuses allégations qui ont fait surface au printemps ont fait l'objet d'enquêtes de la part de la MONUC [Mission de l'ONU en RDC] et du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) », indiquait Kofi Annan qui se disait soulagé de « constater que ces allégations ne concernaient qu'un petit nombre de personnel des Nations Unies » mais affirmait que l'Organisation ne connaîtrait pas de répit tant que ces pratiques ne seraient pas éliminées de la MONUC.

Jane Holl Lute a précisé que 150 allégations avaient été enregistrées mais a prévenu qu'il était possible qu'il y ait des duplications et que certaines se réfèrent au même cas. Elle a mis ces chiffres en perspective en rappelant que l'effectif de la MONUC qui a été créée il y a cinq ans, comprenait près d'un millier de collaborateurs civils, 11 000 militaires et policiers en provenance de 50 pays.

Un certain nombre d'allégations émanent d'une seule et même région, celle de Bunia, dans la province de l'Ituri, au Nord-est du pays, et font l'objet d'une investigation pour négligence dont le rapport n'a pas encore été publié, a-t-elle indiqué.

Par ailleurs, des équipes d'intervention rapide, composées d'experts militaires, policiers et civils, ont été chargées d'enquêter sur les autres allégations.

Enfin, le département de la Gestion, le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et le département des Opérations de maintien de la paix ont mis sur pied une équipe qui est arrivée à la MONUC aujourd'hui pour enquêter sur les affaires impliquant des civils, a ajouté Mme Lute.

Elle a insisté sur le fait que le Département du maintien de la paix (DOMP) faisait tout ce qui était en son pouvoir pour répondre de façon « agressive » au problème et que le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix avait déclaré publiquement que le département braquait les projecteurs sur le problème pour en mesurer l'étendue et que les choses n'en resteraient pas là.

Rappelant que le Secrétaire général avait demandé l'assistance du Prince Zeid Ra'ad Al-Hussein, le Représentant permanent de la Jordanie auprès des Nations Unies, d'être son conseiller en matière d'exploitation sexuelle, elle a indiqué qu'il s'était rendu en RDC pour se rendre compte sur place de la nature du problème.

Se referant à la déclaration du Secrétaire général, Mme Lute a indiqué que les preuves d'inconduite dont il faisait mention avaient trait au comportement d'un individu dont la nature suggérait que des poursuites criminelles pouvaient être justifiées. Cet individu a été rapatrié, a-t-elle précisé.

Après avoir décrit les mesures en place au sein du DOMP pour traiter ce type de situations, Mme Lute a indiqué que ces affaires avaient mis en évidence le fait qu'elles n'étaient sans doute pas adaptée pour gérer les circonstances actuelles et que le département voulait les renforcer de telle sorte que les Casques bleus soient à la hauteur des normes élevées que l'on attendait d'eux.

imageRetransmission de la conférence de presse de Jane Holl Lute, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix [1 h 12 mins – début à la 22ème minute]