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Tendance bien orientée en Afrique centrale, affirme le chef de la prochaine mission du Conseil de sécurité

Tendance bien orientée en Afrique centrale, affirme le chef de la prochaine mission du Conseil de sécurité

L'Ambassadeur Jean-Marc de La Sablière
Présentant ce matin la mission du Conseil de sécurité en Afrique centrale, le chef de la mission, l'ambassadeur de la France, a présenté les objectifs de ce déplacement du Conseil dans une région où, malgré « les hauts et les bas » il a décrit une tendance généralement bonne et de nombreux progrès.

« La mission que le Conseil de sécurité va effectuer en Afrique centrale du 21 au 25 novembre intervient au bon moment », a fait valoir l'ambassadeur de la France qui présentait à la presse le matin les objectifs de cette nouvelle visite du Conseil qu'il va conduire dans cette région de l'Afrique.

Aux yeux de Jean-Marc de la Sablière en effet, le fait que ce déplacement survienne après que la région a surmonté deux crises, celle de Bukavu en juin et celle du Burundi et alors que ces deux pays se préparent à des élections en 2005, est une façon de les accompagner dans cette phase « en rappelant et en soulignant les priorités du Conseil de sécurité, qui sont d'ailleurs celles arrêtées par les parties. »

« Il faut maintenir le dynamisme car nous savons qu'il y aura des obstacles », a déclaré l'ambassadeur qui a précisé que le Conseil passerait deux jours en République démocratique du Congo (RDC), une journée et demie à Bujumbura, la capitale du Burundi et qu'il rencontrera le président du Rwanda le 21 novembre et le Président de l'Ouganda en fin de circuit.

La mission du Conseil, a déclaré Jean-Marc de la Sablière poursuit un deuxième objectif : constater les efforts des Nations Unies sur place. La MONUC, avec un effectif de 16 500 personnes, est la plus importante des opérations de l'ONU en cours, a-t-il précisé, tandis que la force de l'ONU au Burundi, qui avoisine les 5500 éléments sur les 6 550 prévus, est proche de son plein effectif.

Il a également fait remarquer que ce voyage s'effectuait peu après que la Conférence sur les Grands Lacs a eu lieu à Dar es-Salaam. Cette conférence est un élément important dans l'approfondissement du dialogue et de la coopération « que ce soit entre la RDC et le Rwanda, l'Ouganda avec le Rwanda, l'Ouganda avec la RDC », a-t-il fait valoir. De même la décision récente d'instaurer des mécanismes de vérifications aux frontières devrait selon l'ambassadeur permettre « d'instaurer dans ces pays une confiance qui a fait défaut dans le passé ».

Le Conseil compte également « rappeler ses préoccupations à l'égard des questions transfrontalières : l'application de l'embargo, l'exploitation des ressources illicites et les violations des droits de l'homme », a également indiqué M. de La Sablière.

« En République démocratique du Congo (RDC), nous insisterons sur les efforts à accomplir pour réaliser la Feuille de route », a-t-il ajouté, précisant que le Conseil concevait « une certaine préoccupation » quant la mise en place d'un certain nombre de conditions nécessaires à la tenue des élections de 2005.

« Nous mettrons l'accent sur des questions liées la sécurité, l'intégration de l'armée, de la police, le lancement du programme de Désarmement et réintégration et l'adoption de certaines lois, qui doit être accéléré car la date des élections en juin 2005 doit être tenue. »

Quant au Burundi, la mission appuiera la démarche du Gouvernement de transition et l'adoption de la Constitution intérimaire.

« Il faut aller de l'avant », a déclaré l'ambassadeur qui a précisé que l'année dernière, il avait eu un contact téléphonique avec les FNL [Forces nationales de libération, un mouvement hutu impliqué dans le massacre de Gatumba au cours desquels sont morts 158 membres d'une ethnie congolaise d'origine tutsie ou perçue comme telle, 8 autres étant portés disparus] mais qu'il n'y en aurait pas cette année.

Il a également indiqué que la mission du Conseil avait l'intention de demander au président Kagamé qu'il exerce son influence en vue de favoriser la stabilité en République démocratique du Congo (RDC), qu'elle insistera sur le fait qu'il ne doit pas y avoir de soutien aux groupes armés et que le mécanisme de vérification de frontières doit être mis en place.

« De son côté, la communauté internationale est disposée à traiter le problème des groupes armés actifs dans l'Est de la RDC », a-t-il déclaré.

Les membres du Conseil demanderont également au Président de l'Ouganda d'exercer son influence pour que son pays « ne soit pas utilisé à des fins de déstabilisation et qu'il exerce son influence sur les groupes armés en Ituri. »

Concluant son exposé, l'ambassadeur de la France, a affirmé : « En Afrique centrale, il y a des hauts et des bas mais la tendance générale est bonne et des progrès sont accomplis. »

Interrogé plus précisément sur la nature de ces progrès, l'ambassadeur La Sablière a fait valoir que la crise de Bukavu avait été « surmontée et bien surmontée » et qu'une Feuille de route conduisant aux élections avait été adoptée.

Il a précisé qu'en septembre, au cours d'une réunion ministérielle, des commissions conjointes entre les autorités congolaises et les pays qui soutiennent plus particulièrement le processus de paix en RDC avaient été créées pour suivre les questions de sécurité, de législation et celles liées aux élections.

Dans le domaine de la sécurité, a-t-il indiqué, des coopérations bilatérales venant aider à la mise en place de la Feuille ont été établies, la Belgique aidant à la formation de l'armée intégrée, la France ayant aidé à la mise en place d'une police de réaction rapide.

L'amélioration de la relation entre les pays, matérialisée par la Conférence des Grands Lacs et la commission de vérification des frontières est un progrès important, a fait valoir l'ambassadeur qui a également fait remarquer qu'au Burundi toute une série de tensions avaient été surmontées et a affirmé que la démarche du Gouvernement de transition qui conduit à l'adoption d'une Constitution intérimaire était une bonne démarche.

Ensuite, a-t-il ajouté, « il y a la perspective de l'adoption de cette Constitution et les élections qui suivront. »

Autre progrès « important » souligné par l'ambassadeur, le renforcement de la MONUC. Jean-Marc de la Sablière a rappelé qu'après la crise du Kivu de juin dernier, il y avait eu des interrogations sur la capacité de la MONUC à assurer son mandat dans les Kivus. « Désormais, vous allez avoir une brigade dans le Nord, une brigade de la MONUC dans le Sud, un bataillon de réaction rapide, et transfert du commandement à Kisangani, plus proche de la zone de tensions », a-t-il souligné.

Au Burundi, le renforcement des effectifs de la force de l'ONU est à inscrire, selon lui, dans la liste des progrès réalisés de même que les accords conclus, « avec l'aide des Sud-africains » ayant abouti à l'intégration du CNDD (Conseil national pour la défense de la démocratie) dans les institutions. « L'an dernier, a-t-il rappelé, lorsque nous nous sommes rendus au Burundi, il y avait toujours un conflit en cours avec le CNDD que nous avions rencontré en Tanzanie. »

« Aujourd'hui, le CNDD mène la lutte contre les FNL et ces dernières ne représentent une nuisance que dans environ 5% du territoire du Burundi. Dans 95% du pays, la situation est aujourd'hui stable », a-t-il ajouté.

Sans sous-estimer les difficultés, « nous pensons au Conseil que la tendance est bonne », a conclu l'ambassadeur.

imageRetransmission de la conférence de presse de Jean-Marc de la Sablière, Représentant de la France[37 mins]