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R. D. du Congo : situation de plus en plus tendue au Sud Kivu, selon OCHA

R. D. du Congo : situation de plus en plus tendue au Sud Kivu, selon OCHA

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La Coordination humanitaire de l'ONU alerte sur la recrudescence des activités des groupes armés dans cette province de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) où l'opération conjointe des forces gouvernementales et de la Mission de l'ONU lui fait craindre de nouvelles attaques tandis que les manifestations anti-Bunyamulenge lui semblent refléter un phénomène profond d'exclusion ethnique.

Le contexte politique et militaire dans la province du Sud Kivu devient des plus préoccupants, indique un communiqué en date d'hier publié par les services du Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA, selon son acronyme anglais).

La crise humanitaire qu'avait générée les événements de Bukavu et ses prolongements tend aujourd'hui à s'aggraver, les civils étant « à nouveau les premières victimes de la recrudescence des activités de différents groupes armés et des combats », signale-t-elle.

Des affrontements ayant opposé les hommes d'un commandant ex-Maï Maï et des combattants de l'ex-ANC (Armée nationale congolaise, branche armée du Rassemblement congolais pour la démocratie ou RCD-Goma), la semaine dernière, dans les Hauts Plateaux de Bishanga, Bitonga et Nyamatomwa, à 4 km de Minova (voir carte), ont entraîné le déplacement de près de 3000 personnes vers Minova, selon l'administration du territoire.

L'arrivée de ces déplacés a entraîné un grave problème d'approvisionnement en eau. Une épidémie de choléra s'est déclarée entre Kalehe et Minova. Les réserves hydriques étant déjà insuffisantes pour la population locale, un afflux supplémentaire de déplacés risquerait d'aggraver la situation sanitaire.

OCHA fait également état d'informations recueillies par des ONG (organisations non gouvernementales) selon lesquelles la situation humanitaire serait alarmante dans le territoire de Walungu. La malnutrition deviendrait un problème sérieux, la population a en effet cessé de cultiver en raison du pillage systématique de leurs récoltes par différents groupes armés. Les attaques de villages sont légion, les violations des droits de l'homme affectant les civils aussi.

La zone est cependant pratiquement inaccessible aux intervenants humanitaires du fait de l'insécurité. Des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) se seraient déplacées de la plaine de la Ruzizi vers les Hauts Plateaux autour de Ngongo, indique encore OCHA. Des points de contrôle ont par ailleurs été érigés sur l'axe Luvungi-Kamanyola où des taxes sont illégalement perçues.

Le groupe Rasta, dissident du FDLR, opère lui aussi à la limite du territoire de Walungu. Selon des sources locales, ce groupe, qui n'a aucune motivation politique, se livre essentiellement à des actes criminels, des pillages, des viols. Enfin, selon les mêmes sources, les milices, introduites par l'APR (Armée Patriotique du Rwanda) avant son retrait du territoire congolais, constituent une menace constante pour les populations, régulièrement victimes de leurs exactions.

L'opération des Forces Armées de la RDC (FARDC), soutenue par la MONUC, la mission des Nations Unies en RDC, prévue cette semaine et qui a pour objectif d'inciter ces groupes armés à désarmer (voir notre dépêche du 8 novembre), fait par ailleurs craindre à OCHA une augmentation des exactions et des déplacements de populations dans les prochains jours.

Enfin, la Coordination humanitaire de l'ONU est arrivée à la conclusion que les « virulentes manifestations de la population d'Uvira » qui ont accompagné le retour des réfugiés Banyamulenge [des Congolais d'origine Tutsi ou associés, dans l'opinion publique, à cette ethnie], ne faisaient que traduire « un sentiment de plus en plus marqué d'exclusion ethnique. »

« Une psychose anti-rwandaise s'installe peu à peu dans les localités de retour, indique OCHA qui précise que « les conflits liés au recouvrement des postes professionnels occupés anciennement par les Banyamulenge » aggravent le malaise.

Le Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires à Bukavu multiplie les contacts afin d'éviter la répétition du scénario d'Uvira. Dans le même temps, des retours spontanés de réfugiés congolais en provenance de la Tanzanie sont constatés sur l'axe Uvira -- Baraka -- Fizi. Ils seraient entre 100.000 et 150.000 à attendre le départ.