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HCR : un nombre croissant de « Montagnards » du Vietnam se rendent au Cambodge.

HCR : un nombre croissant de « Montagnards » du Vietnam se rendent au Cambodge.

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Ils traversent la frontière du Vietnam pour se rendre au Cambodge dans l'espoir que l'agence de l'ONU pour les réfugiés pourra les aider à récupérer leurs terres confisquées dans leur pays d'origine. Une fois leurs espoirs déçus, la majeure partie des près de 500 membres d'une minorité connue sous le nom de Montagnards a refusé la réinstallation dans un pays tiers et opté pour le retour au Vietnam.

« Un nombre croissant de 'Montagnards' quittent le Vietnam pour le Cambodge sur la base d'information erronées selon lesquelles le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pourrait les aider à récupérer leurs terres confisquées, indique aujourd'hui un communiqué de l'agence.

Ces membres de minorités des hauts plateaux du Vietnam reprochent notamment au Gouvernement vietnamien d'avoir confisqué leurs terres ancestrales, de ne pas reconnaître leur liberté de culte pour ceux d'entre eux qui font partie d'Eglises évangéliques protestantes non autorisées et de ne pas pouvoir étudier dans leur langue maternelle.

Lors de ces trajets à travers la frontière, « ces populations s'exposent à des dangers et plongent le HCR dans un dilemme, dans la mesure où le rapatriement n'est pas assuré et où nombre d'entre eux ont refusé d'être réinstallés », indique l'agence de l'ONU qui précise que son mandat « est d'assurer une protection internationale aux réfugiés et pas de résoudre des différends fonciers ».

Un total de 441 Montagnards s'est présenté au HCR, qui a procédé à leur enregistrement et les a transportés vers la capitale du Cambodge, Phnom Penh, afin d'évaluer leur statut de réfugié. Le Gouvernement cambodgien, qui a indiqué que la réinstallation sur place n'était pas une option, a demandé à ce qu'ils soient rapidement réinstallés dans un pays tiers.

L'agence de l'ONU pour les réfugiés et les autorités cambodgiennes ont mené cinq missions dans les Etats frontaliers du Ratanakiri et du Mondulkiri, ces quatre derniers mois, à la suite d'informations laissant entendre que des demandeurs d'asile Montagnards seraient cachés dans la jungle.

Lors des entretiens dans le cadre des demandes d'asile, il est clairement apparu que « tous ne fuient pas les persécutions », a dit aujourd'hui à Genève le porte-parole du HCR, Ron Redmond, lors d'un point avec la presse, mais qu'ils étaient partis à la suite de rumeurs indiquant que l'ONU pourrait les aider à récupérer leurs terres.

Une fois établi que ce n'était pas le cas, « certains demandeurs d'asile ont fait savoir qu'ils voulaient rentrer au Vietnam et qu'ils ne feraient pas appel de la décision de ne pas les reconnaître en tant que réfugiés », a précisé Ron Redmond.

Toutefois, parmi les personnes reconnues comme réfugiés et qui se sont vues offrir la possibilité d'être réinstallées dans un pays tiers, la majorité a rejeté cette option, indique le communiqué qui précise que 38 personnes sur 148 seulement avaient accepté de partir pour les Etats-Unis.

Le HCR craint que des pressions de la part d'autres Montagnards ne soient à l'origine de ce refus, qui pourrait être contraire à l'intérêt des demandeurs d'asile, précisant toutefois que certains avaient cité leur préoccupation quant aux familles restées au Vietnam et aux difficultés d'adaptation dans un nouveau pays.