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L'ONU en situation financière encore « délicate »

L'ONU en situation financière encore « délicate »

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Une situation financière peut-être améliorée en termes de liquidités en 2004 mais grevée par les arriérés de paiement au budget ordinaire, encore plus importants dans le cas des tribunaux de l'ONU, et l'augmentation importante des demandes de contributions de maintien de la paix, tel est le tableau dressé aujourd'hui par la responsable de la gestion de l'Organisation.

Si la situation financière de l'ONU s'est améliorée en 2004, avec un niveau de liquidités qui devrait s'élever à 113 millions de dollars à la fin de l'année au lieu de la situation « extrêmement précaire » qu'a connu l'ONU à la fin 2003, date à laquelle le même poste de son budget ordinaire était clôturé à 23 millions de dollars, elle reste « délicate », a indiqué aujourd'hui la Secrétaire générale adjointe à la gestion de l'ONU qui effectuait son point de presse annuel sur la situation financière de l'Organisation.

Elle a précisé toutefois que cette estimation du solde des liquidités à la fin 2004 était basée sur la promesse faite par les Etats-Unis de verser prochainement 300 millions de dollars dus au titre de leur quote-part.

Le nombre des pays n'ayant pas payé en totalité leur quote-part au budget ordinaire de l'ONU se situait au 29 octobre dernier à 114, ce qui laisse à l'ensemble des Etats membres de l'ONU trois mois pour battre le record établi en 2000 par les 141 pays ayant payé leur dû avant la fin de l'année. Le plus faible résultat a été obtenu en 2002 avec seulement 117 pays s'étant acquitté de leurs obligations financières avant la fin décembre.

Avec 530 millions de dollars non encore versés au 29 octobre, les Etats-Unis devaient la majeure partie des 706 millions que l'ONU n'avait pas encore reçue au titre de l'année en cours, le Brésil devant 76 millions de dollars, l'Argentine 18 millions et l'Iraq 13 millions, l'Arabie saoudite et le Mexique chacun 10 millions et les 71 autres Etats 49 millions.

Le niveau des contributions au maintien de la paix impayées, 2,4 millions de dollars doivent être analysées dans le contexte d'une « augmentation très significative » des demandes de contributions qui s'élevaient à 4,5 milliards au 29 octobre au lieu de 2,3 milliards en 2003. Sur la somme impayée, environ 1,4 million reste dans le délai normal du règlement à 30 jours.

Même si Catherine Bertini a souligné les délais de paiement des sommes dues aux pays contributeurs de troupes, le Contrôleur de l'ONU, Jean-Pierre Halbwachs, qui était également présent, a indiqué en réponse à une question, qu'il n'était pas sûr que les 605 millions d'arriérés de versement aux pays contributeurs de troupes seraient jamais intégralement versés, même s'il a déclaré que l'ONU faisait son possible pour que cela soit le cas.

Les problèmes financiers des tribunaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie continuent à être source d'une vive préoccupation, a indiqué Catherine Bertini qui a précisé qu'au 29 octobre, seuls 79 Etats-membres avaient payé la totalité de leurs quotes-parts.

Faisant valoir que les tribunaux avaient déjà été soumis à des réductions de leurs dépenses et au gel de l'embauche, elle a fait remarquer que d'autres mesures du même ordre étaient susceptibles de les amener à prolonger la durée de leurs travaux ce qui voulait dire que les Etats membres seraient mis à contribution plus longtemps. « Il est donc contre-productif de ne pas payer et d'en finir », a-t-elle fait remarquer.

Le seul poste budgétaire pouvant servir à financer les tribunaux étant celui alimenté par les missions cessant leurs opérations, une pratique désignée par le terme d'emprunt croisé devrait, selon les estimations, finir l'année avec 27 millions de dollars « ce qui ne représente pas une réserve importante et risque de poser de très sérieux problèmes à l'Organisation », a fait observer Mme Bertini.