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Libéria : la Mission de l'ONU répondra «avec une force maximale» aux émeutes

Libéria : la Mission de l'ONU répondra «avec une force maximale» aux émeutes

Jacques Paul Klein
Le chef de la Mission de l'ONU au Libéria a lancé un avertissement aux pilleurs qui violeraient le couvre-feu imposé dans la capitale, Monrovia, après les violentes émeutes d'aujourd'hui et la destruction de lieux de culte, prévenant que l'instabilité risquait d'entraver le retour des réfugiés et de diminuer la confiance des donateurs internationaux.

« La Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) a lancé un ferme avertissement aux émeutiers qui ont attaqué des civils innocents et causé d'importantes destructions de biens, notamment des lieux de culte, des commerces et des résidences dans la capitale, Monrovia, et ses alentours », indique aujourd'hui un communiqué de la Mission.

« J'ai donné des ordres aux unités militaires et de police de la MINUL pour qu'elles se déploient dans toutes les zones affectées et qu'elles réagissent avec la force maximale à toute violence contre les civils innocents et leurs biens » a déclaré aujourd'hui Jacques Paul Klein, Représentant spécial du Secrétaire général et Coordonnateur des opérations des Nations Unies au Libéria, lors d'un message à la radio de la Mission.

Jacques Paul Klein a déclaré que la MINUL mettrait en œuvre un couvre-feu applicable à tous les résidents de Monrovia, mis en place par Gyude Bryant, Président du Gouvernement de transition nationale du Libéria (GTNL).

« Tous les Libériens comme les membres du personnel international doivent se plier au couvre-feu qui sera strictement appliqué. Tout individu non autorisé surpris à l'extérieur pendant les heures du couvre-feu sera présumé être un causeur de trouble », a prévenu M. Klein.

Appelant à la cessation immédiate des « actes de violence », M. Klein a déclaré que la MINUL réagirait avec force à tout groupe ou individu qui se livrerait à des destructions ou des actes de violence gratuits.

« Je suis extrêmement affligé de voir que des Libériens innocents, qui ont survécu à 14 ans de conflits et qui viennent juste de recommencer une vie normale puissent être soumis à cette situation inacceptable », a-t-il souligné.

Appelant à l'unité et à la réconciliation nationale, il a notamment demandé aux « anciens de la société libérienne ainsi qu'aux dirigeants religieux » d'intervenir immédiatement et de s'associer à la MINUL pour mettre fin à la violence.

M. Klein a souligné que le maintien d'un « climat d'instabilité » rendrait impossible la poursuite du processus de rapatriement des réfugiés libériens en provenance des pays voisins, ainsi que la retour des personnes déplacées à l'intérieur du Libéria qui doit commencer dans trois jours.

L'instabilité « entravera aussi la réinsertion des ex-combattants et les préparatifs pour l'élection de 2005. De plus, cela découragera les pays donateurs qui ont promis 450 millions de dollars pour la reconstruction du Libéria », a ajouté le Représentant spécial, précisant que certains d'entre eux remettaient déjà en cause la volonté des libériens de mettre la violence de côté et de travailler à la paix, la réconciliation et la reconstruction.

Selon le communiqué, les émeutes ont commencé dans la banlieue de Monrovia, dans les quartiers de Red Light et Paynesville, pour se propager à Somalia Drive, Congo Town et le centre ville.

La MINUL a commencé par déployer ses forces de police pour disperser les pilleurs, utilisant des gaz lacrymogènes après l'escalade de la situation.

« Les causes exactes des violences sporadiques » restent encore à établir. Le porte parole de la MINUL, James Boynton, a toutefois indiqué au Service d'information de l'ONU que le conflit avait commencé entre marchants dans le quartier de Paynesville, où des Musulmans Mandingue essaient de s'établir, et que des éléments criminels profité de la situation, précisant que les chefs religieux chrétiens et musulmans avaient signalé la destruction de mosquées et d'églises appartenant aux Témoins de Jéhovah.