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Des projets collectifs pour rassembler les communautés à l'Est de la R. D. du Congo

Des projets collectifs pour rassembler les communautés à l'Est de la R. D. du Congo

Installation d'un camp de transit près d'Uvira, en RDC
La Coordination humanitaire de l'ONU, alertant sur un retour massif de réfugiés en République démocratique du Congo (RDC) en prévision des prochaines élections, recommande de préparer ces retours pour éviter les tensions entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés, notamment en lançant des projets d'intêret collectif.

Les derniers développements à Uvira ont mis en évidence, avec une acuité particulière, les difficultés sous-jacentes liées à la réintégration dans la société congolaise des populations rapatriées mais aussi par extension des familles de retour à la suite d'un déplacement interne et des soldats démobilisés, indique le Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA) dans un communiqué publié aujourd'hui.

Le 12 octobre dernier, le retour d'un groupe de réfugiés congolais, essentiellement composé d'enfants, de femmes et de personnes âgées, 1 618 personnes selon le service de l'émigration, bloquées dans la zone neutre de la frontière congolo-burundaise, avait été accueilli par des émeutes de la population locale, dans la ville d'Uvira (carte) (voir notre dépêche du 13 octobre).

Mais « ces premières vagues de retour sont annonciatrices d'un mouvement plus important » souligne le département de l'ONU, « un rapatriement massif des réfugiés congolais en RDC en vue des élections programmées en juin 2005 étant d'ores et déjà annoncé. »

Selon OCHA, une amélioration de la situation sécuritaire pourrait de la même manière accentuer les mouvements de retour des personnes déplacées vers leurs lieux d'origine tandis que la mise en oeuvre du Programme national de désarmement et réinsertion allongera la liste des personnes susceptibles de revenir chez elles.

Partant du constat que « rapatriés et démobilisés font souvent face aux mêmes réalités une fois revenus chez eux : rejet par leur communauté d'origine, actes de vengeance personnelle, spoliation ou destruction de leurs biens, occupation de postes professionnels par d'autres personnes », la Coordination humanitaire de l'ONU préconise un effort concerté de tous les acteurs dans chaque domaine d'intervention, par exemple, la mise en oeuvre de plans intérimaires de désarmement, avant la mise en oeuvre du Programme national de désarmement et réinsertion

Mais les interventions possibles sont multiples et ont été mises en exergue à Uvira, lors d'une réunion entre la délégation du gouvernement de Transition, les autorités provinciales, la MONUC et la délégation humanitaire conduite par OCHA, indique le communiqué.

« L'assistance humanitaire délivrée dans une zone de retour devra bénéficier équitablement à ceux de retour et à ceux qui sont restés afin d'éviter les tensions sociales ».

De façon concrète, OCHA souligne notamment l'importance de « développer des projets à haute intensité de main d'oeuvre ».

« Ces projets présentent un double avantage. Le recours à une masse de main d'oeuvre importante incluant les personnes revenues favorise la réconciliation autour d'un objectif commun qui est la construction ou la réhabilitation d'un ouvrage d'intérêt public », outre que les initiatives de relance des outils de production peuvent contribuer à endiguer le chômage et les risques d'exclusion sociale dont les conséquences peuvent être dramatiques.

S'il n'est pas possible de mettre en place ces projets « sans la manifestation d'une volonté politique internationale et le soutien des bailleurs de fonds à ces activités », OCHA insiste sur « la responsabilité première du gouvernement d'assurer assistance et protection à ses propres populations ».

C'est aussi par la voie du dialogue entre différents groupes ethniques et politiques que les retours pourront se faire dans la sérénité.

« A cet égard, le développement de "Barzas" inter-communautaires, ces lieux d'échange populaire, devraient s'inscrire dans cette dynamique » indique le Bureau de la coordination humanitaire de l'ONU, qui préconise aussi l'implication des autorités nationales mais aussi locales, qu'elles soient administratives, coutumières, religieuses ou policières pour éviter les tensions entre les différents groupes.

Ces autorités « devront sensibiliser dans un premier temps les populations autochtones à ces retours », leur rôle étant aussi primordial tant dans le règlement des litiges fonciers ou professionnels que dans la prévention de règlements de compte.

Selon la Coordination humanitaire de l'ONU, c'est enfin par « une diffusion massive des principes applicables au retour des populations et un plaidoyer actif en faveur de la réconciliation » que l'on participera à la pacification sociale du pays.