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Rechercher la désescalade et le dialogue au Soudan, préconise Jan Pronk

Rechercher la désescalade et le dialogue au Soudan, préconise Jan Pronk

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Présentant ce matin le rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité, son Représentant spécial a proposé un véritable programme global d'action pour relever le Soudan, et le réintégrer dans le concert des nations, le seul moyen, selon lui, d'y parvenir étant de chercher à modifier la nature du régime plutôt que le régime lui-même.

Trois conditions devront être remplies pour parvenir à un règlement global des conflits au Soudan, a déclaré aujourd'hui le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Jan Pronk, lors de sa présentation du rapport du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Tout d'abord, « les dirigeants politiques, y compris le Gouvernement, doivent prendre soin de leur population, la protéger, garantir ses droits en tant que citoyens et en tant qu'êtres humains, et leur donner une chance de vivre une vie décente », a déclaré Jan Pronk, ajoutant que « l'attention portée aux plus faibles et aux pauvres était une denrée rare à Khartoum » (carte).

Par ailleurs, le cadre constitutionnel et institutionnel doit refléter la diversité de la nation, fournir un niveau équitable d'autonomie.

Enfin, a souligné le Représentant spécial, « le développement économique doit être fondé sur une distribution équitable des ressources naturelles ».

« Comment la communauté internationale peut-elle aider à remplir ces conditions », s'est interrogé Jan Pronk, qui a répondu en proposant une véritable stratégie globale en sept points visant à relancer le développement économique du Soudan, et à le réintégrer au sein de la communauté internationale.

Il a préconisé une approche tripartite, combinant assistance humanitaire, sécurité et protection et règlement des causes fondamentales du conflit. « Ces trois éléments sont nécessaires, aucun n'est suffisant à lui seul ».

Il faut créer aussi les conditions d'une transition rapide entre la phase de l'aide et de la protection et celle du relèvement, du renforcement des capacités et du développement. Sinon, a prévenu Jan Pronk, « le Soudan deviendra un pays de mendiants, le théâtre potentiel d'action pour des forces extérieures visant la déstabilisation internationale ».

L'assistance internationale doit encore être accrue : « Quatre millions de Soudanais étaient déjà déplacés ou réfugiés avant le conflit au Darfour, 'victimes d'une guerre oubliée' ». Le conflit en a créé 1,4 millions de plus et ce chiffre pourrait croître jusqu'à atteindre 3 ou 4 millions supplémentaires « si la guerre civile continue et rend l'agriculture interne et la production alimentaires impossibles ».

Au plan politique, une solution globale doit être recherchée : « les populations de toutes les zones du Soudan doivent être incluses dans le processus national : les mouvements rebelles, les dirigeants tribaux de tous le pays, les groupes d'opposition à Khartoum ou en exil, les chefs religieux, la société civile, les groupes de femmes et enfin les jeunes ».

« Faire du règlement des conflits au Soudan un projet africain », a encore invité le Représentant spécial du Secrétaire général : « Fournir à l'Union africaine les ressources nécessaires dans tous les domaines, éviter la compétition pour les ressources », a-t-il préconisé, soulignant que L'Union africaine était une « tierce partie » absolument nécessaire.

« Il n'y a pas d'alternative », face à « la crise humanitaire la plus grave à l'heure actuelle », a souligné Jan Pronk qui a prévenu que ce « conflit créé par l'homme, s'il n'était pas convenablement réglé, pourrait créer les conditions d'une crise régionale voire mondiale ».

« Exercer des pressions sur les dirigeants politiques actuels afin qu'ils modifient leurs politiques en faveur des objectifs fixés », cette autre proposition, Jan Pronk l'a détaillée plus avant en décourageant le défaitisme : « les pressions politiques ont un effet, voilà l'une des leçons tirées des trois derniers mois ».

« Une pression constructive, l'absence de signaux contradictoires, l'absence de message donnant l'impression que ce que fait le régime pour respecter ou non les conditions n'a aucune importance parce que le régime doit être remplacé de toutes façons », a fait valoir Jan Pronk.

« Combiner les pressions sur le régime avec un processus de suivi adéquat, et un degré équitable de confiance et de reconnaissance des performances positives », tout en ne laissant aucune alternative que celle de respecter les demandes de la communauté internationale, a-t-il ajouté.

C'est que, selon le Représentant spécial du Secrétaire général, il faut « viser non pas un changement de régime mais un changement de la nature du régime [...] dans l'intérêt du régime lui-même » en faisant clairement savoir que, s'il respecte ses engagements, il pourra être considéré comme « un partenaire respecté de la communauté internationale ».

Enfin, Jan Pronk préconise le « renforcement de la confiance entre les groupes en conflit » pour éviter « un antagonisme général entre les populations ».

« Une fois que les conflits au Soudan seront perçus comme une conflagration entre les cultures – Arabes contre Africains, Soudan contre l'Ouest, Islam contre le reste – ils deviendront ingérables et pourront se propager en d'autres lieux », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il fallait « se livrer à une désescalade » et rechercher le dialogue plutôt que la confrontation » a conclut le Représentant spécial du Secrétaire général.

Dans l'immédiat, ce dernier a proposé au Conseil de sécurité d'envoyer une délégation en tant qu'observateur au Kenya, le 7 octobre, où reprendront les négociations de paix entre le Gouvernement de Khartoum, représenté par son Vice-Président, Ali Osman Mohammed Taha, et John Garang, le chef de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLM), mouvement rebelle du Sud (voir notre dépêche du 4 octobre).

Qualifiant ces accords de cruciaux, voire de « la dernière chance », Jan Pronk suggère au Conseil de sécurité que l'envoi de cette délégation « exprime clairement que la communauté internationale observe le processus et n'acceptera pas facilement de délai ou d'entrave de quelque partie que ce soit.

- Dossier Soudan du site de l'ONU