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Darfour : la mission des Droits de l'homme de l'ONU en faveur d'une police internationale dans la région

Darfour : la mission des Droits de l'homme de l'ONU en faveur d'une police internationale dans la région

Louise Arbour et Juan Méndez
La Haut Commissaire aux droits de l'homme et le Conseiller pour la prévention du génocide de l'ONU, au sortir de consultations à huis clos du Conseil de sécurité pendant lesquelles ils ont présenté les conclusions de leur mission au Darfour, ont déclaré que seul l'envoi de policiers internationaux pouvait améliorer la situation dans cette région en crise du Soudan.

« Je ne crois pas que le seul fait d'accroître le nombre de policiers soudanais suffira à rétablir la confiance et à réellement surmonter le sentiment d'insécurité et de peur qui prévaut dans les camps », a déclaré à la presse la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Louise Arbour accompagnée du Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Juan Méndez, après qu'ils ont présenté aujourd'hui les conclusions de leur mission commune au Conseil de sécurité.

La Haut Commissaire et le Conseiller spécial de l'ONU ont été chargés par le Secrétaire général de se rendre au Darfour pour étudier les moyens de protéger la population civile et ont conduit une mission au Soudan et principalement dans la province du Darfour du 18 au 25 septembre derniers.

Mme Arbour a ajouté que, dans certains camps, le nombre des policiers était nettement insuffisant, de l'ordre de cinq policiers stationnés à l'extérieur d'un camp abritant 50 000 personnes déplacées, mais que, même dans les cas où la présence policière a été considérablement accrue, il n'existait pratiquement aucun échange entre la police et la communauté des camps qui, de toutes les façons, ne lui faisait aucune confiance.

Tout en soulignant à la fois le dévouement impressionant des observateurs de l'Union africaine, leur nombre limité et leur manque de ressources, Mme Arbour et M. Méndez se sont prononcés en faveur de l'augmentation de leur effectif et de l'élargissement de leur mandat.

M. Méndez, après avoir insisté sur le fait que lui-même n'était pas mandaté pour déterminer si un génocide avait lieu ou non au Darfour, a toutefois appelé la communauté internationale à rester extrêmement vigilante dans les semaines et les mois à venir. « La vulnérabilité de certains groupes ethniques et l'instabilité de la situation en général me font penser que nous n'avons pas passé le cap qui nous permette d'exclure la possibilité qu'un génocide se produise dans l'avenir ou même dans un avenir proche », a-t-il déclaré.

Avant de quitter le Soudan, le 25 septembre dernier, Mme Arbour avait déclaré à la presse que 1,45 million environ de personnes déplacées du Darfour « vivaient dans des prisons sans murs » (voir notre dépêche du 27 septembre),

Le ministre des Affaires étrangères du Soudan, Moustafa Osmane Ismaïl, a à son tour présenté aujourd'hui son analyse de la situation au Conseil de sécurité dans l'après-midi, également dans le cadre de consultations à huis clos.