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Darfour : rapport de la mission des droits de l'homme bientôt devant le Conseil de sécurité

Darfour : rapport de la mission des droits de l'homme bientôt devant le Conseil de sécurité

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Des mesures immédiates peuvent être prises pour protéger la population sans attendre le règlement politique de la situation au Darfour, a indiqué la Haut Commissaire des droits de l'homme, au terme de sa mission dans cette région sinistrée de l'Ouest du Soudan. Mme Arbour et le Conseiller spécial sur la prévention du génocide vont remettre leur rapport au Secrétaire général avant de le présenter devant le Conseil de sécurité.

Au terme d'une visite au Darfour et à Khartoum, effectuée à la demande du Secrétaire général de l'ONU, en compagnie du Conseiller spécial sur la prévention du génocide, Juan Méndez, afin d'y étudier des mesures de protection des civils au Darfour, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Louise Arbour, a déclaré que les quelque 1,45 million de personnes déplacées du Darfour « vivaient dans des prisons sans murs », indique un communiqué rendu public aujourd'hui par l'ONU à Genève.

La mission a entendu des témoignages qui traduisent un sentiment généralisé d'insécurité, poursuit le communiqué. Les personnes déplacées ne peuvent envisager un retour dans leurs foyers car elles n'ont pas confiance que le Gouvernement soudanais les protégera, estimant, au mieux, qu'il ne répondera pas de façon adéquate à leurs préoccupations et, au pire, qu'ils sont complices des responsables des violences, notamment les groupes armés et les milices généralement désignées comme les janjawids.

La Haut-Commissaire et M. Méndez ont constaté une différence importante de perception de la situation entre, d'une part, les autorités soudanaises et, d'autre part, les personnes déplacées, les organisations internationales et les groupes non gouvernementaux nationaux et internationaux.

La façon dont les autorités voient la situation est visiblement « déconnectée » comme en témoigne en particulier le déni officiel s'agissant de l'étendue et de la gravité des viols et de la violence sexuelle dont sont victimes les femmes du Darfour, a déclaré Mme Arbour.

Evoquant les femmes violées qui ont parlé de la honte qu'elles ressentent, elle a fait valoir qu'il était temps que la honte change de camp et stigmatise les auteurs de ces crimes et de ceux qui permettent qu'ils se produisent.

Même si elle s'est dite convaincue qu'une solution durable à la crise dépendait d'un règlement politique entre les parties belligérantes, elle a également affirmé que des mesures pouvaient et devaient être prises dès à présent afin de mieux protéger les personnes déplacées et la population du Darfour en général.

M. Méndez a pour sa part indiqué que Mme Arbour et lui-même préparaient un plan d'action et des recommandations à l'intention de la communauté internationale. Il a ajouté que la présence internationale avait amélioré la situation en matière de sécurité au Darfour et qu'un renforcement de cette présence, notamment l'envoi d'observateurs des droits de l'homme, pourrait contribuer à prévenir de nouvelles violations massives.

Mme Arbour et M. Méndez remettront la semaine prochaine un rapport et des recommandations au Secrétaire général et effectueront le bilan de leur mission devant le Conseil de sécurité.