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CNUCED : investissement en baisse en Europe centrale et orientale avant le rebond

CNUCED : investissement en baisse en Europe centrale et orientale avant le rebond

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La baisse importante de l'investissement direct en Europe centrale et orientale n'empêche pas que, sous l'effet conjugué de la reprise et de l'entrée de huit pays de la région dans l'Union européenne (UE), celle-ci ne devienne la destination la plus intéressante pour les investisseurs en 2004-2005, indique le dernier rapport de l'agence de l'ONU pour le commerce et le développement.

L' « effondrement » de l'investissement étranger direct (IED) en Europe centrale et orientale, passé d´un niveau record de 31 milliards de dollars en 2002 à 21 milliards de dollars en 2003, est « inattendu », selon le Sous-Secrétaire général de la CNUCED (Conférence des Nations sur le commerce et le développement), Carlos Fortin, cité dans un communiqué de l'agence.

Le phénomène s'explique essentiellement par la fin de la privatisation en République tchèque et en Slovaquie, l'an dernier, explique le rapport que vient de publier la CNUCED, intitulé « Rapport sur l´investissement dans le monde 2004 : la montée en puissance du secteur des services » (World Investment Report 2004: The Shift Towards Services) qui table par ailleurs sur une reprise à moyen terme de la croissance de l´IED en Europe centrale et orientale.

L´investissement étranger direct a augmenté dans 10 pays de la région et diminué dans 9 en 2003, la plupart des pays recevant moins d´un milliard de dollars, met en évidence ce document. Il a fléchi en Fédération de Russie où il se trouve ramené de 3,5 à 1 milliard de dollars. La part de l´IED dans la formation brute de capital fixe en Europe centrale et orientale a également chuté de 17% en 2002 à 10% en 2003.

Si les résultats modestes enregistrés dans la région l´an dernier montrent qu´il n´y a eu aucun détournement important des flux d´IED en provenance des anciens membres de l´UE vers les pays d´Europe centrale et orientale, huit des pays de la région qui ont rejoint l´UE en 2004 pourraient, selon certaines conjectures, attirer des investissements de pays non européens.

En 2003, ces huit pays (République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovénie et Slovaquie) dont l'intégration à l'Union est devenue effective en mai 2004, ont en fait constaté une diminution de l´IED ramené de 23 milliards de dollars en 2002 à 11 milliards de dollars en 2003.

En ce qui concerne l'investissement étranger direct provenant de la région, la Fédération de Russie, avec 59% du total, s´est « taillée la part du lion », indique la CNUCED.

La prédominance habituelle des entreprises russes ressort clairement du classement des premières sociétés transnationales (STN) d´Europe centrale et orientale publié dans le rapport. Les STN les plus importantes ont tenu bon en 2002 en dépit du ralentissement de l´économie mondiale.

Cela tient au fait que les STN de la Fédération de Russie et de la Croatie en particulier ont anticipé l´élargissement de l´Union européenne en espérant prendre pied sur le marché européen élargi à 25 membres, explique l'agence qui précise que le secteur des STN est dominé par des entreprises qui exploitent des ressources naturelles et par des sociétés de transports.

D´après ce nouveau rapport de la CNUCED, la croissance économique devrait favoriser l´augmentation de l´IED en Europe centrale et orientale et les flux d´IED à destination des nouveaux membres de l´Union européenne connaître un "second souffle", les investisseurs traditionnels cherchant à tirer parti des nouveaux avantages géostratégiques de ces pays.

Le rapport souligne également que plusieurs nouveaux membres de l´UE soucieux d'améliorer leurs avantages compétitifs, ont abaissé leurs impôts sur les sociétés pour les ramener à des niveaux comparables à ceux appliqués dans des pays comme l´Irlande.

Sous l´effet conjugué de taux d´imposition des sociétés peu élevés, de salaires relativement bas et d´un accès à des subventions de l´Union européenne - renforcé par l´environnement favorable aux investissements, une main-d´œuvre hautement qualifiée et un libre accès aux marchés des autres membres de l´Union - les nouveaux pays membres sont devenus des destinations intéressantes pour l´IED, provenant aussi bien d´autres pays de l´Union européenne que de pays tiers.

"Il n´est donc pas surprenant que l´Europe centrale et orientale offre des perspectives intéressantes pour l´IED" affirme Karl P. Sauvant, Directeur de la Division de l´investissement de la CNUCED. En effet, plus des deux tiers des principales STN et des experts en localisation d´entreprises interrogés par la CNUCED début 2004 s´attendaient à une remontée des entrées d´IED en 2004-2005. C´est parmi toutes les régions celle pour laquelle la proportion des réponses allant dans ce sens est la plus élevée.