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Haïti : le chef de l'ONU met en garde ceux qui voudraient s'opposer au gouvernement

Haïti : le chef de l'ONU met en garde ceux qui voudraient s'opposer au gouvernement

Les Nations Unies et la communauté internationale ne veulent pas la violence en Haïti mais il est très clair que le mandat donné à la MINUSTAH par le Conseil de Sécurité nous obligerait à un certain moment à affronter les groupes armés dans le cadre de la légalité de l'Etat, a indiqué le chef de l'ONU dans le pays qui s'est toutefois dit confiant dans les négociations engagées par le Gouvernement haïtien avec les anciens militaires.

« Les conditions de sécurité et les progrès à réaliser dans le processus d'institutionnalisation sont des conditions nécessaires à l'appui économique de la communauté internationale en Haïti », a déclaré aujourd'hui à la presse le Représentant spécial de l'ONU pour Haïti et chef de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti, ( MINUSTAH), Juan Gabriel Valdès.

« Ceux qui auraient l'intention de s'opposer aux initiatives du gouvernement ou des institutions empêcheraient aussi l'aide dont le peuple haïtien a si urgemment besoin, d'être acheminée correctement », a ajouté M. Valdès.

En commentaire à la récente déclaration du Conseil de Sécurité de l'ONU sur la situation dans le pays, le Représentant spécial a déclaré que la Conseil « souhaitait un dialogue approfondi et ouvert à tous les Haïtiens sans exclusion » et que la tâche de la Mission était d'apporter son appui à cette entreprise.

« Toutefois, la communauté internationale ne peut remplacer les Haïtiens, eux-mêmes, dans leur quête de compromis et de terrain d'entente », a fait observer M. Valdès.

Il a attiré l'attention sur les événements importants qui s'étaient produit en Haïti, au cours de la semaine écoulée, spécialement la création de commissions de travail avec les ex-militaires mais aussi l'accroissement du sentiment d'insécurité au sein la population.

« La MINUSTAH se réjouit des négociations et appuie tous les efforts déployés au cours de la semaine dernière. Elle espère que les partis avanceront dans la bonne direction », a-il déclaré.

En réponse à une question posé par un membre de la presse, M. Valdès a fait observer que le 15 septembre était une date de référence dans le processus de dialogue, un processus politique et de défense des institutions haïtiennes qui vise au désarmement des groupes illégaux. Il a répété que l'ONU était satisfaite des négociations entamées avec les responsables des ex-FADH [ex-forces gouvernementales haïtiennes].

« Nous respectons la volonté du gouvernement du président Boniface Alexandre et du Premier ministre Gérard Latortue d'évoluer sur un chemin essentiellement politique », a-t-il poursuivi, ajoutant que les Nations Unies voulaient la paix en Haïti et apporteraient leur soutien au processus de dialogue « qui devra compter sur la participation de tous, sans exception » et inclure, a-t-il affirmé, la question du désarmement.

« Les Nations Unies et la communauté internationale ne veulent pas la violence en Haïti. Mais c'est très clair que le mandat donné à la MINUSTAH par le Conseil de Sécurité nous obligerait à un certain moment à affronter les groupes armés dans le cadre de la légalité de l'Etat », a-t-il déclaré.

A une question lui rappelant que les anciens militaires avaient dit clairement qu' ils ne remettraient pas leurs armes et lui demandant si, dans ce cas, la MINUSTAH employerait la force pour les désarmer, Juan Gabriel Valdès a exprimé à nouveau sas confiance dans le processus de négociation que le gouvernement a initié car, a-t-il déclaré, il est orienté vers la construction d'un climat de paix qui donnera la tranquillité aux Haïtiens. En ce qui concerne le désarmement, il s'est dit très satisfait du progrès réalisé par le gouvernement en ce qui concerne le dossier des anciens militaires.

M. Valdés a toutefois indiqué que l'ONU souhaitait que le gouvernement soit plus actif dans certains domaines, particulièrement dans le processus de désarmement et de dialogue national, ajoutant que la réussite de ce gouvernement est essentielle pour le développement du pays. « Le CEP (Conseil Electoral Provisoire) doit également être appuyé car sans ce Conseil, le processus démocratique électoral n'avancera pas. »

« Nous sommes inquiets au sujet des récentes violences qui se sont développées dans le pays ces dernières semaines, nous suivons cette situation », a-t-il souligné mais a ajouté que le temps seul jugerait de l'efficacité de l'action entreprise par l'ONU. Le moment n'est pas encore venu, a-t-il ajouté, la MINUSTAH n'étant pas complètement déployée de se livrer à une appréciation définitive.

Indiquant très bien comprendre l'impatience de ceux qui souffrent de l'insécurité, il a déclaré « qu'à la MINUSTAH, nous voyons aussi avec impatience la lenteur du déploiement de nos forces. »

A ce sujet, il a fait le point sur l'effectif militaire de la MINUSTAH à ce jour, indiquant que les contingents argentin, chilien, brésilien et uruguayen de la MINUSTAH s'élèvaient à un total de 2 770 soldats. D'ici au début du mois d'octobre, le nombre de militaires devrait passer à 5 000, a-t-il ajouté. Toutefois, un bataillon supplémentaire sera nécessaire afin d'atteindre l'effectif total de 6 700 hommes autorisé par le Conseil de Sécurité.

M. Valdès a précisé que des troupes du Pérou seraient déployées dans le Sud-est dès la première semaine d'octobre, que les unités du Sri Lanka et du Népal, qui arriveront également le mois prochain, seront stationnées respectivement dans le Sud-ouest de Port-au-Prince et dans le Plateau Central, notamment à Saint Marc, Hinche et Mirebalais.

Quant au bataillon conjoint du Maroc et de l'Espagne dont l'arrivée est attendue prochainement, il sera déployé dans le Nord-Est, dans les environs de Fort-Liberté, a ajouté le Représentant spécial qui a également indiqué que le Chili et l'Equateur avaient par ailleurs promis de fournir une compagnie de génie pour préparer les prochains déploiements de contingents devant réaliser de Projets à Effets Rapides (QIPS).

« Je fais appel à la classe politique haïtienne et à la société civile pour que tous apprécient l'importance du moment historique que vit le pays actuellement. Haïti ne peut se permettre un autre échec politique », a déclaré Juan Gabriel Valdès qui a prévenu que la communauté internationale ne pouvait attendre indéfiniment que les différents acteurs réalisent un effort généreux et ouvert pour parvenir des accords.

« Les vaines querelles et les prétentions sectorielles excessives ne font que prolonger la tragédie d'un peuple vivant dans la misère, une tragédie qui ne peut, à nouveau, être reléguée à l'arrière plan », a-t-il ajouté, soulignant qu'il adressait « ce message à tous, mais aussi avec la franchise que nécessite une amitié sincère. »

Le Représentant spécial a également fait le point sur l'aide apporté par les agences de l'ONU dans les différents départements ayant subi des effets du cyclone Ivan.

Pour le seul département du Sud, les équipes humanitaires ont distribué 700 kg de nourritures et de médicaments aux populations de l'Ile-à-Vaches et des Cayes.

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