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Comité anti-Al-Qaida au Conseil de sécurité : des sanctions mieux adaptées à l'étude

Comité anti-Al-Qaida au Conseil de sécurité : des sanctions mieux adaptées à l'étude

Heraldo Muñoz
Devant le Conseil de sécurité, le Président du Comité des sanctions contre Al-Qaida et les Taliban a affirmé aujourd'hui la nécessité pour la communauté internationale d'être aussi prompte à ajuster ses stratégies qu'Al-Qaida lui-même y compris en faisant évoluer les sanctions existantes ou en en adoptant de nouvelles.

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« Il me faut aujourd'hui redire que le terrorisme constitue l'une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales, qu'il affecte tous les Etats et, peut-être tous les individus », a déclaré aujourd'hui l'Ambassadeur du Chili Heraldo Muñoz, Président du Comité du Conseil de sécurité chargé de la lutte contre Al-Qaida et les Taliban et les « individus et entités associés », devant le Conseil de sécurité qui consacrait une séance à l'examen du rapport que lui a soumis le Comité sur les conclusions de son Equipe d'appui analytique (voir notre dépêche du 30 août).

Le Président du Comité connu aussi sous le nom de Comité 1267, en référence à la résolution qui l'a créé ( cf. le Dossier Lutte contre le terrorisme du site de l'ONU ) avait auparavant évoqué l'horreur provoquée par les attaques terroristes de Beslan qui s'en sont prises à des enfants, des femmes et des parents en Russie ainsi qu'à l'attaque à la bombe de l'ambassade australienne à Djakarta, soulignant que ces derniers événements n'étaient que « les rappels tragiques des efforts bien plus importants » qui devaient être accomplis pour vaincre le terrorisme.

Il a rappelé que, dans son rapport, l'Equipe d'appui analytique insistait sur la nécessité de « ne pas se reposer sur ses lauriers à ce moment crucial de la lutte contre Al-Qaida. »

« Il est dommage », a-t-il poursuivi, « que certains médias aient mal interprété le message central et ait conclu à 'un échec du système des sanctions'. »

L'Equipe note en réalité, a précisé M. Muñoz, que « la nature de la menace posée par Al-Qaida et les Taliban changent sans arrêt de même que Al-Qaida a évolué passant du stade d'organisation structurée et hiérarchisée à celui d'un réseau mondial de groupes qui n'ont pas de liens avec une organisation structurée mais sont rassemblés par un ensemble d'objectifs idéologiques communs. »

« La poursuite de la coopération avec les Etats-membres reste peut-être l'aspect le plus important du travail du Comité », a déclaré l'ambassadeur Muñoz, ajoutant qu'il importait, à cette égard, de travailler à l'amélioration de la liste des entités et individus ayant des liens avec Al-Qaida, à la multiplication des rencontres entre les Etats et le Comité et auxvisites de contrôle que les membres du Comité peuvent effectuer sur le terrain.

Les 429 individus et entités qui figurent actuellement sur la liste établie le Comité ne sont qu'une petite fraction de tous ceux qui sont en fait associés à Al-Qaida et aux Taliban, a souligné le Président du Comité qui a ajouté pouvoir comprendre les raisons qui poussaient certains Etats à ne pas communiquer les noms à ajouter à la liste, notamment la crainte de la stigmatisation.

« Le Comité et son Equipe d'appui analytique insistent sur le fait que les Etats membres ne devraient pas avoir l'impression qu'en reconnaissant qu'ils ont des problèmes de mise en œuvre ou qu'ils ont été exposés à des activités terroristes, leur prestige national ou leur réputation s'en trouveront altérés », a ajouté M. Muñoz. « Le fait est qu'aucun pays au monde ne peut se considérer à l'abri du terrorisme. »

Il a indiqué que le Comité allait demander à son Equipe d'appui analytique de lui soumettre un ensemble de corrections techniques à apporter à la liste et a encouragé les Etats-membres à soumettre des suggestions dans ce sens. Il a précisé également que le Comité allait étudier la façon d'éviter que les biens des individus décédés ne tombent entre les mains de terroristes.

Dans la mesure où « les terroristes internationaux ajustent rapidement leurs stratégies, tactiques et méthodes », le Président Muñoz a fait valoir que l'outil constitué par les sanctions « devait par conséquent être non seulement affûté et bien ciblé mais également utilisable. »

« Le Comité, aidé en cela par l'Equipe d'appui analytique, est en train de chercher à améliorer les sanctions existantes du point de vue de leur mise en œuvre ou même d'envisager d'en adopter de nouvelles. »

Un aspect du travail du Comité que M. Muñoz a vivement défendu, réside dans les visites sur place. « Même si un travail utile peut être fait à New York, être efficace dans la lutte contre le terrorisme implique une constante évaluation de la façon dont les sanctions sont appliquées sur le terrain. Me référant à ma propre expérience qui inclut des visites à plus d'une douzaine de pays, je suis convaincue que sans ce contrôle incessant sur le terrain, nos efforts peuvent rester infructueux », a-t-il déclaré ajoutant qu'il avait prévu de se rendre prochainement dans plusieurs pays « importants » d'Asie et d'Europe au mois de novembre.

« De même, a-t-il ajouté, l'Equipe d'appui analytique a l'intention de se rendre en Afrique, en Europe et en Asie de façon à promouvoir leur travail et à solliciter la coopération des Etats membres dans le cadre de leurs études de cas. »

Le Président Muñoz a enfin indiqué qu'il avait établi une relation de travail « active » avec le Président de l'autre Comité du Conseil de sécurité qui a pour mission de lutter contre le terrorisme, le Comité contre le terrorisme (CCT), et son Directeur exécutif et qu'il entendait renforcer encore cette coopération.