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Kofi Annan : toujours plus de multilatéralisme en Amérique latine comme au niveau mondial

Kofi Annan : toujours plus de multilatéralisme en Amérique latine comme au niveau mondial

Kofi Annan
L'Amérique latine qui a réalisé des avancées spectaculaires sans pour autant avoir toujours réussi à aller au-delà de la mise en place de démocraties électorales et créer des démocraties de citoyens, a un atout, a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général de l'ONU au Mexique, son multilatéralisme qui doit trouver un relais au niveau mondial dans l'établissement d'un système démocratique multilatéral.

« Les Latino-américains sont progressivement en train d'établir leurs démocraties. La plupart ont des traditions démocratiques solidement ancrées. D'autres sont plus jeunes et luttent pour les enraciner solidement », a déclaré aujourd'hui Kofi Annan dans une intervention lors de la cérémonie d'ouverture, dans la capitale du Mexique, d'un séminaire consacré à « la démocratie, la politique et l'Etat ».

Même si les résultats sont « parfois précaires et ont été contestés par la rue », a poursuivi le Secrétaire général, « les Latino-américains choisissent leurs gouvernements par la voix des urnes » et « du Venezuela à la Bolivie, des confrontations potentiellement explosives ont été gérées dans le cadre constitutionnel. »

Il a mis en avant les résultats obtenus, les nombreux Latino-américains sortis de la pauvreté, ceux qui ont accédé à un niveau de vie de classe moyenne, l'accès quasi généralisé à l'eau potable dans la plupart des centres urbains, le taux de mortalité infantile qui a diminué de près de la moitié de ce qu'il était il y a 25 ans, l'enseignement primaire devenu pratiquement universel tandis prés de 60% des jeunes latino-américains accèdaient à l'enseignement secondaire.

Comment se fait-il alors, a-t-il demandé, que l'humeur soit au doute, que le rapport sur la démocratie parrainé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ait suscité autant de frustrations ?

« Ses auteurs ont avancé une explication paradoxale et accablante », a poursuivi Kofi Annan. « La démocratie [latino-américaine] n'a pas encore répondu aux aspirations des pauvres de la région. »

Il a mis en garde toutefois contre la tentation d'en revenir aux approches qui ont échoué par le passé. « L'Amérique latine a besoin de plus de démocratie et non de moins de démocratie », a-t-il affirmé.

Mais « le but de tout pays latino-américain doit être de devenir une démocratie des citoyens et non simplement une démocratie électorale », a déclaré Kofi Annan qui a fait observer que « le vote n'avait pas produit un travail stable, une table bien garnie, l'accès à la propriété et pour de nombreux peuples autochtones, le simple sentiment de participer réellement à la vie politique de leur pays. »

Tout cela, selon le Secrétaire général, nécessite un leadership politique dont la responsabilité incombe également aux partis politiques « qui doivent être réformés s'ils veulent jouer le rôle qui devrait être le leur. »

Il a plaidé également en faveur d'un renforcement des institutions de telle sorte qu'elles « soient assez fortes pour résister à la corruption, assez transparentes pour soutenir l'examen et être dotées des ressources permettant de fournir un accès à la santé, à l'éducation et à d'autres services sociaux essentiels. »

« Pour relever ces défis, le grand atout de cette région est son multilatéralisme », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, « une tradition reflétée par le soutien mutuel que les démocraties sud-américaines s'apportent. »

Ces efforts, a-t-il ajouté, ne peuvent être dissociés des développements mondiaux. « Je partage la conviction répandue dans cette région qu'il nous faut un ordre international plus équitable et plus efficace, en somme un système multilatéral plus démocratique. »

L'an prochain, cinq ans après l'adoption de la Déclaration du Millénaire, a-t-il annoncé, « je demanderai aux Etats membres de l'ONU de saisir l'occasion pour réaffirmer leur engagements en faveur des objectifs de développement du Millénaire » tandis que « ce sera également le moment pour les Etats membres de passer à l'action et de renforcer notre système de sécurité collective », le Groupe de personnalités de haut niveau chargé par Kofi Annan d'y réfléchir ayant d'ici là rendu ses conclusions.