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Soudan : aggravation au Darfour, selon les agences humanitaires de l'ONU

Soudan : aggravation au Darfour, selon les agences humanitaires de l'ONU

Réfugiées prises dans la tempête de sable àTine
A l'heure où l'on attend le rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan, bientôt présenté au Conseil de sécurité, les agences des Nations Unies alertent sur l'aggravation de la situation humanitaire au Darfour tant du fait de l'insécurité qu'au niveau sanitaire, la saison des pluies entravant l'arrivée de l'assistance et le risque d'épidémie étant particulièrement élevé.

« La situation humanitaire au Darfour continue de s'aggraver » a déclaré le porte-parole du Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM), lors du point de presse des agences des Nations Unies, qui ont présenté un bilan de la situation au Soudan au Siège de l'ONU à Genève, ainsi que le rapporte un communiqué (en anglais) publié aujourd'hui.

« La poursuite de la violence et la saison des pluies, qui est à son pic, entravent l'aide humanitaire », a déclaré Simon Pluess, qui a précisé que selon les dernières estimations, près de 1,4 millions de personnes ont fui leur foyer, 1,2 millions se trouvant au Darfour.

L'agence de l'ONU a poursuivi la seconde phase de ses opérations aéroportées de transport de nourriture dans les camps situés autour d'El Djeneina (carte des réfugiés au Darfour), ajoutant que ses efforts allaient s'accroître et qu'elle recruterait notamment du personnel international supplémentaire dans le mois qui vient.

Au Tchad, 20 camions transportant près de 440 tonnes de farine de blé devraient arriver vers la mi-septembre au Tchad, la saison des pluies continuant de poser problème, indique le communiqué du service de l'information de l'ONU à Genève.

Par ailleurs, le porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Rupert Colville, a indiqué que deux équipes avaient été envoyées près de la frontière du Darfour et du Tchad (carte), dans les villages de Suleha et d'Arara, afin d'évaluer la situation des personnes déplacées à l'intérieur du territoire et notamment le niveau de sécurité en vue de leur retour éventuel en provenance du Tchad.

Près de 188 000 réfugiés soudanais ont fui le Darfour pour le Tchad, indique par ailleurs un communiqué (en anglais) du HCR qui informe que l'agence de l'ONU a signé aujourd'hui un accord avec le Gouvernement du Tchad portant sur le maintien de la sécurité et la nature civile des réfugiés présents dans les neuf camps existants.

« Conformément aux normes du HCR, l'accord reconnaît la responsabilité principale du Gouvernement tchadien pour la sécurité dans les camps et établit les obligations des réfugiés soudanais eux-mêmes concernant le respect des lois du pays hôte », indique le communiqué, qui souligne que le Gouvernement tchadien a accepté de déployer 180 gendarmes spécialement formés à cet effet.

En outre, le Bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme (HCDH) a rappelé aujourd'hui, par la voix de son porte-parole José Luis Diaz, lors de son point avec la presse à Genève, que le Secrétaire général présenterait très bientôt son rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Darfour ainsi que le Conseil le lui a demandé, le 30 juillet, dans la résolution 1556.

« Le Bureau du HCDH a contribué à cet effort grâce à sa présence sur le terrain » a rapporté M. Diaz, qui a rappelé que le HCDH avait déployé huit observateurs dans les trois Etats du Darfour, ainsi qu'à Khartoum, la capitale du Soudan, ainsi qu'un bureau de coopération technique, dans le cadre d'un plan étalé sur 90 jours.

« L'orientation des efforts de l'ONU au Darfour dépendra largement de ce que le Secrétaire général indiquera au Conseil de sécurité » indique le communiqué, mais « le Bureau examine déjà la possibilité d'étendre la durée de sa présence au Darfour, et la taille de sa mission, ce qui requérrait des ressources supplémentaires. »

Enfin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a présenté un état de la situation sanitaire au Soudan et au Tchad qui souligne que « la possibilité d'éruption de maladies contagieuses est particulièrement élevée » et qui présente le système d'alerte rapide (EWARN) établi par l'agence.

Selon l'OMS, l'épidémie d'hépatite E, due à un approvisionnement insuffisant en eau non polluée et à de mauvaises conditions sanitaires, avait touché 2432 personnes au 20 août dernier, 41 personnes étant décédées des suites du syndrome de la jaunisse aiguë au Soudan tandis qu'au Tchad la maladie avait affecté 959 personnes et fait 30 morts.

Cette augmentation peut aussi être due à la prise de conscience au sein des communautés, indique le communiqué, qui souligne que l'OMS et les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires ont accru leurs efforts de promotion de l'hygiène et la fourniture de savon ainsi que la chloration des sources d'eau.

« A la fin juillet, 47% de la population disposait d'un accès adéquat à l'eau potable » souligne le communiqué, qui rappelle que si l'OMS recommande que chacun ait accès à 20 litres d'eau potable par jour, la moitié de la population ne disposait que de 5 à 10 litres par jour.

Enfin, l'OMS a rappelé que sa campagne massive de vaccination contre la rougeole, en juin dernier, qui avait concerné 2,26 millions d'enfants au Darfour, devait être poursuivie, et s'accompagner d'une vaccination contre la polio, 200 000 enfants au Nord Darfour n'ayant pas été impliqués par la campagne de vaccination.

Le choléra continue de soulever des préoccupations au Tchad, tandis que, de façon générale, l'accès aux soins de santé au Darfour est très bas. Le taux de mortalité infantile s'élève à 120 pour 1000 naissances et le taux de mortalité maternelle à 600 pour 100 000 femmes (la moyenne nationale étant de 509 pour 100 000 femmes), indique le communiqué de l'OMS.

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