L'actualité mondiale Un regard humain

Comité anti-Al-Qaida de l'ONU : devancer les terroristes par des mesures plus hardies

Comité anti-Al-Qaida de l'ONU : devancer les terroristes par des mesures plus hardies

Conférence de presse de l'ambassadeur Muñoz
La lutte contre la menace terroriste soulevée par Al-Qaida et les Taliban ne pourra être menée à bien par la seule voie militaire mais par la diplomatie et du multilatéralisme et par la participation de tous, selon le Président du Comité des sanctions contre Al-Qaida, qui souligne qu'il s'agit d'une menace mondiale qui est loin de viser uniquement les Etats-Unis et l'Europe.

La lutte contre la menace terroriste soulevée par Al-Qaida et les Taliban ne pourra être menée à bien par la seule voie militaire mais par la diplomatie et le multilatéralisme et par la participation de tous, selon le Président du Comité des sanctions contre Al-Qaida, qui souligne qu'il s'agit d'une menace mondiale qui est loin de viser uniquement les Etats-Unis et l'Europe.

« En tant qu'optimistes, nous voudrions souligner les aspects positifs de ce rapport, notamment le gel de 1,13 million de dollars en termes d'avoirs financiers et de ressources économiques appartenant à des individus ou organisations liés à Al-Qaida et aux Taliban, et par l'établissement d'une liste dont le dernier état comprend 429 individus », a déclaré aujourd'hui l'Ambassadeur du Chili Heraldo Munoz, Président du Comité du Conseil de sécurité concernant Al-Qaida et les Taliban et les « individus et entités associés », lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au siège de l'ONU à New York (imageVidéo de la conférence de presse [26mins]).

L'Ambassadeur Heraldo Muñoz présentait les conclusions de l'Equipe d'appui analytique et de surveillance des sanctions, créée lors de l'adoption de la résolution 1526 du Conseil de sécurité du 30 janvier 2004, contenues dans un rapport en date du 25 août dernier (voir notre dépêche du 27 août).

« Nous sommes encore loin de parvenir à l'objectif » de vaincre Al-Qaida et les Taliban, a précisé le Président du Comité, connu aussi sous le nom de Comité 1267, en référence à la résolution qui l'a créé ( Dossier Lutte contre le terrorisme du site de l'ONU ), soulignant que « nous étions à un tournant critique : soit nous renforçons le régime des sanctions, soit ces dernières risquent de devenir obsolètes ».

Et c'est pourquoi M. Muñoz souhaite proposer des adaptations au Conseil de sécurité : « Il nous faut être en avance sur les terroristes, pas derrière eux », a-t-il ajouté, soulignant leur capacité d'adaptation : « Il faut très nettement presser sur l'accélérateur car [...] nous avons été trop timides ».

Quant aux aspects positifs, plus de 130 pays ont déjà soumis un rapport, 137 ont déjà mis en oeuvre des modifications juridiques pour procéder au gel des avoirs. Plus de 90 pays ont mis en place des unités de suivi des avoirs appartenant aux terroristes et cela est aussi important, a ajouté l'Ambassadeur.

Il ne s'agit pas seulement des pays riches, a-t-il souligné, mais aussi des pays qui n'ont pas tous les moyens et qui travaillent en collaboration avec le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité qui dispose de moyens techniques d'assistance.

En définitive, « il n'existe pas d'autre organe international, à part le Conseil de sécurité de l'ONU, qui soit capable de mener cette tâche à bien. Ce n'est pas une entreprise qui puisse être menée seulement par des moyens militaires, des mesures unilatérales ou bilatérales. Le meilleur moyen d'y parvenir est de passer par des mesures multilatérales et concertées et donc de passer par les Nations Unies ».

Et même si l'ONU est parfois lente à avancer, « comme un éléphant, puisqu'on en parle ces jours-ci à New York », c'est la voie à prendre une fois que les pays seront mis en marche.

Interrogé par un journaliste sur le fait de savoir si la question « serait mise sous le tapis après avoir été examinée par les dirigeants à l'Assemblée générale », l'Ambassadeur a souligné que l'Assemblée générale offrait toujours une occasion de se concentrer sur les questions les plus importantes et que c'en était une.

« Le rapport indique que nous sommes loin de remporter la bataille contre le terrorisme »,a-t-il souligné, « et si nous voulons y parvenir il faut le faire de façon multilatérale, chacun doit être concerné, il faut améliorer les sanctions et chaque pays compte ; enfin il n'y a pas de solution militaire, il faut des moyens diplomatiques ».

« Nous attendons donc que les 191 pays se penchent sérieusement sur un problème de dimension mondiale et qu'ils nous aident. Ce n'est pas un problème américain ou européen, c'est un problème mondial du XXIème siècle » a souligné le Président du Comité des sanctions.

Répondant à la question d'un journaliste concernant la pratique de certains Etats proposant d'inscrire sur la liste des terroristes les membres de mouvements de résistance nationale et sur les Etats refusant de coopérer, l'Ambassadeur Muñoz a indiqué que plus de 30 pays avaient introduit des noms sur la liste, pas seulement les Etats-Unis ou l'Europe occidentale.

« De plus, l'éventail politique s'est élargi, la Libye ayant aussi ajouté des noms », a poursuivi Heraldo Muñoz. insistant sur le fait su'il existait une coopération de pays très variés. « Parfois il n'y a pas de noms parce qu'en toute franchise il n'y a pas de contacts, notamment sur le continent américain. Il existe un terrorisme mais d'une autre sorte ».

« Par la voie du dialogue, des contacts avec les ministères, nous avons réussi à obtenir plus de noms » a précisé le Président du Comité qui a précisé que certains pays comme l'Arabie saoudite, avaient leur propre vision du processus et ne souhaitaient pas interrompre leurs enquêtes.

Répondant aux questions des journalistes désireux d'obtenir une liste des pays qui n'avaient pas rendu leur rapport, L'Ambassadeur Munoz a indiqué que cette liste avait déjà été publiée et que l'objectif du Comité des sanctions n'était pas de montrer tel ou tel pays du doigt.

Nombre de ces pays sont eux-mêmes la cible des terroristes, a-t-il souligné, précisant que « le tableau n'était pas noir ou blanc », et qu'il ne s'agissait pas de décerner des notes à un examen. « Nombre des pays qui n'ont pas coopéré n'en ont pas les capacités, ce qui signifie qu'il faut les aider », a-t-il ajouté.

En matière d'assistance technique, le Président du Comité a indiqué qu'elle était apportée par l'intermédiaire du système des Nations Unies et qu'elle progressait.

Interrogé sur les mesures à prendre pour accroître l'efficacité des sanctions, M. Muñoz a souligné que le rapport exposait déjà une liste de ces mesures : le contrôle de l'abus des organisations charitables, la limitation du montant des sommes en liquides autorisées lors du passage de frontière ou la concentration sur les entités susceptibles de fournir des matériaux utilisables pour créer une bombe « sale ».

Ainsi que le souligne le rapport , l'application de l'embargo sur les armes à destination d'Al-Qaida est, clairement, une tâche difficile mais, les États Membres peuvent limiter l'action d'Al-Qaida en empêchant ses membres d'avoir accès à des systèmes d'armes plus importants et en limitant leur capacité à construire des engins explosifs non conventionnels destinés à provoquer de très nombreuses victimes.

“On sait qu'Al-Qaida cherche toujours à se doter des moyens de construire des bombes qui disperseraient des polluants chimiques, biologiques ou radiologiques », sachant que pour ce faire le réseau « doit se procurer les matières nécessaires et acquérir l'expertise pour les utiliser, en particulier dans le cas d'un engin radiologique » mais que ces groupes ont « essayé deux fois au moins de se procurer les composants de base d'une bombe sale », de nombreuses informations techniques étant disponibles sur Internet, précise-t-il.

« La première étape a été franchie » a-t-il souligné, mais les terroristes se sont adaptés et il faut maintenant les devancer, a conclu l'Ambassadeur Muñoz.

- Dossier Lutte contre le terrorisme du site de l'ONU

---