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Accès à l'eau et à l'assainissement : un bilan lourd, des raisons d'espérer

Accès à l'eau et à l'assainissement : un bilan lourd, des raisons d'espérer

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Le rapport rendu public hier par l'OMS, l'agence de l'ONU pour la santé et l'UNICEF, le Fonds de l'ONU pour l'Enfance, signale qu'à mi-parcours de la période assignée à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, plus de 2,6 milliards de personnes soit plus de 40 % de la population de la planète n'ont toujours pas accès à des systèmes d'assainissement de base mais aussi que l'exemple de certains pays pauvres démontre que des progrès peuvent être réalisés en très peu de temps.

La cible mondiale concernant l'assainissement ne sera pas atteinte par 500 millions de personnes - vivant pour la plupart en milieu rural en Afrique et en Asie - et la non élimination des déchets favorisera la propagation de maladies à l'origine de millions de décès d'enfants alors que des millions d'autres survivront à peine, conclut le rapport d'évaluation à mi-parcours des progrès accomplis en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) concernant l'eau de boisson et l'assainissement (Meeting the Millenium Development Goals (MDG) drinking water and sanitation target - A mid-term assessment of progress.)

L'autre conclusion à laquelle parvient ce rapport, qui fait le point des progrès accomplis au niveau mondial et par les différents pays et régions entre 1990 et 2002, est qu'en revanche, même si plus d'un milliard d'habitants de la planète utilise encore des sources d'eau insalubre, l'objectif portant sur l'approvisionnement en eau est en passe d'être atteint.

Toutefois, le bilan humain et économique de l'échec en matière d'assainissement est très lourd, indique un communiqué diffusé à l'occasion de la présentation du rapport publié par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

L'OMS et l'UNICEF soutiennent que la tendance mondiale à l'urbanisation marginalise les populations rurales défavorisées et surcharge les services de base dans les villes. Ainsi, les familles vivant dans les villages et dans les bidonvilles se trouvent confrontées au cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté.

Les enfants sont toujours les premiers à souffrir de la charge de morbidité liée à l'eau contaminée et à une hygiène insuffisante ; plus généralement, un milieu insalubre retarde le progrès économique et sape la bonne gouvernance.

"Des millions d'enfants naissent dans une situation d'urgence méconnue où les besoins élémentaires ne sont pas satisfaits. L'écart grandissant entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas accès aux services de base provoque quelque 4000 décès d'enfants par jour et constitue une cause sous-jacente d'une bonne partie des 10 millions de décès annuels d'enfants. Il faut agir maintenant pour combler le fossé si l'on veut éviter un bilan encore plus lourd", indique Carol Bellamy, directeur général de l'UNICEF, cité par le communiqué.

Pour le directeur général de l'OMS, le docteur Lee Jong-wook, « l'eau et l'assainissement figurent parmi les déterminants les plus importants de la santé publique. Partout où ils ont disposé d'un accès fiable à l'eau potable et à des moyens d'assainissement adéquats, les gens ont remporté une victoire décisive contre un large éventail de maladies ».

Ce sont les régions en développement, comme l'Afrique subsaharienne, qui sont les plus exposées. Mais le rapport fait également ressortir certaines tendances inquiétantes dans le monde industrialisé où l'on estime que la couverture par l'approvisionnement en eau salubre et l'assainissement de base a diminué de 2 % entre 1990 et 2002.

Dans l'ex-Union soviétique, 83 % seulement de la population a accès à des moyens d'assainissement adéquats. Et avec la pression économique et démographique croissante, la proportion pourrait encore diminuer.

Les conséquences de l'inaction actuelle sont graves, font observer l'OMS et l'UNICEF. Les maladies diarrhéiques provoquent actuellement 1,8 million de décès annuels surtout chez les enfants de moins de cinq ans et des millions d'autres personnes sont affaiblies de manière permanente.

Plus de 40 milliards d'heures de travail sont perdues en Afrique simplement parce qu'il faut les consacrer à la corvée d'eau. De nombreux enfants, surtout des fillettes, ne peuvent être scolarisés, leur potentiel intellectuel et économique demeurant de la sorte inutilisé, simplement parce que les écoles ne sont pas pourvues de latrines.

Aux yeux de Carol Bellamy et Lee Jong-wook, pour inverser la tendance et se rapprocher d'un accès universel à l'eau et à l'assainissement, les moyens financiers sont nécessaires mais pas suffisants. La clé de l'amélioration dans de nombreux pays a été l'adoption d'une politique nationale fondée sur le principe "quelque chose pour tous" plutôt que" tout pour quelques-uns".

Ils plaident également pour une réorientation des ressources au niveau local de façon à ne pas laisser de côté les communautés les plus pauvres, les autorités locales et le secteur privé devant coopérer pour trouver des solutions abordables.

Pour l'OMS et l'UNICEF, le rapport, le premier d'une série consacrée à l'accès à l'eau et à l'assainissement, constitue une mise en garde pour tous les dirigeants mondiaux. Il s'agit d'éliminer les disparités en matière de services de base et les données qu'il expose montrent clairement comment il est possible d'aller de l'avant avant la date butoir de 2015.

Il met notamment en évidence des signes très encourageants en notant les progrès en matière d'eau et d'assainissement réalisés malgré une situation très difficile par de nombreux pays.

Le rapport est important, conclut Mme Bellamy, "parce qu'il prouve que des améliorations significatives peuvent être apportées en peu de temps même dans les pays les plus pauvres. »

« En définissant les tendances dès maintenant et en nous engageant à rectifier le tir, nous avons une véritable chance de faire en sorte que chacun dispose de ces éléments essentiels pour la vie d'ici 2015. »

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