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Burundi : l'ONU demande que la lumière soit faite sur le massacre de Gatumba

Burundi : l'ONU demande que la lumière soit faite sur le massacre de Gatumba

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Alors que le dernier décompte des réfugiés congolais massacrés dans le camp de Gatumba dans la nuit du 13 au 14 août fait désormais état de plus de 160 morts, le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l'ONU ont exprimé aujourd'hui condamnations et indignation, le Conseil demandant aux autorités du Burundi et de la République démocratique du Congo de coopérer à l'action entreprise pour identifier et traduire en justice les « auteurs et les responsables » de ces crimes.

A l'issue de consultations à huis clos, les membres du Conseil ont également demandé, dans une déclaration effectuée en leur nom par le Président du Conseil de sécurité, l'Ambassadeur de la Fédération de Russie, Andrey Denisov, à tous les États de la région de veiller au respect de l'intégrité territoriale de leurs voisins.

Le Conseil rappelle à cet égard la déclaration sur les principes des relations de bon voisinage et de coopération, adoptée à New York le 25 septembre 2003, et les encourage à redoubler d'efforts pour assurer la sécurité des populations civiles sur leur territoire, y compris les étrangers à qui ils accordent refuge.

Il prie par ailleurs la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Burundi, en liaison avec le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo, d'établir les faits et de lui en faire rapport aussi rapidement que possible.

Kofi Annan exhorte pour sa part les gouvernements transitoires de la RDC et du Burundi ainsi que le gouvernement du Rwanda d'agir avec retenue et de faire en sorte qu'une détérioration accrue de la situation dans la région soit évitée.

Dans une déclaration transmise par le Bureau de son porte-parole, il encourage les Gouvernements de la RDC et du Rwanda d'établir de toute urgence un mécanisme de vérification conjoint, auquel participeraient l'Ouganda et le Burundi, lequel aiderait à limiter l'action des groupes armés qui opèrent dans les zones frontalières.

Le Secrétaire général offre à ces gouvernements tout l'appui dont ils auraient besoin pour les aider à rétablir la paix et la stabilité et mettre fin aux tensions qui ont causé tellement de souffrances parmi la population innocente de la région.

L'ONUB, l'Opération de l'ONU au Burundi, avait signalé, hier, dans un communiqué, le massacre de la nuit précédente, dont un premier bilan s'établissait déjà à 250 victimes, tous des réfugiés originaire de la République démocratique du Congo (RDC), tuées ou blessées par balles ou à la grenade, alors qu'ils étaient hébergés dans un camp de transit à 16 Km de la capitale burundaise Bujumbura.

La Mission de l'ONU a fait part de son indignation à l'égard d'une attaque qui n'a épargné ni les femmes, ni les enfants ni les bébés et s'en est pris exclusivement aux membres de la communauté Banyamulenge (ethnie congolaise proche des Tutsis du Rwanda) qui ont été, a précisé l'ONUB, abattus et brûlés dans leurs abris. Les Burundais, revenus d'exil et qui se trouvaient dans le camp, n'ont pas été attaqués, ajoutait l'ONUB, dans son communiqué d'hier (voir notre dépêche).

La Mission, dans sa condamnation du massacre, prévenait ses auteurs, dont le FNL (Forces nationales de libération) d'Agathon Rwasa qui a revendiqué l'attaque, qu'ils auront à répondre de leurs actes. Elle se dit prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les civils et indique attendre les résultats de l'enquête en cours sur « cet acte monstrueux. »

Il y a deux jours, le 12 août, l'ONUB attirait l'attention sur les affrontements et les violations des droits de l'homme qui se poursuivaient au Burundi. Elle indiquait notamment que les affrontements entre éléments armés continuaient de façon quasi quotidienne, en particulier dans Bujumbura Rural, entre les éléments du mouvement d'Agathon Rwasa, les Forces nationales de libération (FNL), les Forces armées burundaises (FAB) et le Conseil national pour la Défense et la Démocratie – Forces de Défense de la démocratie (CNDD-FDD).

Le groupe armé d'Agathon Rwasa qui s'est longtemps appelé Parti pour la libération du peuple Hutu - Forces nationales de libération (PALIPEHUTU-FNL) est le seul des principaux mouvements rebelles burundais à n'avoir jamais rejoint le processus de paix, même si des déclarations et des rapprochements l'avaient laissé espérer en janvier dernier.

Les minorités Banyamulenge vivent depuis plusieurs générations en RDC dans les provinces orientales du Nord et Sud Kivu, limitrophes du Rwanda et leur nationalité congolaise a été à maintes reprises et encore maintenant mise en cause, comme l'indique récemment une dépêche de la Mission des Nations Unies au Congo, la MONUC. On pourrait ajouter que ce questionnement de la nationalité banyamulenge existait avant même que le pays ne prenne le nom de RDC.

Généralement considérés comme des Tutsis d'origine rwandaise, encore que ce point fasse l'objet de débats, leur protection aurait été une des raisons invoquées par le général congolais, Laurent Nkunda pour marcher sur Bukavu dont il s'est emparé avant que le chef-lieu de Sud-Kivu ne soit repris par les forces gouvernementales et que le général et ses troupes n'aillent s'établir, selon des informations récentes émanant de la MONUC, au nord de Bukavu, dans le secteur de Kalehe.