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Kofi Annan : les accords d'Accra sur la Côte d'Ivoire s'inscrivent dans un contexte nouveau

Kofi Annan : les accords d'Accra sur la Côte d'Ivoire s'inscrivent dans un contexte nouveau

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Dans ses commentaires aux médias, à la suite de l'accord conclu entre les parties ivoiriennes au Ghana, le Secrétaire général a fait observer que, si les accords d'Accra étaient similaires à ceux de Linas-Marcoussis qui n'avaient pas abouti, ils avaient cependant de meilleures chances de réussite en raison de l'implication de la communication internationale mais aussi parce que « les temps changent » et qu'incidemment, la première affaire de la Cour pénale internationale concernait un pays africain « pas si éloigné que cela. »

Après que le Secrétaire exécutif de la CEDEAO (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest), Mohamed Ibn Chambas, ait lu un communiqué de presse résumant les accords qui venaient d'être signés par toutes les parties ivoiriennes au cours d'une Conférence de presse, il a été demandé à Kofi Annan si des sanctions pouvaient être invoquées si les parties ne se conformaient pas à cette accord.

Le Secrétaire général a fait remarquer que le Conseil de sécurité avait été particulièrement actif sur cette question et qu'encore récemment, lors de sa mission dans la région, il avait visité la Côte d'Ivoire.

« Le Conseil de sécurité se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la paix et la sécurité prévalent dans le monde », a déclaré Kofi Annan qui a également rappelé que « nous avons [en Côte d'Ivoire] une commission des droits de l'homme qui examine les violations et les atrocités qui s'y sont produites »

Il a ajouté qu'il ne voulait pas préjuger des décisions du Conseil mais que celui-ci « se réservait le droit, chaque fois qu'il le jugeait nécessaire, de prendre à n'importe quel moment les décisions qui lui semblent adaptées. »

A une autre question lui demandant si le fait que les accords aient été signés sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies donnait à l'ONU la possibilité de prévoir une application stricte de ces accords sur le terrain, Kofi Annan a indiqué qu'à l'évidence « cela dépendait de la nature de la violation. »

« Pour le moment, je ne peux pas vous dire précisément ce que le Conseil de sécurité fera, mais il a la capacité d'agir s'il estime que c'est nécessaire », a-t-il affirmé.

Cependant, a-t-il ajouté « il ne faut pas oublier que les dirigeants ivoiriens ont signé cet accord de manière volontaire devant le monde entier. On doit espérer et insister afin qu'ils le mettent en application. »

« Ils doivent le faire pour le peuple, pour la nation », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait eu l'impression à la fin de la session « que tout le monde était prêt à se mettre au travail. »

« Il faut garder un esprit positif », a-t-il poursuivi.

Ce sont les Ivoiriens qui peuvent établir la stabilité et la paix dans le pays, a poursuivi le Secrétaire général. « La communauté internationale peut aider mais c'est à eux de prendre leurs responsabilités. »

Sur le blocage des textes, issus de l'Accord de Linas-Marcoussis par l'Assemblée nationale, il lui a également été demandé dans quelle mesure le fait de requérir des parties qu'elles exigent de leur députés de voter les textes, n'était pas une ingérence dans les affaires législatives.

Kofi Annan a alors fait remarquer qu'en premier lieu « il n'était pas membre de l'Assemblée nationale », qu'ensuite « les leaders politiques qui étaient là avaient promis de demander aux parlementaires de voter les lois […] et qu'ils devaient rentrer chez eux et respecter les engagements qu'ils avaient pris », enfin qu'étant tous membres de partis, « les parlementaires n'étaient pas des agents libres. »

« Tous les leaders ici nous ont promis de s'engager à voter les lois, donc on attend », a-t-il ajouté.

Un membre de la presse a fait remarquer que les engagements pris lors de cette réunion au sommet avaient déjà été pris auparavant et a demandé comment le peuple de Côte d'Ivoire pouvait avoir confiance dans ce nouvel accord.

A cela Kofi Annan a répondu : “Les temps changent. Marcoussis, c'était il y a environ deux ans et nous sommes en 2004. Les gens sont fatigués. Les dirigeant eux-mêmes commencent à réaliser qu'ils doivent contrôler la situation. » Il a indiqué que s'ajoutait à cela la pression de la communauté internationale, son implication et son intérêt.

« Il faut aussi ne pas oublier que la première affaire dont s'est saisie la Cour pénale internationale concerne un pays d'Afrique, en RDC (République démocratique du Congo) et que la RDC n'est pas très loin d'ici », a fait également remarquer le Secrétaire général.

Il a par ailleurs précisé, en réponse à une autre question, que l'accord portait également sur les ministres qui avaient été démis de leurs fonctions, que le gouvernement allait reprendre le travail urgent qui l'attend [...] et que, dans la semaine qui suit son retour en Côte d'Ivoire, il allait y avoir une réunion du cabinet. »

« Je ne suis pas en train de parler d'un nouveau gouvernement », a enchaîné Kofi Annan, “S'il n'y a pas de nouveau gouvernement créé, alors c'est bien le gouvernement existant qui s'apprête à se remettre au travail. »

A propos des populations « exterminées dans le nord du pays », évoquées par un représentant des médias, le Secrétaire général a souligné que « la lecture du document montre clairement que nous sommes préoccupés par les violations des droits de l'homme partout dans le pays. Dans ma propre intervention hier, j'avais indiqué que nous étions gravement préoccupés par les violations de droits de l'homme à Korhogo de même que par ce qui s'est passé à Abidjan. »

« On doit tout faire pour protéger la population et lutter contre l'impunité, a-t-il déclaré, ajoutant que c'était bien la raison pour laquelle il avait évoqué la Cour pénale internationale.