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Le chef de l'ONU en Haïti réclame de la flexibilité dans le désarmement des factions

Le chef de l'ONU en Haïti réclame de la flexibilité dans le désarmement des factions

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Lors d'une visite de contact en Haïti, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la Mission de l'ONU s'est entretenu avec le gouvernement et s'est rendu auprès des troupes, pour entendre les différents points de vue et les aspirations de chacun.

« Le gouvernement haïtien et moi-même avons la même vision des difficultés et des solutions à mettre en oeuvre pour relancer l'activité économique, rétablir un système politique [...] qui lutte contre l'exclusion en permettant à toutes les forces politiques et à la société civile haïtienne » de se rassembler pour pouvoir lancer un processus électoral légitime et participatif, a déclaré hier le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, et chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Juan Gabriel Valdes, lors d'une conférence de presse à Port-au-Prince.

Après avoir rencontré le Président de la République, le Premier ministre, Gérard Latortue, et les ministres des Affaires étrangères, des Finances et de l'Intérieur, M. Valdes a eu également l'occasion de rendre visite aux troupes de la MINUSTAH à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien, visites qui lui ont permis de recueillir sur place « les points de vue des responsables militaires sur le déploiement des forces, leurs relations avec la population haïtienne et leurs conditions de travail », indique le communiqué.

« L'une des idées les plus fortes qu'ait formulées le commandant sur place a trait au volet humanitaire. En effet, les forces militaires veulent participer aux côtés des communautés locales à l'amélioration des conditions de vie des Haïtiens », a souligné M. Valdes, qui espère mobiliser l'aide de l'Amérique latine à Haïti par la coopération économique, notamment lors d'une visite auprès du Président Lagos, du Chili.

« Je suis parfaitement conscient des problèmes que les Haïtiens vivent quotidiennement dans leur lutte contre la pauvreté, les difficultés liées à l'emploi, à l'environnement », a souligné M. Valdes, qui a indiqué que sa visite aux Gonaïves constituait pour lui « un premier contact avec la province haïtienne ».

« La mission de la MINUSTAH est selon moi une mission de sécurité » mais c'est également une « mission, qui, par le biais de la sécurité, va relancer les activités économiques, ouvrant ainsi des opportunités d'emploi » et qui pourra relancer un système politique légitime, ainsi qu'un processus électoral.

Interrogé sur le refus de certains militaires de rendre leurs armes et sur la collaboration entre la police haïtienne et l'armée, M. Valdes a souligné que la MINUSTAH déployait ses forces, qui comptent à l'heure actuelle 205 membres de la police civile et 2 339 militaires, et qu'elle attendait « aussi du gouvernement l'établissement de la commission nationale de désarmement, une initiative qui nous semble très importante pour le succès de ce processus ».

« La prudence que le gouvernement haïtien et la communauté internationale observent par rapport à cette question complexe ne signifie pas qu'elle n'est pas une priorité », a-t-il indiqué, soulignant que le processus de désarmement figure « dans la résolution de la communauté internationale, exprimée par le Conseil de sécurité, et que c'est en même temps une demande du gouvernement d'Haïti ».

« Le désarmement aura lieu et notre tâche est d'avancer sur ce chemin », a déclaré le chef de la MINUSTAH. Interrogé sur la date du 15 septembre fixée par le Gouvernement pour le désarmement, il a indiqué qu'il était souhaitable d'adopter des mesures flexibles.

« Comme je l'ai déjà dit, notre objectif est de réussir le désarmement et non pas d'aboutir à une impasse ».

N'étant à Haïti que depuis cinq jours, M. Valdes a souligné que pour l'instant sa visite avait pour but « d'écouter les institutions haïtiennes et de recueillir leurs impressions et leurs attentes à l'égard des Nations Unies », en attendant son retour définitif, le 16 août prochain, lorsqu'il aura quitté ses fonctions d'Ambassadeur du Chili en Argentine.

Répondant à un journaliste qui l'interrogeait sur le dialogue politique, M. Valdes a déclaré : « Ce dont on a besoin ici, c'est le même esprit, la même pratique politique qui a prévalu au Chili, en Amérique Centrale et dans les pays de l'Amérique Latine, où les forces politiques étaient très divisées, avec de sérieux problèmes de communication [...]. Je crois qu'on peut identifier cinq ou six problèmes qui bloquent actuellement le dialogue et travailler avec le gouvernement pour les résoudre et créer les conditions pour un dialogue sérieux ».

« Ma seule conviction » a conclu M. Valdes, est qu'il faut « lancer un dialogue national qui puisse, sans exclusion, donner à tous les Haïtiens la possibilité de participer au processus politique en cours ».