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Kofi Annan appelle l'Abkhazie à négocier pour maintenir l'unité de la Géorgie

Kofi Annan appelle l'Abkhazie à négocier pour maintenir l'unité de la Géorgie

« Si les parties géorgienne et abkhaze ont poursuivi leurs activités de coopération pratique, notamment dans le domaine de la sécurité, il n'y a pas encore de dialogue de fond sur les questions clefs du conflit », indique le Secrétaire général dans son rapport au Conseil de sécurité, dans lequel il déplore l'intransigeance de la partie abkhaze.

« De l'avis général, la situation politique complexe qui prévaut en Abkhazie (Géorgie) à la veille des « élections présidentielles », prévues pour le mois d'octobre est l'un des principaux facteurs qui affectent les positions de la partie abkhaze dans le processus de paix et le rythme du processus de paix en général » précise le rapport du Secrétaire général qui décrit l'évolution de la situation en Abkhazie (Géorgie) et les activités de la MONUG, la Mission d'observation des Nations Unies en Géorgie depuis le 20 avril dernier.

Plusieurs volets spécifiques du conflit ont enregistré quelques progrès, note le rapport, qui indique s'être surtout intéressé, aux échelons régional et national, à d'autres régions de la Géorgie, à savoir l'Adjarie et la région séparatiste d'Ossétie du Sud.

« En Adjarie, la crise a pris fin avec la démission du dirigeant adjar, facilitée par l'engagement constructif de la Fédération de Russie et les élections organisées ultérieurement. En Ossétie du Sud, les tensions sont restées vives, après que la Géorgie a établi des points de contrôle pour lutter contre la contrebande et déployé des forces spéciales pour en assurer la protection, en mai. Par la suite, les forces d'Ossétie du Sud ont été placées en état d'alerte et des mouvements de troupes et d'armes ont été signalés dans la zone et alentour » rappelle le rapport.

Interrogé hier lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York sur la possibilité d'une « intervention ou d'une participation internationale » en Ossétie du Sud, Kofi Annan a précisé qu'une décision n'avait pas encore été prise quant au « déploiement de personnel dans cette partie de la Géorgie » mais qu'il suivait de très près cette situation avec son représentant et son équipe sur place.

« Nous espérons que les entretiens entre la Fédération de Russie et le Gouvernement géorgien permettront de débloquer la situation. J'ai été à Moscou au mois d'avril, des entretiens ont eu lieu et le lendemain le Président de la Géorgie a rendu visite au Président Poutine – et nous avons eu une discussion franche à propos des événements en Géorgie. J'ai aussi eu l'impression que ces deux hommes établissaient de bons rapports constructifs. J'espère que leurs rapports les aideront à résoudre leurs différends et qu'il n'y aura pas d'explosion. Mais nous suivons la situation et nous espérons que le scénario du pire [...] ne va pas se réaliser », a déclaré hier le Secrétaire général.

« La partie abkhaze a suivi, avec une grande préoccupation, l'évolution de la situation en Adjarie, puis en Ossétie du Sud. Ses inquiétudes, nées des déclarations de certains responsables politiques géorgiens selon lesquels Soukhoumi serait le prochain objectif du projet de réintégration, ont entraîné un renforcement de la présence de sécurité abkhaze dans le district de Gali, au cours de la période précédant la Journée nationale de la Géorgie – le 26 mai », indique-t-il par ailleurs dans son rapport.

« Compte tenu de la recrudescence des tensions, ma Représentante spéciale [Heidi Tagliavini] et la MONUG ont pris un certain nombre de mesures destinées à désamorcer la crise, à savoir, notamment, l'organisation de patrouilles additionnelles et une exhortation aux deux parties à s'abstenir de toute action ou de tout discours susceptible d'envenimer la situation », précise-t-il.

« Durant cette période de tension, ma Représentante spéciale a maintenu un contact régulier avec les deux parties et facilité leurs contacts directs, ce qui a contribué, d'une part, à convaincre la partie abkhaze que Tbilissi n'avait pas pour intention de déstabiliser la situation et, d'autre part, à dissuader la partie géorgienne d'appliquer, à titre de réciprocité, des mesures de sécurité additionnelles », ajoute Kofi Annan.

Il rappelle que dans le discours à la nation, prononcé le 26 mai, le Président Saakashvili avait réaffirmé que l'objectif premier de son gouvernement était la réunification avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, et qu'il avait lancé un appel aux Abkhazes et aux Ossétiens en vue de la reprise des pourparlers, soulignant que « Tbilissi était disposé à envisager tout modèle d'organisation de l'État qui prendrait en compte les intérêts de la population des régions et assurerait leur développement ».

« Le Président Saakashvili a confirmé que la politique de réintégration prônée par la Géorgie faisait appel exclusivement à la concertation et à des moyens pacifiques. Il a proposé à la partie abkhaze l'adoption du statut de fédération le plus achevé, assorti de garanties internationales » note Kofi Annan, qui souligne que « la partie abkhaze a cependant rejeté la proposition du Président Saakashvili, en déclarant que, si elle était disposée à discuter de la non-reprise des hostilités et de la restauration de relations normales et de confiance, le statut de l'Abkhazie n'était pas ouvert à la discussion ».

« La position intransigeante de la partie abkhaze compromet les engagements antérieurs, tels que ceux relatifs à l'ouverture d'un bureau auxiliaire des droits de l'homme dans le district de Gali et au déploiement complet de la composante de police civile de la MONUG » déplore Kofi Annan, qui indique qu'il « espère fermement qu'avec le temps les dirigeants de Soukhoumi reviendront sur leur position et répondront favorablement à l'offre des nouveaux dirigeants géorgiens concernant la reprise d'un dialogue direct viable sur toutes les questions de fond ».

Dans ces conditions, poursuit le Secrétaire général, « les efforts que continuent de déployer ma Représentante spéciale et la MONUG sont essentiels pour assurer la stabilité dans la zone du conflit et maintenir le dialogue entre les parties. Le soutien du Groupe des Amis est extrêmement précieux. Il est clair cependant qu'en l'absence d'un règlement d'ensemble du conflit, il n'y aura ni sécurité durable ni prospérité économique ».

En conclusion, le Secrétaire général engage les parties à s'employer plus activement à mettre en œuvre les recommandations pertinentes de la mission conjointe d'évaluation qui a eu lieu en 2000 et de la mission d'évaluation de la sécurité de 2002, à garantir la sécurité de la MONUG dans l'accomplissement de ses fonctions, et la partie abkhaze à faciliter, ainsi qu'elle en avait convenu, le déploiement de la police civile de la MONUG de son côté de la ligne de cessez-le-feu.

Il recommande au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MONUG pour une nouvelle période de six mois jusqu'au 31 janvier 2005.

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