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R. D. du Congo : violations généralisées de l'embargo sur les armes, concluent les experts de l'ONU

R. D. du Congo : violations généralisées de l'embargo sur les armes, concluent les experts de l'ONU

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Le rapport du groupe d'experts mis en place par le Conseil de sécurité pour contrôler le respect de l'embargo qu'il a imposé sur les armes en Ituri et dans les deux Kivus, les trois provinces à l'Est et au Nord Est de la République démocratique du Congo (RDC) où des groupes armés s'affrontent sporadiquement conclut à une violation généralisée de cet embargo et recommande le renforcement des contrôles aux frontières et des capacités de la Mission de l'ONU en RDC.

Le rapport du groupe d'experts mis en place par le Conseil de sécurité pour contrôler le respect de l'embargo qu'il a imposé sur les armes en Ituri et dans les deux Kivus, les trois provinces à l'Est et au Nord Est de la République démocratique du Congo (RDC), où des groupes armés s'affrontent sporadiquement, conclut à une violation généralisée de cet embargo et recommande le renforcement des contrôles aux frontières et des capacités de la Mission de l'ONU en RDC.

La RDC, commence par rappeler le rapport des experts qui vient d'être rendu public, est « un pays quasi enclavé qui partage 9000 Km de frontière avec neuf pays voisins (carte). A l'Est ses frontières s'étendent de l'Ouganda à la Zambie sur quelque 2 500 Km » [...] et le pays compte plus de pistes d'atterrissage que de routes praticables, ce qui rend possibles des vols internes et internationaux largement non contrôlés. »

« La normalisation des relations entre la RDC et ses voisins à l'est – le Rwanda et l'Ouganda - a connu quelques avancées malgré des rechutes en particulier avec le Rwanda », reconnaissent les experts. Toutefois, indiquent-ils, « le fonctionnement du Gouvernement de transition a été entravé par les intrigues politiques et militaires de différents acteurs et parties prenantes aussi bien en RDC qu'à l'extérieur, les uns et les autres poursuivant des objectifs militaires pour des intérêts politiques et financiers qui leur sont propres. »

Ils notent que « peu avant l'imposition de l'embargo sur les armes » s'est produit « un accroissement des approvisionnements des groupes armés dans les zones frontalières à l'Est de la RDC. » Ce phénomène a été entravé par le développement de la force multinationale intérimaire Artémis à la mi-2003. La Mission des Nations Unies qui lui a succédé, la MONUC, aux moyens de contrôle limités, « a créé, au début, un environnement plus propice à la reprise du trafic d'armes et autres appuis logistiques aux principaux acteurs en Ituri et au Kivu. »

A cela s'ajoute ce que les auteurs du rapport qualifient « d'insuffisances de l'Etat et des institutions » ce qui se traduit en l'occurrence par un contrôle des frontières limité : 27 postes frontières en tout pour la totalité de la frontière Ituri-Kivus. Les fonctionnaires qui n'y exercent que « des fonctions de pure forme » sont autorisés à quitter leurs postes à l8 heures. A partir de ce moment-là, « le groupe a observé des mouvements suspects de camions et de personnes » aux postes frontières laissés sans surveillance.

Le rapport signale de façon générale que toutes les voies d'accès à la RDC sont utilisées. C'est ainsi que les lacs communs à plusieurs Etats sont autant de canaux utilisés pour le commerce des armes et trafic en tout genre. Il indique que les experts ont découvert des réseaux empruntant le lac Albert qui fonctionne « avec la connivence de nombreuses autorités locales en Ouganda. »

De même en ce qui concerne le lac Kivu, le rapport note que le personnel de la MONUC a découvert des caches d'armes et de munitions dans les eaux du lac Kivu, du côté de la RDC. « En recherchant l'origine de cette arme, le Groupe a découvert qu'elle faisait partie d'un lot fourni au Rwanda dans le cadre d'un achat d'armes fabriquées sous licence sud-africaine », précise-t-il.

Les experts indiquent également s'être entretenus avec de jeunes Rwandais qui avaient été recrutés de force au Rwanda, après avoir bénéficié du programme de désarmement et réintégration en avril 2004, puis avoir été ramenés de force en RDC après qu'il leur avait été dit qu'ils allaient rejoindre les rangs de l'armée du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Ceux qui ont refusé ont été battus et jetés en prison.

Le groupe décrit de nombreuses autres circonstances l'ayant convaincu ou lui ayant apporté la preuve que bien d'autres trafics existent entre la RDC et les pays voisins. Il cite par exemple le cas d'armes fournies par l'Armée de libération du Soudan (ALS), le groupe rebelle soudanais, avec un de ses alliés militaires en RDC, le FAPC du commandant Jérôme en échange de motocyclettes et autres équipements.

Les experts recommandent notamment une intensification des contrôles aux frontières y compris des marchandises en transit et considère qu'il est essentiel de renforcer les capacités de la MONUC, notamment en l'équipement du matériel nécessaire aux patrouilles fluviales et aux contrôles aériens.

- Rapport du Groupe d’experts (S/2004/551)