L'actualité mondiale Un regard humain

La prévention des risques entravée par le manque d'intérêt et de fonds, selon le chef de l'action humanitaire à l'ONU

La prévention des risques entravée par le manque d'intérêt et de fonds, selon le chef de l'action humanitaire à l'ONU

Affirmant qu'il était plus facile de lever des fonds le lendemain d'une catastrophe qu'avant qu'elle ne se produise pour tenter de la prévenir, Jan Egeland a évoqué le décalage existant entre la révolution technologique que vivait actuellement le monde humanitaire, laquelle est contrecarrée par les obstacles mis par les dirigeants et l'absence de financement.

Présentant à la presse le rapport intitulé « Vivre avec des risques : examen mondial des initiatives sur les catastrophes naturelles, le Coordonnateur des secours d'urgence et Secrétaire général adjoint des affaires humanitaires de l'ONU a souligné d'emblée que les catastrophes naturelles provoquaient 7 à 10 fois plus de morts que la vingtaine de conflits actuellement en cours dans le monde et les crises humanitaires qu'ils produisent.

Il a indiqué toutefois qu'il allait parler pour une fois des dizaines de milliers de personnes qui n'étaient pas tuées par les catastrophes naturelles « pour la simple raison que nous avons désormais des programmes de prévention infiniment meilleurs ».

Evoquant les inondations entraînées par la mousson qui a commencé au Bangladesh, en Inde et au Népal, il a indiqué qu'il y a quelques décennies, le coût de ce phénomène en termes de vies humaines auraient été extrêmement élevé. « Ces inondations ont toujours lieu », a-t-il expliqué. « Elles affectent toujours des millions de personnes mais sont beaucoup moins meurtrières et cela en raison des mécanismes dont se sont dotés les gouvernements nationaux et les communautés locales. »

« Le monde s'améliore dans de nombreux domaines et c'est l'un de ceux où nous progressons », même si les catastrophes naturelles en revanche « sont plus nombreuses et se produisent plus fréquemment. »

Jan Egeland a en effet précisé que 70 000 personnes ont été tuées au cours des 700 catastrophes naturelles qui se produites pendant la seule année 2003. « Sept cent catastrophes naturelles en un an, cela veut dire deux par jour », a-t-il souligné, ajoutant que 600 millions d'hommes, femmes et enfants avaient été affectés et que cela avait coûté 65 milliards de dollars l'an dernier au niveau des Etats membres.

Il a également sur la relative indifférence à la prévention des catastrophes naturelles en particulier de la part des pays occidentaux, plus focalisés sur les conflits/

Pourtant, a-t-il mis en garde, la tendance mondiale est à l'aggravation en raison du changement climatique et du fait que les gens les plus pauvres vivent dans des zones sujettes aux catastrophes naturelles, à moins que nous ne puissions faire plus en matière de prévention.

Le rapport détaille les mesures concrètes prises par les Philippines, l'Indonésie, le Vietnam et l'Ethiopie qui ont beaucoup progressé en matière de prévention. C'est ainsi que la plantations de mangroves au Vietnam a réduit l'impact des cyclones.

Regrettant qu'il soit toujours plus facile d'obtenir de l'aide et des fonds le jour qui suit un tremblement de terre que de financer le travail nécessaire pour les empêcher de se produire, Jan Egeland a indiqué placer beaucoup d'espoir dans la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles qui aura lieu au Japon en janvier prochain qui sera un point de rencontre où s'élaborera une nouvelle stratégie en la matière et dont « nous avons l'intention de faire un événement majeur. »

Le chef des affaires humanitaires à l'ONU a mis le doigt sur le décalage existant entre la technologie et l'expertise disponibles et les moyens financiers.

« Il y a une révolution en cours en matière d'interventions humanitaires, a-t-il déclaré ajoutant que ses équipes pouvaient « répondre en 24 heures à une catastrophe naturelle qui se produit n'importe où dans le monde » et qu'elles pouvaient disposer de l'imagerie satellitaire et avoir les meilleurs experts dans le monde en logistique, en administration, en télécommunications, avec l'équipement adéquat en un rien de temps n'importe où dans le monde. »

« Le problème est que la même révolution n'a pas eu lieu au plan moral, politique ou éthique et que nous n'avons toujours pas accès à une vingtaine de secteurs, que nous ne pouvons joindre dix à vingt millions de personnes pour cette raison, parce que les gouvernements et les dirigeants ne nous le fournissent pas la sécurité nécessaire et que ceux qui ont l'argent ne nous donnent pas les moyens d'utiliser tous ces merveilleux outils », a-t-il ajouté.

Interrogé sur ce qu'il avait intention de faire pour remédier à cette situation, le chef des affaires humanitaires à l'ONU a répondu en trois mots : « Le faire savoir »