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L'effectif autorisé de la force de l'ONU en Côte d'Ivoire doit y être déployé, affirme la mission du Conseil

L'effectif autorisé de la force de l'ONU en Côte d'Ivoire doit y être déployé, affirme la mission du Conseil

Problème majeur d'une sous-région qui en compte beaucoup, la Côte d'Ivoire fait l'objet de nombreuses recommandations de la part de la mission du Conseil de sécurité en Afrique de l'Ouest qui de façon générale, que ce soit au Libéria, en Sierra Leone ou en Guinée-Bissau, demande aux donateurs, dans son rapport publié aujourd'hui, de tenir les engagements pris.

« En s'investissant considérablement dans des missions de maintien de la paix et dans l'aide au développement en Afrique de l'Ouest, la communauté internationale et l'Organisation des Nations Unies ouvrent aux pays de la région une possibilité réelle de briser le cercle du conflit et de la pauvreté et de construire une paix et un développement durables » indique la mission du Conseil de sécurité en Afrique de l'Ouest dans son rapport.

La mission y recommande notamment d'adopter l'approche collective que requiert la porosité des frontières aisément franchies par les armes légères, les combattants, les enfants soldats comme le VIH/sida. Cette approche collective est également requise par l'ONU, selon les conclusions du rapport qui engage les différentes missions qui opèrent dans la sous-région de même que les innombrables éléments du système des Nations Unies présents dans chaque pays, « à coordonner leur action avec d'autres acteurs, en poursuivant des objectifs communs dans le cadre d'une stratégie globale. »

Le problème majeur identifié par la mission est l'impasse politique en Côte d'Ivoire qui, si elle se poursuivait « aurait pour effet non seulement de provoquer une catastrophe socioéconomique et humanitaire de grande ampleur et de compliquer la division actuelle du pays entre le Nord et le Sud, mais aussi de déstabiliser toute la sous-région. » Les membres du Conseil ont cependant constaté « des perspectives encourageantes de progrès dans le processus de paix, en particulier la volonté des parties ivoiriennes de reprendre le dialogue et la disposition des acteurs régionaux. »

Ils ont également noté de l'inquiétude exprimée par le commandant de la force de l'ONUCI, l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, qui, contrairement à la force française Licorne, ne dispose pas de règles d'engagement lui permettant de faire usage de la force pour surveiller le cessez-le-feu et assurer la protection des civils menacés de violence physique imminente dans la zone de confiance.

« Du fait de cette discordance, il était difficile aux deux forces de collaborer efficacement, ainsi que cela avait été prévu, dans le cadre d'opérations pouvant requérir l'usage de la force », indique le rapport.

La mission recommande que toutes les parties ivoiriennes, en particulier le Président Gbagbo et les trois principaux chefs de l'opposition, s'engagent à nouer un dialogue de haut niveau sans préalable. Elle recommande également que « des troupes supplémentaires soient déployées pour porter dans les meilleurs délais les effectifs de l'ONUCI à leur niveau autorisé, lui permettant ainsi d'établir sa présence dans l'ensemble du pays. »

« Il serait bon que le Département des opérations de maintien de la paix indique au Conseil si le mandat de l'ONUCI est suffisamment défini pour permettre un réaménagement des règles d'engagement de la mission afin d'autoriser l'usage de la force dans le contrôle du cessez-le-feu dans la zone de confiance », ajoute-t-elle.

En ce qui concerne le Libéria, la mission du Conseil de sécurité se dit impressionnée par les progrès accomplis depuis l'entrée en fonctions du Gouvernement national de transition et le déploiement de la Mission des Nations Unies dans le pays, la MINUL en octobre 2003.

Elle a cependant constaté que les exigences de la reconstruction et de la consolidation de la paix étaient telles que la communauté internationale devait rester encore activement présente dans le pays et engage instamment les donateurs à honorer les annonces de contributions qu'ils ont faites à la Conférence internationale des donateurs sur le Libéria en février 2004.

La mission indique également avoir abordé, avec les interlocuteurs de plusieurs pays, la question de l'avenir de l'ancien Président Taylor. Si certaines parties, notamment des représentants des organisations de la société civile, ont réclamé que l'ancien Président soit traduit devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, d'autres ont exprimé la crainte que cette mesure ne compromette le processus de paix au Libéria.

Les membres du Conseil ont toutefois souligné auprès de toutes les parties qu'il ne pouvait y avoir d'impunité, s'agissant des violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire, et qu'avec le retour de la stabilité les arguments en faveur du jugement de l'ancien Président Taylor tendraient à s'imposer.

En Sierra Leone, ils ont constaté les progrès notables accomplis mais, soulignant que ces gains restaient précaires, encourage les donateurs à contribuer à la restructuration et au renforcement des forces de sécurité. Là encore, elle encourage les partenaires de développement de la Sierra Leone à verser sans tarder les contributions qu'ils ont annoncées.

Poursuivant son périple en Guinée-Bissau, la mission y a noté des progrès importants et a félicité le Gouvernement des efforts faits pour répondre aux priorités les plus pressantes, telles que le versement dans les délais des sommes dues aux fonctionnaires et aux forces armées et l'adoption de mesures de responsabilisation et de transparence dans la gestion des deniers publics.

Elle a cependant pris note des préoccupations soulevées par le Gouvernement concernant les menaces transfrontières et le nombre élevé d'armes détenues par la population et recommande que le Conseil de sécurité se saisisse de la question.