L'actualité mondiale Un regard humain

Le Secrétaire général engage l'Ethiopie et l'Erythrée à solliciter ses bons offices

Le Secrétaire général engage l'Ethiopie et l'Erythrée à solliciter ses bons offices

media:entermedia_image:93574de6-f06f-4c8e-9174-77ff258da3f7
Déplorant la récente détérioration des rapports entre la Mission de l'ONU en Ethiopie et en Erythrée et les autorités érythréennes, de même que l'opposition persistante de l'Ethiopie au processus de démarcation issu de la décision de la Commission du tracé de la frontière, le Secrétaire général, dans un rapport au Conseil de sécurité, prévient que la situation volatile peut dégénérer à tout instant.

En préambule de son rapport , qui couvre les activités de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) du 5 mars au 7 juillet 2004, le Secrétaire général décrit la situation générale dans la zone de sécurité temporaire et les zones adjacentes de relativement stable d'un point de vue militaire.

« Toutefois, l'impasse où se trouve le processus de paix a indéniablement influé sur les conditions dans lesquelles opère la MINUEE et la stabilité relative qui existe actuellement ne saurait être considérée comme acquise », précise le Secrétaire général dans son rapport.

Kofi Annan déplore tout d'abord la détérioration des relations entre les autorités érythréennes et la MINUEE, malgré les appels lancés par son Représentant spécial, M. Legwaila Joseph Legwaila.

Cette détérioration s'est manifestée sous diverses formes, « dont des restrictions constantes de la liberté de mouvement de la MINUEE, surtout dans les zones adjacentes au nord de la zone de sécurité; le fait que les autorités érythréennes ont interdit à la MINUEE de circuler sur la grande route reliant Asmara à Barentu, principale voie d'approvisionnement des contingents de la Mission dans le secteur occidental; la poursuite des détentions par les autorités d'agents de l'ONU recrutés localement et toute une série de déclarations publiques dans lesquelles certains fonctionnaires érythréens se sont livrés à des attaques contre l'opération de maintien de la paix et son personnel. »

En mai dernier, le Conseil de sécurité avait déjà lancé un avertissement à l'Erythrée. Kofi Annan réitère dans son rapport que « le ton et l'ampleur des allégations faites récemment à Asmara sont non seulement nuisibles aux relations de travail de la MINUEE avec les autorités mais pourraient aussi entraver l'efficacité de la Mission, voire mettre en danger la sécurité de son personnel ». Il note toutefois la volonté exprimée par les autorités érythréennes récemment de coopérer de manière constructive avec la MINUEE afin de régler les différends qui pourraient surgir.

Parallèlement, le Secrétaire général juge « préoccupant de constater que l'Éthiopie continue de faire opposition au processus de démarcation issu de la décision définitive et contraignante de la Commission du tracé de la frontière ».

« Il est opportun de rappeler aux parties », relève Kofi Annan, « et en particulier à l'Éthiopie, que les deux gouvernements ont eux-mêmes confié à la Commission du tracé de la frontière l'ensemble du processus de démarcation, ont établi son mandat et ont choisi ses membres. Il serait donc essentiel que l'Éthiopie réaffirme sans équivoque qu'elle accepte la décision de la Commission ».

« Quant à mon offre de bons offices » précise le Secrétaire général », je n'ai pas l'intention de créer un mécanisme différent de la Commission du tracé de la frontière ni de renégocier la décision définitive et contraignante de cet organe ».

Il apparaît toutefois que « le Président Isaias a demandé que les questions que voudrait soulever mon Envoyé spécial, Lloyd Axworthy, soient clarifiées avec son propre envoyé spécial ».

Le rapport note que les consultations se poursuivent à ce sujet, et Kofi Annan lance un appel à toutes les parties « à user de ses bons offices et à engager un « dialogue constructif » avec son Envoyé spécial.

« Dans les circonstances actuelles, des questions se posent de plus en plus quant à l'efficacité à long terme de la MINUEE et à sa configuration future sur le terrain », conclut le Secrétaire général, qui indique avoir entrepris un examen de l'efficacité de la Mission en vue d'ajuster et de rationaliser ses opérations, si nécessaire, en tenant compte du mandat de la MINUEE et de maintenir l'intégrité des arrangements de cessez-le-feu.

---