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Soudan : une résolution au plus vite et les fonds nécessaires, deux démarches vitales pour le Darfour

Soudan : une résolution au plus vite et les fonds nécessaires, deux démarches vitales pour le Darfour

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Le Secrétaire général souhaite que le Conseil de sécurité parvienne à un accord rapidement sur un projet de résolution de façon à maintenir la pression auprès du Gouvernement du Soudan, a indiqué le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU qui a également mis l'accent sur un manque de financement tel qu'il peut mettre en péril des milliers de vies.

A sa sortie du Conseil de sécurité auquel il a rendu compte de la visite qu'il a effectuée dans les camps du Darfour et du Tchad en compagnie du Secrétaire général, Jan Egeland, le Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, qui a été un des tout premiers à attirer l'attention sur le système de « terre brûlée » qui se pratique au Darfour, à l'Ouest du Soudan (carte), l'a à nouveau décrit aujourd'hui après avoir, a-t-il dit, entendu, au cours de sa visite, des histoires très semblables d'attaques menés par hélicoptères ou des avions suivies par l'arrivée des milices Djandjawids qui viennent "achever le travail, de villages brûlés jusqu'aux fondations, de pillages et de systèmes d'irrigation détruits".

« Il y a actuellement 1,2 million de personnes déplacées et regroupées dans 137 camps à l'intérieur du Darfour, une région du Soudan aussi grande que la France. C'est un cauchemar logistique pour nous de les aider mais nous avons pour la première fois, depuis que cette crise a commencé, accès à ces personnes déplacées à l'intérieur du Darfour », a-t-il déclaré.

Pour Jan Egeland, il s'agit d'un « moment de vérité pour ces gens car soit nous allons être en mesure de les nourrir, de leur apporter une aide dans le domaine médical et sanitaire, en juillet et à la fin août, soit nous échouerons parce nous n'aurons pas la sécurité ou pas assez de financement. »

Il a souligné que la sécurité était actuellement insuffisante, précisant que « quatre camions avaient été pillés, pendant ces 3 à 4 derniers jours », que « des attaques et des sévices continuent à être perpétrés contre les réfugiés et les personnes déplacées ainsi que les civils. »

En ce qui concerne le manque de financement, « il serait ironique que, maintenant que nous avons accès à cette région, nous ne soyons pas en mesure de sauver des vies parce que nous avons seulement 40% de ce que nous avons demandé », a-t-il déclaré, ajoutant que, si la totalité du financement n'était pas fourni, les vivres ne seraient pas disponibles en quantités suffisantes et qu'il y aurait des gens qui souffriraient de la faim.

Interrogé sur les moyens de mesurer dans les jours qui viennent la sincérité des engagements du Gouvernement du Soudan, Jan Egeland a répondu que, pour la première fois, un mécanisme mixte de contrôle de haut niveau était mis en place et qu'il importait de placer le Gouvernement du Soudan fasse à ses responsabilités.

« Nous ne constatons toujours par le désarmement des milices », a-t-il ajouté, « ce que nous constatons pour la première fois, c'est l'accès des organisations non gouvernementales et d'autres collègues humanitaires, qui ont été empêchés pendant des mois de pénétrer au Soudan et qui en ont désormais la possibilité.

Il s'est dit satisfait de ce que le Conseil de sécurité ait décidé de maintenir la pression sur le Gouvernement du Soudan « car c'est nécessaire », a-t-il affirmé. Interrogé à ce sujet, il a indiqué que le Secrétaire général avait déclaré que la situation était intolérable et inacceptable et que le Gouvernement devait changer sa politique.

« La situation est si précaire que si de nouveaux affrontements devaient se produire notre programme serait immédiatement interrompu et des milliers de personnes mourraient », a-t-il déclaré, ajoutant que les 350 millions de dollars dont les agences humanitaires avaient besoin, n'étaient pas une « demande de cadeau de Noël » mais le minimum pour aider et peut-être sauver 1,2 millions de personnes.

La principale recommandation du Secrétaire général est que le Conseil parvienne à une résolution aussi rapide et aussi concrète que possible de façon à maintenir la pression sur le Gouvernement du Soudan « ce que nous les acteurs humanitaires avons absolument besoin pour pouvoir fonctionner », a précisé le Coordonnateur humanitaire de l'ONU en réponse à une question.

Jan Egeland s'est déclaré satisfait de la promesse du Conseil de rester saisi du dossier. Tout cela, a-t-il déclaré, est une question de vie ou de mort. Sans le réveil, certes un peu tardif mais très déterminé, du Conseil de sécurité, nous n'aurions pas eu la déclaration que nous avons obtenue (l'accord entre le Soudan et l'ONU), a-t-il affirmé, ajoutant qu'il aimerait que la même attention se porte sur d'autres régions, y compris ailleurs au Soudan, notamment dans la région du Nil supérieur et dans la région inférieure du Nil bleu auxquelles les équipes humanitaires n'ont pas accès et où il sait que se trouvent des milliers de personnes déplacées.

« Je vois une très claire corrélation entre l'attention et l'accès », a déclaré Jan Egeland « et l'attention est très rare dans mon domaine, l'aide humanitaire. »

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Vidéo de l’exposé de Jan Egeland à la sortie du Conseil de sécurité [12mins]

- Page des retransmissions de l’ONU pour les autres interventions

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