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Le Conseil de sécurité prêt à agir si le Soudan ne se conforme pas à ses engagements

Le Conseil de sécurité prêt à agir si le Soudan ne se conforme pas à ses engagements

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Les membres du Conseil de sécurité qui se sont exprimés au sortir d'une réunion de plus de deux heures, ont indiqué que le Secrétaire général, Kofi Annan, s'exprimant par vidéoconférence depuis Nairobi, les a engagés à maintenir la pression sur le Gouvernement du Soudan et qu'ils avaient étudié un projet de résolution présenté officieusement par les Etats-Unis prévoyant des sanctions contre les milices djandjawids.

Si pour les membres du Conseil de sécurité qui s'exprimaient à la suite de consultations plénières privées, la première chose à faire est d'attendre et de voir si le gouvernement soudanais applique bel et bien les accords conclus avec l'ONU le 3 juillet dernier, la patience des membres du Conseil est limitée par le sentiment d'urgence que fait naître la situation sur le terrain.

On peut l'appeler tragédie, on peut l'appeler catastrophe, la réalité c'est que « la situation au Darfour est un désastre », a déclaré John C. Danforth, le nouvel Ambassadeur des Etats-Unis, nommé en juin dernier après le départ de John Negroponte pour Bagdad. Affirmant que le Soudan (carte) est un pays qui figure à l'ordre du jour du président des Etats-Unis depuis longtemps, il a fait observer que « l'attention du monde était maintenant dirigée sur ce que va faire le Gouvernement du Soudan. »

« Est-ce qu'il va pleuvoir ou non sur les Djandjawids ? C'est ce que nous allons voir. Est-ce que l'accès humanitaire va être totalement libre au Darfour ? C'est ce que nous allons voir. Les Etats-Unis ont fait circuler un projet de résolution. Demain nous allons réunir les experts qui l'examineront de façon à être prêt à faire avancer cette résolution. Maintenant la question n'est plus que de savoir ce que le Gouvernement du Soudan va faire. Nous le tenons pour responsable de ce qui va se passer », a déclaré M. Danforth qui a ajouté que le délai dont disposait Khartoum pour mettre en œuvre l'accord se résumait à quelques jours, quelque chose comme la fin de cette semaine.

Interrogé par un membre des médias sur les raisons pour lesquelles le projet de résolution prévoyait des sanctions à l'encontre des seuls Djandjawids, l'Ambassadeur a précisé qu'une évaluation serait faite après une période de 30 jours et que d'autres sanctions pourraient alors être décidées le cas échéant. Il a indiqué que son gouvernement était par ailleurs d'accord pour discuter du contenu du projet de résolution.

Quant au représentant de l'Allemagne, il a déclaré que les accords conclus avec le Soudan constituaient un texte de référence et qu'il était important que ces accords se concrétisent. Il a rappelé que le Gouvernement du Soudan "avait pris d'autres engagements auparavant, qu'il n'avait pas tenus et que, pour cette raison, le Secrétaire général comme le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Jan Egeland, pensent qu'il est important de maintenir la pression".

Jugeant très intéressant les exposés du Secrétaire général et de M. Egeland, il a fait observer qu'il s'agissait désormais pour le Conseil de sécurité d'une « question de crédibilité » et qu'il fallait qu'il se tienne prêt à agir.

Tout en indiquant avoir accueilli favorablement le projet de résolution que la délégation des Etats-Unis a fait circuler de façon officieuse, il a indiqué que, si les engagements pris par le Soudan n'étaient pas tenus, son gouvernement était « prêt à envisager des sanctions, y compris un embargo sur les armes et pas seulement à l'encontre des Djandjawids mais à l'encontre du Soudan dans son ensemble. »

En réponse à une question, il a indiqué que le Secrétaire général n'avait pas demandé de prendre des sanctions immédiatement mais qu'il avait demandé à plusieurs reprises de maintenir la pression.

« Le mécanisme de contrôle prévu par le Secrétaire général effectuera son premier rapport le 15 de ce mois ce qui n'est pas une date très éloignée mais étant donné la situation sur le terrain, il est absolument nécessaire que l'application des accords commence immédiatement », a-t-il ajouté.

Le délégué du Pakistan, qui s'exprimait en préalable aux consultations, a pour sa part jugé préférable d'attendre l'évaluation qui « ne devrait pas être trop longue » plutôt que d'adopter la résolution, « telle qu'elle est formulée actuellement », tout en reconnaissant qu'il n'avait pas encore pris connaissance de la dernière version. Toutefois, a-t-il ajouté, une des actions offertes à la communauté internationale est de fournir le niveau d'aide adéquat au Darfour et à la région, rappelant que moins de 40% des promesses d'aide financière au Darfour avaient été tenues.

« Tous les groupes armés et milices doivent être contrôlés et cela signifie qu'il nous faut adopter une approche globale. Je ne dis pas qu'une résolution ne soit pas nécessaire mais son contenu doit être examiné de façon à disposer d'une stratégie susceptible de réussir », a-t-il précisé.

Le Président du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de Roumanie, Mihnea Ioan Motoc, a indiqué que le Conseil avait entendu des exposés très complets de la part du Secrétaire général Kofi Annan ainsi que du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Kieran Prendergast et de Jan Engeland tout juste de retour du Soudan et du Darfour.

M. Motoc a confirmé que le Conseil de sécurité était en faveur d'un maintien de la pression sur le Gouvernement du Soudan et aussi d'une amélioration humanitaire.

« Nous avons entendu des estimations valables en ce qui concerne les besoins les plus urgents au plan matériel sur le terrain de la part de M. Engeland. Un appel a été lancé à l'ensemble du système de l'ONU ainsi qu'à tous les membres qui ont fait des promesses à les concrétiser rapidement », a déclaré le Président qui a salué la contribution de l'Union africaine en matière d'observateurs militaires.

« Le Conseil de sécurité a étudié le projet de résolution sur cette question et une action quelle qu'elle soit dépendra largement des performances de Khartoum. Tous les membres se déclarent prêts à suivre attentivement les évolutions et à étudier la meilleure façon pour le Conseil d'être à la hauteur de ses responsabilités », a-t-il ajouté.

Quant à l'Ambassadeur de la France, Jean-Marc de La Sablière, il a mis l'accent sur l'intérêt présenté par le rapport du Secrétaire général et par la réunion dans son ensemble, dont la durée seule, plus de deux heures, est le signe, a-t-il souligné, « que le Conseil est activement en charge ».

Il a indiqué par ailleurs que le Gouvernement du Soudan allait être jugé sur ses actes et ses performances, que le Conseil restait saisi de la question et s'en ressaisirait rapidement. Quant au contenu de la résolution, « elle dépendra largement du comportement du Soudan », a-t-il ajouté, tout en soulignant l'urgence créée par la situation sur le terrain.

« Tout le monde doit s'efforcer d'améliorer la situation humanitaire qui constitue une menace non seulement pour le Tchad mais pour [...] l'ensemble de la région », a fait observer M. de La Sablière qui a également souligné qu'il était « difficile d'imaginer un règlement entre le Sud et le Nord [du Soudan] s'il n'y avait pas de règlement au Darfour. »

Il a affirmé que « la communauté internationale était unie sur cette question » et qu'il était « réconforté par le fait que l'Union africaine soit leader dans le processus et que l'ONU l'aide dans ses efforts. »

« Il n'y a pas de divergences importantes sur ces questions », a-t-il répété.

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Vidéo de l'exposé du Président du Conseil de sécurité à l'issue des consultations

[4mins]

- Page des retransmissions de l'ONU pour les autres interventions

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