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Kofi Annan promet de faire pression sur les autorités soudanaises pour protéger les réfugiés du Darfour

Kofi Annan promet de faire pression sur les autorités soudanaises pour protéger les réfugiés du Darfour

Kofi Annan
Le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a promis, vendredi, de faire pression sur le Gouvernement de Khartoum, lors de sa visite la semaine prochaine au Soudan, pour qu'il protège les civils de la région du Darfour, dans le sud du pays, cibles d'attaques meurtrières de la part des milices arabes Djandjawids.

« Je vais moi-même me rendre compte de la situation sur le terrain », a déclaré le Secrétaire général, lors d'une conférence de presse à New York, au siège de l'ONU, ajoutant qu'il allait également « faire de nouveau pression sur le Gouvernement pour qu'il fasse ce qu'il a à faire ».

Il a également affirmé qu'il rencontrerait le Secrétaire d'Etat américain Colin Powell, qui sera à Khartoum au même moment « où nous ferons ensemble pression sur le Gouvernement pour qu'il fasse ce qu'il a à faire ».

Le Secrétaire général entame ce week-end un voyage de trois semaines qui le conduira au Moyen Orient, en Afrique, en Asie et en Europe. Ce périple sera marqué par une étape dans la région du Darfour, au Soudan, théâtre d'une des plus graves crises humanitaires.

« La population du Darfour subit une catastrophe », a déclaré Kofi Annan. « Des crimes terribles ont été commis contre eux. »

Le Secrétaire général a ajouté que sur le plan humanitaire, les besoins étaient « énormes ». « Comme trop souvent, la réponse au départ a été trop lente, en partie à cause des restrictions graves d'accès et des problèmes de sécurité que nous avons rencontrés », a-t-il ajouté. « Mais, au cours des derniers mois, les agences de l'ONU et ses organisations non gouvernementales (ONG) partenaires ont réalisé des progrès significatifs », a-t-il précisé, soulignant qu'à la fin du mois « nous aurons suffisamment sur le terrain d'équipements pour des abris et de couvertures pour toucher 90% des personnes déplacées ». Selon Kofi Annan, 350 000 personnes dans le besoin ont désormais accès à l'eau potable. Quant à la distribution de nourriture, dont bénéficiaient en mai près de 600 000 personnes, l'objectif est de doubler ce nombre avant la fin du mois d'août.

Kofi Annan a affirmé avoir « appelé à plusieurs reprises » le Président Bashir du Soudan à faciliter le travail du personnel humanitaire. « Les accès se sont maintenant améliorés et le nombre du personnel international au Darfour s'accroît », a-t-il constaté. « Mais il faut faire plus, et les problèmes sérieux demeurent », a-t-il poursuivi, demandant notamment à ce que cessent les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires.

Le Secrétaire général a également appelé tous les donateurs à respecter leurs promesses et à fournir des fonds supplémentaires.

Selon Kofi Annan, l'aide humanitaire, si elle constitue le « besoin le plus urgent », n'est pas pour autant une solution. « La responsabilité la plus sacrée d'un gouvernement est de protéger son peuple contre le genre de crimes qui ont été commis au Darfour », a-t-il ajouté, précisant que « si le Gouvernement soudanais n'a pas la capacité de protéger sa population, la communauté internationale doit être préparée à aider, et le Gouvernement soudanais devrait rechercher une telle assistance ».

Le Secrétaire général a indiqué qu'il informerait le Conseil de sécurité des résultats de sa visite au Soudan, et qu'il discuterait de cette lors du sommet de l'Union Africaine ou il participera, à Addis-Abeba, en Ethiopie.

Interrogé sur le fait de savoir si les attaques meurtrières répétées contre les réfugiés pouvaient constituer un génocide, le Secrétaire général a rappelé qu'il avait déjà indiqué que des rapports faisaient état d'actes « à la limite de la purification ethnique ».

« La question n'est pas de discuter du nom à donner », a-t-il dit. « Nous considérons tous que des crimes graves sont commis. (…) Je pense que nous devrions agir maintenant, et arrêter de discuter sur la façon de qualifier » ces crimes, a-t-il estimé.

Il a averti que les chefs des Djandjawids, et pas seulement ses commandants militaires, seraient punis pour leurs crimes.

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