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Un « leadership américain éclairé » est indispensable une fois surmontées les épreuves, estime Kofi Annan

Un « leadership américain éclairé » est indispensable une fois surmontées les épreuves, estime Kofi Annan

Le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a estimé jeudi, lors d'une cérémonie de remise des diplômes aux étudiants de l'université d'Harvard, qu'une fois surmontées les épreuves de la « sécurité collective », de la « solidarité entre riches et pauvres » et du « respect mutuel entre les religions et les cultures », le système international aura « besoin d'un leadership américain éclairé ».

Le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a estimé jeudi, lors d'une cérémonie de remise des diplômes aux étudiants de l'université d'Harvard, qu'une fois surmontées les épreuves de la « sécurité collective », de la « solidarité entre riches et pauvres » et du « respect mutuel entre les religions et les cultures », le système international aura « besoin d'un leadership américain éclairé ».

L'ONU « est ce que nous avons de mieux pour créer un monde stable et un ordre international globalement équitable sur la base de règles généralement acceptées », a déclaré Kofi Annan, dans son discours à la célèbre université américaine, à Cambridge (Massachusetts), où il a également reçu un diplôme. « Cette affirmation a très souvent été mise en doute au cours de l'année qui vient de s'écouler. »

Selon le Secrétaire général, « les États-Unis ressentent le besoin de définir leurs politiques et d'exercer leur leadership en tenant compte non seulement de leurs propres intérêts, mais aussi des intérêts du reste du monde et de principes universels ».

Il a rappelé qu'après avoir fondé l'ONU avec leurs partenaires, et, au cours des 60 dernières années, « créé une économie mondiale ouverte, encouragé le respect des droits de l'homme et la décolonisation et aidé l'Europe à se transformer en une communauté d'États fondée sur la coopération », les Etats-Unis sont devenus « indissociables d'un système international efficace fondé sur la primauté du droit, et indispensables à ce système ».

« La puissance des États-Unis est un ingrédient essentiel du mélange », a-t-il observé. « Mais ce qui rend cette puissance opérante, en tant qu'instrument de progrès, c'est la légitimité qu'elle acquiert quand elle est déployée dans le cadre du droit international et des institutions multilatérales et dans l'intérêt général », a-t-il ajouté, considérant que « ces dernières semaines, les États-Unis se sont rendu compte une fois de plus qu'ils avaient besoin, pour qu'un gouvernement provisoire crédible puisse être installé en Iraq, de la légitimité que l'Organisation des Nations Unies est la seule à pouvoir conférer ».

Néanmoins, selon Kofi Annan, « ces principes sont compromis par une triple crise qui met en péril l'ONU, en tant que système, et les Etats-Unis en tant que leader mondial » : une « crise de la sécurité collective », une « crise de la solidarité mondiale » et une « crise qui se traduit par des divisions culturelles ». Cette triple crise « demande que l'ONU et les États-Unis se montrent à la hauteur de leurs idéaux et de leurs traditions ».

La première crise, qui est aussi « la plus visible », se manifeste par le terrorisme international et le risque de prolifération des armes de destruction massive. Elle a « culminé l'année dernière, lors du désaccord qu'a suscité l'Iraq ». « Nous ne pouvons pas abandonner notre système de règles, mais nous devons l'adapter à de nouvelles réalités, et trouver des réponses à des questions difficiles », a-t-il insisté.

La deuxième crise pèse sur la vie de millions de personnes. Les pays riches ont un « rôle essentiel à jouer » pour permettre aux plus pauvres d'atteindre d'ici à 2015 les objectifs du Millénaire, « qui consistent notamment à réduire de moitié le nombre de personnes qui n'ont pas d'eau potable, à donner aux filles, sur le même pied qu'aux garçons, la possibilité d'aller au moins à l'école primaire, de réduire considérablement la mortalité infantile et maternelle et d'endiguer la propagation du VIH/sida ».

Pour surmonter la troisième crise, « celle qui résulte des préjugés et de l'intolérance », « nous ne devons pas nous laisser aller à blâmer « l'Islam » ou à soupçonner tous les Musulmans, sous prétexte que quelques Musulmans ont commis des actes de violence et de terrorisme », de même que « nous ne pouvons autoriser l'antisémitisme à prospérer sous l'apparence d'une réaction aux politiques du Gouvernement israélien, pas plus que nous ne devons laisser toute remise en cause de ces politiques être étouffée sous des accusations d'antisémitisme » et « nous ne devons pas permettre que dans le monde musulman, les Chrétiens soient traités comme si leur religion faisait d'eux des agents de l'impérialisme occidental ».

« Ce sont donc là les trois grandes épreuves que notre système doit surmonter, en ces premières années du nouveau siècle », a poursuivi le Secrétaire général. « Mais une fois de plus, nous aurons besoin d'un leadership américain éclairé. »

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