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Un rapport de l'OMS révèle le coût de la violence interpersonnelle pour l'économie

Un rapport de l'OMS révèle le coût de la violence interpersonnelle pour l'économie

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La violence anéantit des vies et son coût économique pèse lourdement sur les sociétés dans le monde, dont certaines consacrent plus de 4% de leur produit intérieur brut (PIB) à la lutte contre les traumatismes dus à la violence. Tel est l'un des constats d'un rapport publié mercredi par l'agence pour la santé de l'ONU.

Le rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les dimensions économiques de la violence interpersonnelle (en anglais), publié à l'occasion de la 7e Conférence mondiale sur la prévention des traumatismes et la promotion de la sécurité, qui se tient jusqu'à mercredi à Vienne, en Autriche, rassemble les données disponibles sur le coût de la violence à l'encontre des enfants, des femmes et des personnes âgées et entre jeunes, y compris des informations sur l'efficacité de la prévention de la violence par rapport à son coût.

La violence fait 1,6 million de victimes chaque année dans le monde et des millions d'autres personnes, qui ont été blessées, présentent des séquelles physiques, sexuelles, génésiques et mentales, précise le communiqué

La violence, qui est responsable de 14% des décès chez les hommes et de 7% des décès chez les femmes, figure parmi les principales causes de mortalité chez les personnes de 15-44 ans. Les victimes masculines d'homicides sont pour la plupart tuées par des personnes sans lien de parenté avec elles tandis que près de la moitié des victimes féminines sont tuées par leur conjoint ou ex-conjoint ou par leur partenaire, et ce chiffre peut atteindre 70% dans certains pays. Quant aux sévices infligés à des enfants, il ressort d'études réalisées dans certains pays que 20% environ des femmes et 5-10% des hommes ont subi des sévices sexuels dans leur enfance.

Le rapport de l'OMS traite plus spécialement du coût de la violence pour les sociétés. Ainsi, selon une étude consacrée aux pays d'Amérique centrale et australe, les dépenses de santé liées à la violence représentaient 1,9% du PIB au Brésil; 4,3% en Colombie; 4,3% à El Salvador; 1,3% au Mexique; 1,5% au Pérou; et 0,3% au Venezuela.

En Angleterre et au Pays de Galles (Royaume-Uni), le coût annuel total des actes criminels - pour plus de 60% des meurtres, des agressions sexuelles ou d'autres traumatismes liés à la violence - est estimé à 63,8 milliards de dollars. On estime que les seuls homicides coûtent 194 millions de dollars par an à l'Australie, 67 millions à la Nouvelle-Zélande et 30 millions à la Province occidentale du Cap en Afrique du Sud.

En Australie, la violence au travail coûte 5 582 dollars par victime aux employeurs et 837 millions de dollars par an à l'économie nationale.

« Au-delà des tragédies humaines personnelles associées à chaque cas de violence, les conséquences de ces actes coûtent extrêmement cher en termes économiques à la société », souligne Catherine Le Galès-Camus, Sous-Directeur général à l'OMS, responsable du Groupe, Maladies non transmissibles et Santé mentale. « La lutte contre la violence prive les secteurs de l'éducation, de la sécurité sociale, du logement et des loisirs de milliards de dollars dépensés pour soigner les victimes et poursuivre les coupables, tâches essentielles mais apparemment sans fin. »

Les estimations du coût de la violence aux Etats-Unis peuvent dépasser les 300 milliards de dollars par an. Une étude indique que la maltraitance des enfants coûte à elle seule 94 milliards de dollars par an à l'économie des Etats-Unis, soit 1% du PIB national. Ce chiffre inclut les dépenses médicales directes et les frais connexes liés aux services juridiques, à l'intervention de la police et aux incarcérations, ainsi que le montant correspondant à la perte de productivité indirecte, au coût psychologique et à la délinquance future.

L'OMS est étroitement associée à l'action menée pour prévenir la violence interpersonnelle sous toutes ses formes, y compris la maltraitance des enfants, la violence juvénile, la violence entre intimes, la violence sexuelle et les mauvais traitements infligés aux personnes âgées. Depuis la publication du Rapport mondial OMS sur la violence et la santé, ses recommandations relatives à la prévention de la violence ont été approuvées par l'Assemblée mondiale de la Santé, la Commission des droits de l'homme, l'Union africaine et l'Association médicale mondiale.

Ces recommandations appellent notamment les gouvernements et les acteurs concernés à tous les niveaux de la prise des décisions, à définir des priorités pour les causes, les conséquences, le coût et la prévention de la violence, et à soutenir la recherche sur l'ensemble de ces aspects.