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Kofi Annan recommande une mission de reconnaissance au Soudan pour préparer une future mission

Kofi Annan recommande une mission de reconnaissance au Soudan pour préparer une future mission

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Le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, dans son premier rapport sur la situation au Soudan, engage le Conseil de sécurité à approuver l'envoi d'un groupe de reconnaissance et s'apprête à nommer les responsables d'une future mission.

Dans son rapport , publié le 3 juin, Kofi Annan réitère par ailleurs sa préoccupation à l'égard de la situation humanitaire « catastrophique au Darfour », situation qui, selon lui, « rendra un accord de paix infiniment plus difficile à appliquer ».

Le porte-parole de l'ONU, Fred Eckhard, a annoncé mardi lors de son point avec la presse qu'un projet de résolution sur le Soudan avait déjà été soumis au Conseil de sécurité.

Dans sa résolution du 10 octobre 2003, le Conseil de sécurité avait demandé au Secrétaire général de « commencer les travaux préparatoires en vue de déterminer les meilleurs moyens pour l'ONU de faciliter l'application d'un accord global de paix entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement/Armée de libération du peuple soudanais (SPLM/A) ».

« Des générations de soudanais n'ont rien connu d'autre que les conséquences effroyables d'une guerre interminable, notamment les nombreuses pertes en vies humaines, les destructions considérables, les déplacements massifs, les crises provoquées par les réfugiés et la famine », déplore Kofi Annan. Le Soudan, précise-t-il, « à l'exception d'une parenthèse de 11 ans (…) a connu les affres de la guerre civile pendant les 48 années qui ont suivi son indépendance en 1956 » (carte).

Kofi Annan rappelle que les accords de paix signés à Naivasha, au Kenya, entre les chefs des deux délégations soudanaises en conflit, le Gouvernement de Karthoum et les rebelles du SPLM/A, et relatifs au partage du pouvoir dans trois zones (monts Nouba, Etat du Nil bleu méridional et province d'Abyei), « représentent le couronnement de près de deux ans de travail depuis la signature du premier protocole à Machakos (Kenya), en juillet 2002 ».

« En signant une série de protocoles de base », indique le Secrétaire général, « le Gouvernement soudanais et le SPLM/A s'apprêtent enfin à mettre un terme à cette guerre interminable ». « Il leur appartient désormais de clore rapidement les négociations et de signer un accord de paix global. »

Pour assurer la mise en œuvre de ces accords, un petit groupe d'experts techniques de l'ONU se trouve déjà au Soudan depuis la fin d'avril 2004 afin d'entreprendre une planification logistique et des évaluations sur le terrain.

Kofi Annan recommande à cet égard au Conseil de sécurité de prévoir un « délai assez long [...] pour surmonter au mieux les obstacles énormes d'ordre logistique auxquels se heurtera une future opération des Nations Unies au Soudan ».

« Du fait même de la taille du pays – comparable à celle de l'Europe de l'Ouest – et de l'absence totale d'infrastructures dans le sud », l'ONU sera fatalement contrainte de travailler dans des conditions extrêmement difficiles ». « Plusieurs secteurs ont la taille de l'Autriche ou de l'Etat de New York », précise-t-il, ajoutant que le Soudan est 35 fois plus grand que la Sierra Leone.

Sur le plan logistique, « la dimension d'une opération future serait légèrement supérieure à celle existant en République démocratique du Congo ».

Dans ce contexte, Kofi Annan annonce qu'il compte « renforcer la petite équipe qui opère déjà au Soudan en déployant immédiatement du personnel d'appui supplémentaire ». « Cette équipe sera intégrée dans un groupe de reconnaissance des Nations Unies que je recommanderais au Conseil de sécurité pour approbation » affirme-t-il.

Ce groupe de reconnaissance comportera jusqu'à 25 officiers de liaison militaire et éléments d'appui militaire, accompagnant l'Equipe de pays des Nations Unies, qui aura pour mission « d'établir des contacts avec les forces armées des parties sur le terrain, d'inspecter et de préparer les zones d'accueil, d'assurer le prépositionnement du matériel indispensable » et d'établir un recrutement du personnel local.

Kofi Annan annonce par ailleurs son intention de « nommer très bientôt les principaux responsables d'une future opération de paix des Nations Unies, notamment un représentant spécial et deux représentants spéciaux adjoints ».

La communauté internationale doit comprendre que « la paix ne pourra être assurée au Soudan que grâce à un engagement constant de sa part, nécessitant des investissements et des ressources considérables », estime Kofi Annan.

Sans l'appui de la communauté internationale dans cette entreprise, prévient-il, et « faute d'engagement durable et d'efforts inlassables, il n'est pas impossible que le sud du Soudan retombe dans la guerre et le chaos ».

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