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Avant de quitter l'Iraq aujourd'hui, Lakhdar Brahimi demande de donner sa chance au nouveau gouvernement

Avant de quitter l'Iraq aujourd'hui, Lakhdar Brahimi demande de donner sa chance au nouveau gouvernement

Lakhdar Brahimi
Tandis que les discussions sur la future résolution sur l'Iraq vont bon train à New York, Lakhdar Brahimi a déclaré aujourd'hui à Bagdad que, son travail étant accompli, il allait reprendre son poste de Conseiller spécial auprès du Secrétaire général mais qu'il « y avait quelque chose à bâtir avec le nouveau gouvernement iraquien » et qu'il « fallait lui laisser une chance. »

« J'ai fait mon travail. Je l'ai fait au mieux de mes capacités. Je l'ai fait avec beaucoup de respect et de sympathie pour le peuple d'Iraq. […] L'important maintenant, c'est ce que les Iraquiens pensent », a déclaré le Conseiller spécial du Secrétaire général avant de quitter Bagdad pour New York où il est attendu par les membres du Conseil de sécurité et le Secrétaire général.

« Le Conseil de sécurité effectue deux jours de retraite, vendredi et samedi. Il est très possible qu'il soit demandé à Lakhdar Brahimi d'y prendre part », a indiqué le porte-parole Fred Eckhard aujourd'hui à New York qui, en réponse à une question d'un journaliste, a ajouté n'avoir connaissance d'aucun projet de ce genre.

Le porte-parole a par ailleurs indiqué que le Conseil de sécurité avait tenu trois heures de consultations sur l'Iraq hier et qu'il s'apprêtait à rencontrer demain le Ministre des affaires étrangères iraquien, Hoshiyar Zebari.

La Commission électorale indépendante, dont la sélection a été organisée par Carina Perelli, la responsable de la mission électorale de l'ONU en Iraq, a été ratifiée par l'Autorité provisoire de la coalition, a également précisé Fred Eckhard qui a annoncé plus d'informations sur cette question d'ici à la fin de la semaine.

Quant à Lakhdar Brahimi, lors d'un point avec la presse à Bagdad, il a déclaré croire sincèrement que le nouveau gouvernement « répondait largement, peut-être pas à 100% mais largement, à ce que les Iraquiens réclament, un gouvernement composé de personnes expérimentées et honnêtes qui ne sont pas liées trop étroitement à leur partis politiques. »

« Je voudrais lancer un appel au peuple iraquien pour qu'il donne sa chance à ce gouvernement. Il y a beaucoup de talents dans le Cabinet », a-t-il déclaré faisant remarquer qu'il y avait « beaucoup de visages nouveaux et six femmes alors que quatre ou cinq seulement siègent dans le Gouvernement de l'Inde » selon ses informations et qu'il ne pensait pas qu'il y ait six femmes dans le gouvernement américain.

Lakhdar Brahimi a également souligné que le peuple iraquien jugerait ce gouvernement sur la façon dont il règle ses préoccupations les plus immédiates, à commencer par la sécurité.

« Il est certain que l'Iraq a besoin d'une police efficace et d'une armée professionnelle et bien entraînée. Le plus tôt seront-elles mises en place et le mieux ce sera », a-t-il ajouté.

Il a estimé que, parmi les questions extrêmement importantes que les Iraquiens devaient maintenant débattre entre eux, il y avait celle de savoir qui se trouvait derrière l'insécurité actuelle et comment y répondre.

« De nombreux Iraquiens très sages et très respectés m'ont dit être convaincus qu'une solution politique, entraînant un consensus national réel, était à tout prix nécessaire au retour de la paix et de la stabilité sur cette terre », a indiqué M. Brahimi qui a ajouté que la Conférence nationale qui, dans une annexe de la loi administrative provisoire, est fixée en juillet, était le lieu où débattre de ces questions.

Il a précisé qu'une Commission préparatoire qui sera présidée par Fouad Massoum et, peut-être, tout au moins l'espérait-il, Jalal Talabani, organisera cette Conférence. La Commission provisoire sera composée d'une soixantaine de personnes dont les membres du Conseil de gouvernement provisoire qui ne siègent pas dans le nouveau gouvernement ainsi que des représentants de chacune des 18 provinces.

Quant à la Conférence nationale, en dehors du fait qu'elle permettra d'engager le dialogue sur des questions fondamentales, elle aura pour mission de désigner un Conseil temporaire dont le nombre se situera, a précisé Lakhdar Brahimi, entre 75 et 120 membres, et qui jouera le rôle d'une instance de surveillance: « un peu plus qu'un organe consultatif et un peu moins qu'un organe législatif. »

Enfin, pour le Conseiller spécial de l'ONU, qui l'a redit aujourd'hui, il est urgent que ce gouvernement participe aux discussions en cours aux Nations Unies sur la future résolution concernant leur pays. « Une grande partie de ces discussions auront des conséquences immédiatement après le 30 juin, notamment celles qui portent sur la présence des troupes étrangères. Bon nombre de ces discussions doivent avoir lieu entre ces troupes étrangères et le gouvernement », a-t-il déclaré.

« Un autre sujet qu'à mon avis, il faudra que le gouvernement réclame, c'est celui de ses ressources naturelles, y compris le pétrole », a ajouté M. Brahimi.