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Soudan : la signature d'accords au Kenya, un pas important vers la paix, déclare Kofi Annan

Soudan : la signature d'accords au Kenya, un pas important vers la paix, déclare Kofi Annan

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Le Secrétaire général considère les accords au Kenya signés entre opposants soudanais comme « un pas important vers la paix » et s' apprête à nommer un envoyé qui participera aux pourparlers sur la crise au Darfour qui vont reprendre au Tchad.

"Le Secrétaire général a suivi de près les pourparlers de paix sur le Soudan (carte) facilités par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD)", tant personnellement, par ses contacts réguliers avec le Président du Soudan, Hassan Al-Bashir, et avec le Président du Mouvement et de l'Armée de libération du peuple du Soudan (SPLM/A), John Garang, que par l'intermédiaire de son Conseiller spécial récemment désigné pour apporter un soutien au processus de médiation, l'ambassadeur Mohamed Sahnoun, précise un communiqué rendu public hier par son porte-parole.

Les trois protocoles signés hier, à Naivasha au Kenya, portent sur les questions de partage du pouvoir au cours de la période intérimaire d'administration des trois régions disputées d'Abyei, des Monts Nouba et du Nil bleu méridional, composées principalement de partisans de la SPLM/A, à majorité africaines et chrétiennes ou animistes, qui refusent l'application de la loi islamique imposée par la capitale, Karthoum, à dominante musulmane.

« Cela représente un pas important dans le processus de paix mené par l'IGAD », a indiqué le Secrétaire général, qui a loué les efforts personnels du Premier Vice-Président du Soudan, Ali Osman, et du Président du SPLM/A, John Garang, engagés dans des pourparlers depuis septembre 2003.

Les deux parties doivent « maintenir leur engagement et persévérer dans la recherche d'un accord sur les questions restantes, notamment les arrangements de cessez-le-feu, les modalités de mise en oeuvre, et les garanties internationales pour un futur accord de paix global », a déclaré Kofi Annan.

« Les Nations Unies sont prêtes à contribuer aux efforts de la communauté internationale en vue de mettre en ?uvre un accord de paix conclu par les parties soudanaises », a ajouté le Secrétaire général, appelant « le Gouvernement du Soudan et l'opposition armée du Darfour à saisir l'élan créé à Naivasha pour parvenir à une solution politique dans l'ouest du Soudan, et mettre ainsi fin aux graves situations humanitaire et des droits de l'homme dans cette région ».

En ce qui concerne le Darfour, le Secrétaire général partage la préoccupation du public - individus, groupes et organisations - qui l'ont contacté au sujet de la crise humanitaire dans cette région, a indiqué aujourd'hui la porte-parole, Marie Okabe, qui a ajouté que, dès le début de la crise, il avait engagé le Gouvernement du Soudan et les autres acteurs à rechercher un règlement politique et qu'il « regrettait que ces efforts n'aient pu empêcher la grave crise humanitaire et les violations massives des droits de l'homme au Darfour. »

Le Secrétaire général est prêt à continuer à apporter son aide aux parties soudanaises, en étroite coordination avec l'Union africaine, et va prochainement désigner un envoyé pour le représenter lors des négociations qui doivent bientôt reprendre à N'Djamena, au Tchadn a précisé la porte-parole.

La crise, qui oppose le gouvernement soudanais au SPLM/A depuis bientôt 21 ans de guerre civile, s'est répercutée au Darfour, l'éruption du conflit actuel au Darfour n'étant qu'un avatar des attaques lancées par l'Armée de libération du Soudan et par le Mouvement pour la justice et l'égalité, au début de 2003, en réponse à la marginalisation politique et économique et au sous-développement de cette région ainsi qu'à la politique de longue date du gouvernement consistant à armer des milices recrutées dans les tribus nomades arabes du Darfour et à les lancer contre les communautés de cultivateurs africains de la région, eux aussi musulmans.

Ces milices djandjawids poursuivent à l'heure actuelle une politique de massacres et de terre brûlée, dénoncée d'abord par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Jan Egeland et confirmée ensuite par deux rapports, l'un rédigé par une mission humanitaire de l'ONU conduite par le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) et l'autre par le Haut Commissariat aux droits de l'homme.

Le bilan de ces attaques systématiques au Darfour a conduit au déplacement des populations de la région, estimé récemment à 2 millions de personnes par Jan Egeland, alors que 130 000 réfugiés en provenance du Darfour se trouvent actuellement au Tchad (carte), le pays voisin de l'Ouest.

Un cessez-le-feu signé à N'Djamena le 8 avril dernier, par le Gouvernement du Soudan et les deux groupes insurgés, grâce à la médiation du Tchad, de l'Union africaine et de plusieurs pays occidentaux, n'a toujours pas pris effet sur le terrain, notamment parce que le Gouvernement n'a toujours pas désarmé les milices djandjawids, comme le faisait remarquer récemment Jan Egeland.

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