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Lakdhar Brahimi : le nouveau gouvernement iraquien pourrait être présenté à terme au Conseil de sécurité

Lakdhar Brahimi : le nouveau gouvernement iraquien pourrait être présenté à terme au Conseil de sécurité

Lakhdar Brahimi
Dans une interview télévisée diffusée aujourd'hui, Lakhdar Brahimi a indiqué que ses consultations en Iraq allaient entrer dans la phase de désignation des membres du futur gouvernement iraquien qui pourrait être soumis, en dernier lieu, au Conseil de sécurité ce qui lui confèrerait une légitimité internationale.

« Nous sommes sur le point d'entrer dans la phase où l'on va sérieusement parler de noms », a déclaré Lakhdar Brahimi, lors d'une interview enregistrée à Bagdad et retransmise à Dubaï au Qatar par la chaîne Al-Arabiya. « Les Iraquiens ont dit qu'ils ne voulaient pas d'un système de quotas mais qu'ils devaient être traitées de façon équitable, qu'ils soient Kurdes, Turcomans, Chrétiens, Chiites ou Arabes sunnites. »

Rappelant qu'il était à Bagdad sur la demande effectuée auprès du Secrétaire général de l'ONU par le Conseil de gouvernement et par Paul Bremer, le chef de l'administration provisoire de la coalition en Iraq, le Conseiller du Secrétaire général a indiqué qu'il était à la recherche « du commun dénominateur non seulement entre les membres du Conseil de gouvernement » mais entre ceux-ci et la population.

Or, a-t-il ajouté, « une autre requête, formulée par la population elle-même et qui est partagée par des personnalités du gouvernement et par des membres du Conseil de gouvernement, est que le rôle de l'ONU devienne plus important, et non moins important » et que « la formule consensuelle », mentionnée par Adnan Pachachi [membre du Conseil de gouvernement ] soit soumise au Secrétaire général puis au Conseil de sécurité, de telle sorte qu'il y ait une reconnaissance internationale de ce processus et du nouvel Iraq. »

Interrogé sur l'autorité qui sera habilitée à accepter ce gouvernement, M. Brahimi a indiqué qu'il devait y avoir « un consensus entre le Conseil de gouvernement et l'administration de M. Bremer » car, a-t-il ajouté, « il ne nous faut pas oublier, cher monsieur, que l'Iraq est un pays occupé, que le dirigeant de l'Iraq pour le moment est M. Bremer et que leur opinion est essentielle à cet égard. »

Toutefois, « comme ceux-ci l'ont souvent répété, ils ont confiance en l'ONU, ils savent qu'il s'agit d'une instance impartiale qui n'a d'autre intérêt que la population iraquienne et l'aider à mettre fin à cette occupation, dans ces aspects juridiques et, en dernier lieu, à l'autre niveau ».

Réagissant vivement à la suggestion réitérée à deux reprises que le gouvernement intérimaire serait composé de technocrates, Lakhar Brahimi a répondu par deux fois que « personne n'avait jamais dit ça » et que c'était le Conseil de gouvernement qui avait indiqué « à deux occasions, lors de l'accord du 15 novembre et à nouveau dans la loi administrative provisoire, qu'il serait dissous le 30 juin. »

« Je n'ai jamais utilisé le terme 'technocrates', d'autres l'ont utilisé. Ce que j'ai dit, c'est que ce gouvernement devait être composé de gens d'expérience et de gens intègres. Si quiconque pense que les ministres n'ont pas d'expérience et d'intégrité, je suis prêt à les écouter. Ce qui ne veut pas dire qu'une personne ne puisse à la fois être politique, expérimentée et honnête. Qu'en pensez-vous ? »

De même lorsqu'il lui a été suggéré que la mise en place du nouveau gouvernement signifierait la fin du rôle joué par « de prééminents politiciens tels que M. Jaafari ou M. Talabani », il a riposté : « vous mélangez plusieurs choses et n'aidez pas les téléspectateurs à comprendre à ce qui se passe. »

« Aucun des noms que vous avez mentionnés ne fera partie du gouvernement mais si vous lisez le rapport que j'ai présenté (au Conseil de sécurité), il y est dit qu'il y un gouvernement, un Président, deux adjoints et un Premier ministre ainsi qu'un cabinet de ministres semblable à celui qui existe actuellement. », a-t-il poursuivi.

M. Brahimi a également rappelé qu'il avait « proposé qu'une conférence largement représentative, qui aurait lieu après le rétablissement de la souveraineté en Iraq, élirait un Conseil consultatif.

« Personne n'est exclu. Et de quel droit exclurions-nous quelqu'un qui voudrait participer à cette conférence et devenir membre du Conseil consultatif », a-t-il interrogé, ajoutant que, dans le cadre de la préparation des élections, allait être établie une Commission électorale indépendante qui gèrera le processus électoral.

Ainsi, a-t-il poursuivi, « vous avez trois institutions qui vont voir le jour pendant la phase de transition : le Gouvernement et un Premier ministre, en deuxième lieu la Commission consultative et enfin la Commission électorale. »

Répondant à une question affirmant qu'Ahmad Chalabi l'avait accusé d'être injuste à l'égard des Chiites et d'être plus qu'un conseiller, Lakhdar Brahimi a affirmé « n'avoir jamais entendu dire cela de quiconque » et qu'il ne répondait pas à des « commentaires personnels. »

« Le peuple d'Iraq est mon peuple », a-t-il ajouté. « Je viens de l'ONU qui est une instance totalement impartiale. J'ai en outre une longue histoire dans cette région, je suis un de ses fils et je n'ai de ranc?ur vis-à-vis de quiconque. »

Interrogé sur la perspective que se produise bel et bien une transition pacifique le 30 juin, M. Brahimi a indiqué qu'il « avait le grand espoir que nos frères et nos s?urs d'Iraq surmontent cette période qui constitue un tournant important. »

« Le pays a beaucoup souffert », a-t-il ajouté. « Tous les Iraquiens veulent voir la fin de l'occupation. Le 30 juin, cette occupation prendra fin légalement mais il est certain que les troupes occupantes ne vont pas s'évaporer à minuit. Elles vont rester ici. Et le prochain gouvernement iraquien, les Etats-Unis et ses alliés devront s'asseoir ensemble et parler de ce que sera leur relation et de la gestion de la phase à venir qui va être remise en les mains du peuple souverain d'Iraq. »

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