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Une Autorité palestinienne renforcée indispensable après le retrait d'Israël, affirme un responsable de l'ONU

Une Autorité palestinienne renforcée indispensable après le retrait d'Israël, affirme un responsable de l'ONU

Kieran Prendergast
Le projet israélien de retrait unilatéral de Gaza, qui bénéficie d'un soutien assez large de la population israélienne, doit être intégral et doit donner lieu à un renforcement parallèle de l'Autorité palestinienne. Si cette dernière n'était pas en mesure d'assurer le maintien de l'ordre public, Gaza pourrait sombrer dans le chaos et connaître une crise humanitaire catastrophique, a prévenu le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques devant le Conseil de sécurité.

« Le mois dernier, 128 Palestiniens et 19 Israéliens ont été tués, et des centaines d'autres blessés. L'armée israélienne a démoli des centaines de maisons palestiniennes, en violation de leurs obligations au terme du droit international. La situation économique continue encore de s'aggraver, causant encore plus de souffrances et de renforçant le désespoir. La situation humanitaire dans le territoire palestinien occupé, bien que stable, est à un niveau très bas, avec des signes visibles de fatigue des donateurs et une grave réduction des finances en faveur des efforts humanitaires », tel est le tableau dépeint ce matin par Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, dans un exposé devant le Conseil de sécurité.

Abordant le retrait d'Israël de Gaza, le Secrétaire général adjoint a rappelé qu'en dépit d'un vote négatif au sein du Likud, le parti d'Ariel Sharon, un vif soutien avait été démontré par « les dizaines de milliers d'Israéliens qui sont descendus dans les rues de Tel Aviv […] appuyés par les sondages qui montrent un fort soutien populaire à cette mesure ».

Malheureusement, a-t-il précisé, ce débat a écarté les questions plus fondamentales, à savoir la nature, l'étendue et les termes du retrait de Gaza.

A cet égard, il a souligné le blocage politique dans lequel se trouve l'Autorité palestinienne et la situation économique très difficile dans laquelle elle se trouve.

Sur le plan financier, la situation de l'Autorité palestinienne demeure critique, a précisé Kieran Prendergast. Le déficit mensuel du budget se trouve à présent à 35 millions de dollars, soit 50% de plus qu'avant la crise. La seule nouvelle positive est l'annonce par la Banque mondiale, en avril dernier, qu'elle lançait un nouveau fond d'affectation spéciale pour soutenir le budget et la réforme de l'Autorité palestinienne, précisant que la Norvège avait versé 12 millions de dollars au nouveau fonds. Le chômage a augmenté pour atteindre les 26,3%.

Sur le plan politique, rappelant les nombreuses condamnations à l'égard des démolitions de maisons à Rafah, et notamment la récente résolution du Conseil de sécurité, Kieran Prendergast a toutefois précisé que rien ne changerait sur le terrain sans une volonté des deux parties.

A cet égard, il a rappelé que le Quartet avait exhorté "le Président Arafat à prendre une décision historique en renforçant et en recentrant l'Autorité palestinienne, en mettant fin au vide et à la paralysie actuelle, et en revitalisant la direction palestinienne".

« Ces mesures sont nécessaires pour remédier au déficit de crédibilité grandissant et de plus en plus frustrant de l'Autorité palestinienne, dans les domaines des réformes en matière de sécurité et de pouvoir ainsi engager Israël à reprendre la voie de la paix » a précisé le Secrétaire général adjoint.

« La Communauté internationale est autorisée à juger l'Autorité palestinienne à cet égard », a-t-il indiqué, ajoutant que « l'Autorité palestinienne devra pouvoir mettre en œuvre des services efficaces de maintien de l'ordre et d'administration dans l'éventualité d'un retrait unilatéral israélien de Gaza ».

Dans ce contexte, a ajouté le Secrétaire général adjoint, il faut exhorter les parties à éviter un scénario catastrophe, « si Israël se retirait de la Bande de Gaza tout en gardant le contrôle des passages frontaliers et en bouclant le territoire tandis que parallèlement une Autorité palestinienne affaiblie n'était pas en mesure de maintenir l'ordre public. »

Dans cette hypothèse, et « si la communauté internationale refusait d'assumer les conséquences d'un tel scénario, Gaza serait frappé par rien moins qu'une catastrophe humanitaire, et pourrait devenir une plaque tournante du terrorisme et du chaos. »