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Une présence internationale nécessaire au Darfour, selon le chef du PAM

Une présence internationale nécessaire au Darfour, selon le chef du PAM

« Il est difficile d'exprimer en termes trop forts le niveau de peur que nous avons constaté au Darfour », a déclaré aujourd'hui au Conseil de sécurité le chef du Programme alimentaire mondial (PAM) qui revenait de cette région située à l'Ouest du Soudan, dans laquelle il s'est rendu à la tête d'une mission humanitaire de l'ONU.

« Il est difficile d'exprimer en termes trop forts le niveau de peur que nous avons constaté au Darfour », a déclaré aujourd'hui au Conseil de sécurité le chef du Programme alimentaire mondial (PAM) qui revenait de cette région située à l'Ouest du Soudan, dans laquelle il s'est rendu à la tête d'une mission humanitaire de l'ONU.

« En fait, au cours de tous mes voyages à la tête du Programme alimentaire mondial, je n'ai jamais vu des gens aussi effrayés que les personnes déplacées du Darfour », a poursuivi James Morris, précisant que celles-ci étaient estimé à au moins un million.

Il s'agit d'une partie de la population qui a été forcée à quitter ses foyers et ses villages et dont seulement la moitié, selon les estimations de la mission, se trouve dans des camps. « Les autres, a expliqué M. Morris, sont dispersés dans les villes et les zones rurales, nombre d'entre eux se cachant des milices et n'ayant donc pas accès à l'aide humanitaire. D'importantes concentrations de personnes déplacées existent dans chacune des trois régions du Darfour, certaines rassemblant des dizaines de milliers de personnes vivant dans des abris de fortune.»

« Dans les camps que nous avons visités, nous avons été frappés par les conditions de vie réellement épouvantables et le pourcentage élevé d'enfants », a ajouté M. Morris qui a cité en exemple le cas de Mornei, une localité du Darfour Ouest qui comptait autrefois 3 000 habitants auxquels sont venus s'ajouter 60 000 personnes déplacées.

« Une seule ONG (Organisation non gouvernementale), Médecins sans frontières, s'efforce d'apporter des soins de santé et une aide nutritionnelle à plus de ces 60 000 personnes », a expliqué le directeur du PAM. « L'approvisionnement en eau est très insuffisant, avec une ration par personne et par jour de 6 à 8 litres soit moins du minimum requis qui se situe à 20 litres. Dans ce seul camp, MSF traite 2 000 enfants pour malnutrition et ce nombre s'est multiplié au cours des dernières semaines.»

James Morris a précisé qu'il ne s'agissait que d'un exemple pris parmi plus d'une douzaine de sites où se concentrent les personnes déplacées du Darfour. Il a décrit une situation de dénuement absolu où tout fait défaut : l'eau, la nourriture, l'hygiène, les soins médicaux et même les vêtements.

« Il n'est pas rare, comme cela a été le cas pendant notre mission, de rencontrer une femme qui nous a dit partager la robe qu'elle portait avec deux autres femmes, a-t-il indiqué. »

« Les conditions n'étant pas réunies pour que ces personnes rentrent chez elles volontairement et en toute sécurité, cela veut dire que des centaines de milliers de fermiers ne vont pas ensemencer leurs champs, la saison venue », a ajouté M. Morris.

Il a annoncé une crise humanitaire, comprenant des déplacements à grande échelle, qui durera au moins jusqu'en novembre 2005, soit pendant 18 mois supplémentaires à partir d'aujourd'hui, et a appelé à s'y préparer.

« La responsabilité première de la réponse à apporter incombe bien sûr au gouvernement ainsi qu'aux autorités locales », indique-t-il. Bien qu'il note que certaines de ces dernières ne semblent pas conscientes du sérieux et de l'urgence de la situation, il souligne « avoir plaisir à dire qu'au cours de mes conversations avec des responsables gouvernementaux, y compris le Président al Bashir, j'ai perçu la volonté d'apporter une aide accrue. D'où une récente attribution de 20 000 tonnes de nourriture aux Darfour.

C'est aux yeux de M. Morris important non seulement en soi mais en raison du message qui est ainsi envoyé aux populations affectées dont « la confiance dans le gouvernement est très faible sinon inexistante. »

« Notre mission a conclu qu'il était possible et indispensable de faire plus, même en tenant compte de la capacité limitée des agences de l'ONU sur le terrain, a-t-il indiqué. Il est également clair que toutes les agences de l'ONU comme les ONG doivent renforcer ces capacités au plus vite. Et toutes les principales agences qui ont participé à la mission ont prévu de renforcer leur présence dans les jours et les semaines qui viennent. De nombreuses grandes ONG vont faire de même, comme c'est le cas pour le Comité international de la Croix-Rouge qui l'effectif de son personnel international à 50 ce qui en fait l'une de ses plus importantes opérations dans le monde »

M. Morris a ajouté que tout cela rendait indispensable le soutien urgent et généreux des donateurs. Les besoins financiers pour le reste de l'année sont déterminés dans deux appels spéciaux, l'un de 141 millions de dollars pour l'aide au Darfour et l'autre de 30 millions de dollars pour l'aide aux réfugiés soudanais du Tchad. Jusqu'à présent, seulement 30% de l'appel en faveur du Darfour a été financé et 5% de l'appel en faveur du Tchad.

Note positive dans son exposé, le cessez-le-feu qui a été conclu le 8 avril est dans une large mesure respecté au moins par le Gouvernement et les forces rebelles concernées, a-t-indiqué, ajoutant toutefois qu'il n'en allait pas de même pour les milices Djandjawids qui continuent à attaquer les civils.

« Le Gouvernement doit agir immédiatement pour contrôler et désarmer les milices et pour apporter protection et sécurité à l'ensemble de la population du Darfour. Il ne peut laisser se perpétuer les meurtres, les viols et les déplacements forcés de son propre peuple », a déclaré le directeur du PAM qui a également insisté pour que tous les membres des milices soient exclus des tâches ayant trait à la sécurité.

Enfin, il faut que la Commission de vérification du cessez-le-feu soit rapidement déployée, a estimé M. Morris qui s'est également prononcé en faveur d'une présence internationale au Darfour « qui soit la plus visible et la plus nombreuse possible, au moins à court et moyen terme. »