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Une déclaration qui, de l'avis de ses membres, remet le Quatuor au centre du processus de paix

Une déclaration qui, de l'avis de ses membres, remet le Quatuor au centre du processus de paix

De l'avis unanime des membres du Quatuor qui ont répondu aux questions de la presse après que le Secrétaire général de l'ONU ait donné lecture de la déclaration commune, ce texte remet le Quatuor en selle ou comme cela a été dit « au centre du processus de paix » et redonne du tonus à la Feuille de route tout en la complétant de dispositions nouvelles : apport de moyens à une Autorité palestinienne réformée et création d'un mécanisme de contrôle permettant de s'adapter à la situation.

Lors de l'échange avec les journalistes qui a suivi la déclaration effectuée au nom du Quatuor par le Secrétaire général de l'ONU, le Secrétaire d'Etat américain comme le représentant de l'Union européenne, les Commissaires européens et le Ministre russe des affaires étrangères, ont apporté des précisions sur la position qu'ils venaient d’adopter conjointement.

Pour Colin Powell, la déclaration faite par le Quatuor est une façon de prendre note que « pour la première fois, le Premier Ministre israélien a dit qu'il voulait évacuer les colonies de peuplement : 21 à Gaza et quatre en Cisjordanie » et donc une façon de progresser.

Le Secrétaire général de l'ONU a associé, quant à lui, la réforme demandée à l'Autorité palestinienne à la mise à disposition des moyens voulus. « Lorsque l'on parle des obligations des Palestiniens et des mesures à prendre, il faut que ces derniers aient les moyens de le faire, qu'ils puissent organiser leur société et aller de l'avant », a-t-il ajouté avant de souligner que, par ailleurs, il n'était pas possible de laisser perdurer la situation humanitaire et économique actuelle.

Aux questions posées sur ce que signifiait exactement la référence à un mécanisme approprié qui déterminera l'attribution définitive des territoires évacués, le Secrétaire d'Etat Powell a répondu qu'il s'agissait d'une « situation évolutive », donnant en exemple le fait que des responsables jordaniens sont actuellement à Washington « pour parler de la situation avec nous. »

Quant à Sergey Lavrov, ancien ambassadeur auprès de l'ONU devenu ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, instigatrice de la réunion, même si, comme l'a précisé le ministre, il s'agit en fait d'une initiative collective, il a affirmé que « la Feuille de route n'avait jamais disparu en tant qu'élément de progrès » et que la déclaration d'aujourd'hui reflétait la position unie du Quatuor sur la question.

« Le Quatuor maintient et renforce sa position dans la mesure où, comme cela a déjà été dit, nous avons décidé de créer un mécanisme de suivi de la situation, dès que les deux parties auront rempli leurs obligations en vertu de la Feuille de route, en particulier dès qu'elles auront pris les mesures qu'elles ont promises d'adopter et auxquelles elles ont souscrit », a souligné M. Lavrov.

Un des journalistes présents à alors demandé à Colin Powell si les Palestiniens pouvaient espérer obtenir des concessions équivalentes à celles obtenues par le Premier Ministre Sharon de la part du Président des Etats-Unis. A cela, le Secrétaire d'Etat américain a répondu que « nous sommes actuellement en discussion avec des dirigeants arabes, avec le Roi Abdullah et ses collaborateurs, ainsi qu'avec le Président Moubarak. Nous sommes aussi en contact avec le Premier Ministre Abou Ala ». Il a ajouté que la déclaration du Quatuor rendue publique aujourd'hui était une forme « d'assurance donnée au monde arabe, et au reste du monde, quant au fait que nous sommes attachés aux fondements de ce processus et aux résolutions pertinentes de l'ONU. »

« Nous sommes en discussion avec d'autres amis du monde arabe pour voir quelles assurances, quels commentaires ils souhaiteraient que nous fassions, afin que chacun sache que le Président Bush ne les abandonne pas, qu'il ne renonce pas à la création d'un Etat palestinien », a ajouté Colin Powell.

« Les colonies de peuplement seront évacuées, a-t-il poursuivi. Il n'y aura plus d'occupation israélienne et les biens deviendront des avoirs qui feront partie du territoire où les Palestiniens pourront aller créer leur propre société, refaire leur vie à partir de là, tout en évitant que les terroristes ne profitent de cette liberté des Palestiniens. Donc pour nous, c'est une occasion à saisir. C'est ce qu'a dit le Quatuor aujourd'hui. La déclaration publiée aujourd'hui doit être interprétée de cette manière par nos amis et collègues du monde arabe », a déclaré le Secrétaire d'Etat américain.

Le Haut représentant européen pour la politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana est allé dans le sens général en indiquant qu'il s'agissait d'un « document très important. Il énonce clairement que l'objectif du Quatuor et celui de la Feuille de route est de mettre fin à l'occupation, qui a commencé en 1967, en établissant deux Etats, un Etat israélien et un Etat palestinien. »

« Voilà l'essence du document, mais en plus de cela, des mécanismes sont proposés pour parvenir à ce but. (...) Nous parlons donc d'un retrait total et de la fin de l'occupation dans ce territoire. Nous pensons que c'est un document très important et nous pensons que cette déclaration replace le Quatuor au coeur du processus de paix », a-t-il ajouté.

Interrogé par ailleurs sur les traitements dégradants auxquels ont été soumis les prisonniers iraquiens par les forces américaines, Colin Powell s'est dit « profondément préoccupé par la terrible image que cela a projeté dans le monde entier » mais a ajouté que « ces actes ne sont pas tolérés et ces personnes seront traduites devant des tribunaux militaires et seront sanctionnées au vu et au su du monde entier » et « qu'aucun effort ne sera épargné pour veiller à ce que justice soit faite et pour que cela ne se reproduise jamais plus. »